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et d’une politique de l’offre mettant l’accent sur le regain de   est la bonne, et compte tenu de l’inertie incontournable de
        compétitivité des entreprises.                        l’endettement, il faudra ici laisser du temps au temps.
        Ainsi, la part des exportations est passée de 26% du PIB en   Deuxième défi, la fragilité de certaines banques portugaises.
        2009 à 44% en 2018. L’exemple portugais confirme ce que je   Même si la proportion des crédits non performants (13%) est
        ressens depuis longtemps : il n’y a pas à choisir entre poli-  nettement inférieure au chiffre italien, elle demeure encore
        tique de l’offre et politique de la demande. En pratique, il faut   excessive. La consolidation du système bancaire portugais
        les combiner, autrement dit marcher sur les deux jambes.  n’est vraisemblablement pas achevée.
        Par ailleurs, le déficit public, de 11% du PIB en 2011 au pic de la   Enfin, la question des inégalités concerne le Portugal comme
        crise portugaise, est revenu presque à 0% en 2018, et ce pour   tous les pays. L’augmentation du SMIC après la phase de « dé-
        une grande part grâce à la réduction des « spreads », donc   valuation interne » était nécessaire. Elle ne suffit pas à dessi-
        des taux d’intérêt payés par le Portugal sur sa dette.  ner une politique de réduction de ces inégalités qui ont aussi,
        Sans oublier le rebond impressionnant des recettes touris-  au Portugal comme ailleurs, une dimension territoriale.
        tiques et l’attractivité accrue du Portugal pour les personnes   Le regain de compétitivité, de croissance et d’emploi au Por-
        et pour les capitaux.                                 tugal s’accompagne déjà d’un rôle accru de ce pays dans la
        Tout ceci ne tombe pas du ciel, mais est le résultat d’une stra-  gouvernance économique et politique de la zone euro. Le
        tégie de long terme menée par les Gouvernements succes-  choix de Mário Centeno comme Président de l’Eurogroupe
        sifs sous le contrôle étroit de la « Troïka » (Commission euro-  (réunion des Ministres des finances de la zone euro) en est
        péenne, BCE, FMI).                                    une illustration forte, la reconnaissance d’une réussite à la fois
        Je salue et je respecte profondément les sacrifices et l’ab-  individuelle et collective.
        négation du peuple portugais. Le concept de « dévaluation   Il faut aller plus loin. Par ces temps de Brexit à rebondisse-
        interne » me semble trop « techno » pour traduire une réali-  ments et d’élections européennes incertaines, la relance po-
        té économique et sociale compliquée et douloureuse : recul   litique et économique de l’Europe passe par la mise en va-
        des salaires et des pensions dans le secteur public de près de   leur de tous les pays de la zone euro, tout spécialement ceux
        25% entre 2011 et 2014, politique budgétaire et fiscale d’austé-  qui, ayant surmonté leurs difficultés, reviennent en force. Le
        rité,… Le coût social de l’ajustement a été élevé. Mais, heureu-  Portugal fait certainement partie de ceux-là. Le couple fran-
        sement, et plus nettement qu’en Grèce, les bénéfices de cet   co-allemand est nécessaire pour des avancées européennes.
        ajustement se sont concrétisés depuis la fin de 2016.  Il n’est pas suffisant. Je souhaite que l’on fasse à des pays
        Il est trop tôt pour prétendre que la configuration du Portu-  comme le Portugal ou l’Espagne plus de place dans la gou-
        gal est aujourd’hui stabilisée. Plusieurs défis demeurent.  vernance de l’Europe et dans la mise en œuvre de son ambi-
        Il faut continuer à réduire la dette publique, déjà passée de   tion politique.
        130% du PIB en 2014 à 118% en 2019 (prévision). La direction






















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