Cadre Noir IFCE / Alain Laurioux

Le Cadre Noir de Saumur présent pour les 40 ans de l’École Portugaise d’Art Équestre

Ce dimanche 17 novembre aura lieu à Lisboa, au Campo Pequeno, à partir de 18h00, le Gala Commémoratif des 40 ans de l’École Portugaise d’Art Équestre.

L’École Portugaise d’Art Équestre a succédé à la Picaria Real, l’ancienne académie équestre de la Cour royale du Portugal, éteinte au 19ème siècle. Nonobstant, la tradition de la tauromachie équestre, avec le même type de monture depuis le 18ème siècle, les mêmes selleries et les mêmes costumes, ont perduré par-delà les siècles et constituent aujourd’hui un patrimoine équestre unique au monde. Les chevaux sont des purs-sangs lusitaniens qui ont été élevés au Haras d’Alter do Chão, fondé en 1748 par le roi Dom João V.

Deux écoles étrangères ont été invitées pour ce Gala, la Real Escuela Andaluza Del Arte Equestre, de Jerez, en Espagne, et le Cadre Noir de Saumur, en France.

LusoJornal a pu s’entretenir avec le Colonel Patrick Teisserenc, écuyer en chef du Cadre Noir, qui nous a expliqué en quoi consiste ce Gala et les liens qu’il y a entre les écoles portugaise et française.

 

Que peut-on dire sur l’évènement à Lisboa?

On va fêter les 40 ans de l’Escola Portuguesa de Arte Equestre. Il faut savoir qu’il y a quatre écoles équestres comparables en Europe: Saumur, Jerez, Lisboa et l’École d’équitation espagnole de Vienne, en Autriche, cette dernière n’étant pas présente au Gala. On ne sera que trois écoles à Lisboa et on fera une présentation en commun.

 

Que va présenter l’école de Saumur?

Chaque école va présenter des tableaux séparés et des tableaux communs. Il y aura donc l’ouverture avec les trois écoles. En commun il y aura les sauts d’écoles, les sauts d’écoles montés et un ‘Pas de 3’. Nous, nous présenterons un tableau avec des obstacles, nous sommes les seuls à le faire. Nous présenterons également un tableau intitulé ‘La Belle Époque’, c’est un numéro d’obstacles qui est monté, c’est traditionnel chez nous. Et nous montrerons également un ‘Pas de 2, longues rênes’ à pied. Avant le grand final.

 

Quelles sont les différences entre Saumur et Lisboa?

On ne travaille pas avec les mêmes chevaux. Lisboa travaille essentiellement avec le Haras d’Alter qui dépend de l’école. Alors que nous, nous travaillons surtout avec des chevaux français et germaniques. A Lisboa, c’est plus un Conservatoire d’art équestre, tandis que nous, nous avons continué à évoluer et nous présentons également des numéros d’obstacles, qui sont représentatifs d’une équitation sportive et moderne.

 

Les chevaux ne sont pas du tout les mêmes?

Lisboa ne travaille qu’avec des chevaux lusitaniens. Les chevaux de notre école viennent de plusieurs élevages, nous avons plusieurs races, mais on va dire que ce sont essentiellement des chevaux de race ‘Selle français’.

 

Peut-on comparer les deux races?

Il n’y en a pas un qui est meilleur que l’autre. En tout cas, je trouve que l’avantage du cheval lusitanien, c’est qu’il est élevé depuis environ 400 ans dans une optique de rassembler, dans les canons traditionnels de l’équitation. Tandis que nos chevaux viennent plus d’un modèle de course. Le cheval lusitanien est plus adapté naturellement aux mouvements qu’on lui impose en reprise.

 

Ce type d’évènements, qu’est ce que cela apporte aux écoles?

Pour nous, pratiquants d’équitation, cela nous apporte une rencontre avec d’autres passionnés d’équitation. Ce sont des rencontres entre différentes cultures équestres, un brassage culturel, et c’est toujours enrichissant. Au niveau du public, je dirais que c’est intéressant de voir les écoles équestres, car elles sont un peu menacées. En s’unissant, c’est un symbole important. Les écoles représentent un Patrimoine. Au Portugal, par exemple, ils ont été en difficultés, mais là ça va un peu mieux grâce à un montage financier avec ‘Parques de Sintra – Monte da Lua’.

 

Vous avez également invité l’école portugaise en mai dernier…

Tout à fait. En ce moment on essaye de renouer des liens et d’améliorer les liens avec ces écoles d’art équestre. Nous avons donc pu inviter les Portugais en 2019, nous aurons les Espagnols en 2020, et nous espérons recevoir l’école de Vienne en 2021.

 

Si on devait définir le Cadre Noir de Saumur, que pourrait-on dire?

C’est toujours compliqué d’être court. Le Cadre Noir en tant que tel, ce sont les instructeurs d’équitation de l’ancienne École nationale d’équitation, qu’on appelle aujourd’hui Institut Français du Cheval et de l’Équitation. En somme, le plus court pour être complet, vous visualisez un temple grec avec un toit, un socle avec des marches et quatre piliers. Le toit, c’est l’équitation de tradition française, elle est inscrite au Patrimoine Immatériel de l’Unesco depuis 2011, et le Cadre Noir en est le représentant le plus connu. Le Patrimoine, c’est quelque chose que nous devons léguer aux générations futures. Les quatre piliers, ce sont des illustrations de l’équitation de tradition française et qui sont les missions du Cadre Noir: la Formation, car nous formons des professionnels de l’équitation; le Sport, car nous sommes en appui du sport de haut niveau; les Présentations publiques, où on présente l’équitation de tradition française sous forme de spectacle; et la Recherche et Développement pour le dernier pilier. Quant au socle, c’est le travail des chevaux, c’est l’ADN du Cadre Noir, nous achetons des jeunes chevaux que nous formons, ainsi nous pouvons fournir à tous nos élèves, jusqu’à trois chevaux déjà dressés par les instructeurs du Cadre Noir.

 

L’équitation a la réputation d’être une discipline coûteuse, c’est toujours le cas?

Il y a cette image, mais je vous dirais qu’en France, je pense que nous sommes les meilleurs, dans le sens où nous sommes les moins coûteux. C’est d’ailleurs une politique de plus de 20 ans de la Fédération Française d’Équitation, de promouvoir une équitation populaire et de masse. Il y a donc près de 700.000 licenciés en équitation, ce qui fait que la discipline est le troisième sport avec le plus de licenciés. Le football étant le sport n°1. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c’est que si c’était un sport très coûteux, nous n’aurions jamais ce chiffre là côté licenciés, car je ne vous parle pas de ceux qui le pratiquent en loisir, hors du cadre fédéral. Mais c’est sûr qu’il y a des branches dans l’équitation qui sont coûteuses.

 

Que peut-on dire sur la carrière de Patrick Teisserenc? L’équitation était déjà une passion…

L’équitation est venu très tôt. De 1988 à 1992, j’étais à Saumur, ensuite j’ai fait une carrière normale, avant de revenir ici comme Écuyer en chef depuis 2014. Mais par exemple, de 2011 à 2014, j’étais affecté aux États Unis comme Chef des officiers de liaison des Forces terrestres françaises. En somme, une dizaine d’hommes dont le boulot était d’observer l’Armée de terre américaine et de partager des points techniques avec eux. Mais je suis finalement revenu à mes premiers amours. Les chevaux sont une vraie passion.

 

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LusoJornal