Décès du cinéaste Raymond Arnaud qui a beaucoup travaillé sur le Portugal

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Raymond Arnaud adhérent de l’association O Sol de Portugal depuis plus de 30 ans et dont l’épouse Maria Luiza Arnaud, d’origine portugaise, est toujours administratrice de l’association, vient de nous quitter.

Ses obsèques auront lieu le mardi 5 janvier à 14h30 à l’église de Talence

 

Une carrière dans l’Éducation Nationale tournée vers le cinéma

Raymond Arnaud était réalisateur et scénariste de films documentaires. Docteur en géographie et en sciences de l’art (cinéma), chercheur associé à l’Université de Bordeaux Montaigne, il débuta sa carrière de cinéaste en 1972 avec son premier film en 16mm. Puis suivront plusieurs dizaines de films en Super 8, 16 mm, Umatic, Betacam SP, DV et DVCAM.

Effectuant toute sa carrière professionnelle dans l’Éducation Nationale, certains de ses films ont été produits et diffusés dans le cadre du réseau CNDP (Centre National de Documentation Pédagogique), tandis que d’autres s’inscrivaient dans un travail de recherche cinématographique au sein du Pôle Réalisation: cinématographie des rites et apprentissages de l’EPHE (Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris).

Une thèse de doctorat de Cinéma, soutenue à l’Université de Paris X Nanterre le 29 mars 1997 et dont le titre était «Essais filmiques sur deux villages de Trás-os-Montes», est l’aboutissement de ses recherches. Il était également chercheur associé à l’Université de Bordeaux Montaigne.

Après avoir réalisé un film retenu par le GREC (CNC) en 1983, Raymond Arnaud fut sélectionné pour un stage européen Archidoc à la FEMIS en 2005 et pour Eurodoc Aquitaine en 2006 et en 2007. Après avoir créé MARASSA, association de production, il créa en décembre 2005, la SARL de production ANTSA.

Bon nombre de ses films ont été projetés en public, que ce soit dans des festivals, colloques ou rencontres: Festival d’automne de la création audiovisuelle à Sarlat, Image/Imatge – Rencontres audiovisuelles d’expression régionale et occitane à Orthez, Festival audiovisuel des cultures minorisées d’Europe à Aix-sur-Vienne, Festival du Film du Patrimoine, Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette à Paris, Bilan du Film Ethnographique et Regards Comparés au Musée de l’Homme à Paris, Festival International du Film d’Histoire à Pessac, Collège de France, Université de Bordeaux II et III, CEGET-CNRS à Talence, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine (MSHA), Université de Minho à Braga, Portugal, Musée d’Aquitaine et Musée d’Ethnographie à Bordeaux, Musée d’Allauch, Université du Burundi, Université d’ Antananarivo, Centre National de l’Histoire de l’Immigration (CNHI) à Paris.

 

Une longue filmographie tournée vers le Portugal mais aussi vers d’autres pays comme Madagascar son pays d’adoption où il vécut de 1964 à 1969 au titre de la Coopération puis comme professeur à l’Université d’Antananarivo, il y fit depuis sa retraite de nombreux allers et retours. Devenu un vrai spécialiste de cette culture, il y réalisa de nombreux documentaires.

Haïti devint aussi l’une de ses passions, il y séjourna à 13 reprises et réalisa dans ce pays une vingtaine de films. Il collectionna de nombreux tableaux haïtiens dont une exposition de 90 de ces œuvres, intitulée «Peintures Haïtiennes d’inspiration vaudou» fut exposée plus de 6 mois au Musée d’Aquitaine et au Musée d’Allauch, près de Marseille.

Il a tourné également dans de nombreux autres pays du monde, Burundi, Iran, Brésil, Sri-lanka…

 

L’association O Sol de Portugal gardera en mémoire nombre de ses films, surtout autour du Portugal.

 

«Immigrants portugais, entre allers et retours»

Ce long métrage donnait à voir l’un des plus beaux villages du nord Portugal, Pitões das Junias, situé dans le parc national du Gerês, près de Montalegre, au Nord du Portugal, qui est depuis longtemps, un village d’émigration, surtout vers la France et en particulier dans les régions de Bordeaux et de Brest, et donnait la parole à des immigrants qui s’exprimaient très sincèrement sur leur vie en France, les vacances au Portugal et sur l’histoire de leur processus d’immigration. Raymond Arnaud a suivi des années durant plusieurs familles d’immigrants portugais qui revenaient chaque année au mois d’août, pour les vacances. La caméra les accompagnait pendant leur séjour, entre travaux et fêtes populaires, en particulier celle du 15 août.

Projeté dans une grande salle de projection du Cinéma d’art et essai, Utopia de Bordeaux et, à guichet fermé, ce film de Raymond Arnaud avait été présenté dans le cadre de la manifestation «Automne Portugais» de l’association «O Sol de Portugal». Cette séance de cinéma a été mémorable et atypique, la plupart des protagonistes, trois générations confondues, entouraient le réalisateur dans une salle comble, pour un débat animé à la fin de la projection, très applaudi à chaque prise de parole. Des très jeunes enfants s’enthousiasmaient à l’idée de voir sur grand écran et «en direct» «maman et mamie», comme disait la petite Eva, fille d’une des protagonistes, Angelina Rua, et, surtout, d’autres, plus âgés. Des rires ont fusé à la découverte de leurs parents encore enfants ou «si jeunes». Des larmes ont coulé à la vue d’êtres chers. Les images inédites de la fabrication du pain dans le four collectif de Pitões par une jeune boulangère attachante, revenue de Brest pour s’installer à nouveau dans le village ont marqué les esprits et suscité beaucoup de questions parmi le public. Les propos pertinents, profonds et sincères, apportés par des protagonistes du film – Maria Teresa et Manuel Rodrigues – ainsi que Glória Cunha, aux multiples questions sur l’immigration posées par des universitaires et d’autres français présents dans la salle, ont permis de mettre en lumière la parfaite intégration de la Communauté portugaise en France et néanmoins leur profond attachement à leur village d’origine, où ils retournent tous les ans. Un exemple et un espoir à retenir en ce moment où la question de l’accueil des immigrés est d’actualité.

C’était une première, de voir la Communauté portugaise en si grand nombre dans une salle d’art et essai d’un cinéma de Bordeaux. Le Cinéma Utopia était devenu pour un soir un peu le village de Pitões avec ses traditions de partage et de transmission entre les différentes générations.

 

Dans le cadre de la manifestation «Portugal d’Avril», O Sol de Portugal fête depuis de nombreuses années la Révolution des œillets en partenariat avec le cinéma d’art et essai Jean Eustache, de Pessac, ville jumelle de Viana do Castelo. A plusieurs reprises des films de Raymond Arnaud y ont été projetés.

 

«Les murs ont la parole»

Un court métrage mettant en valeur les fresques murales de la Révolution.

Le 25 avril 1974, la Révolution des œillets, révolution pacifique au Portugal, sonne le glas de 40 années de dictature et d’oppression populaire. Un élan de liberté et de création s’exprime, entre autres, par des fresques murales à la campagne comme en ville. Le film immortalise ces fresques disparues.

 

«Pessac fête les 40 ans de la Révolution portugaise»

Un film qui retrace les commémorations du quarantième anniversaire de la Révolution des œillets.

Profitant de l’anniversaire de la Révolution des Œillets qui marque la fin de la dictature en avril 1974 au Portugal, l’Association culturelle O Sol de Portugal et le Comité de Jumelage de la ville de Pessac se sont associés pour organiser en avril 2014 une série de manifestations, lors de la 21ème édition du Festival «Portugal d’Avril», 40 ans après cette révolution. Le film retrace les moments clés de ces festivités: un souvenir pour tous ceux qui y ont participé et une agréable découverte pour ceux qui s’intéressent au Portugal et à la vie culturelle pessacaise.

 

Plusieurs films sur les fêtes portugaises inédites en France nous ont également marqué comme le cycle des fêtes d’hiver à Trás-os-Montes: la Fête du Carocho ou des Garçons à Constantim et la Fête des Caretos à Ouzilhão et deux fêtes du cycle d’été: la Capeia raiana à Lageosa da Raia, Beira et le lancer de ballons de papier pendant la nuit de la St Jean à Porto.

 

Engagé dans la vie locale en Dordogne

En parallèle de ses nombreuses activités, Raymond Arnaud était engagé en politique: un mandat de Conseiller municipal à Villefranche-de-Lonchat, à la fin des années 90 et deux mandats de Conseiller municipal à Minzac, Dordogne, de 2009 à 2020.

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2021 Une année anniversaire qui lui rendra hommage

En 2021, l’association O Sol de Portugal fêtera son quarantième anniversaire et en profitera pour mettre Raymond Arnaud à l’honneur et lui rendre l’hommage qu’il mérite, elle projettera son dernier film: «Les Portugais pendant la grande guerre», film réalisé en partenariat avec le Comité Aristides Sousa Mendes de Bordeaux.

 

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LusoJornal