Opinion : Que les urnes ne mènent plus aux émeutes !

Dans l’édition de juillet du Monde diplomatique, le journaliste Cédric Gouverneur écrit un article dont le titre est «À Montargis, des émeutes aux urnes». Dans cette édition, celui-ci nous propose un point de vue local, du lien entre les émeutes de 2023 et les résultats électoraux récents. Mon opinion ne se porte pas sur ce lien de causalité, mais bien sur plusieurs de ses propos et de ceux qu’il a interrogé dans l’écriture de cet article.

L’auteur dans ses premiers paragraphes, cite une discussion qu’il a eu avec un jeune de cité : «Il s’exprime avec la diction saccadée des cités : […]». La problématique dans cette phrase, est qu’il associe les termes «diction saccadée des cités» comme s’il invitait implicitement le jeune à consulter un orthophoniste alors qu’il ne fait que le stigmatiser. Le stigmate, ici, est une constatation qui ne cherche pas à l’intégrer mais bien, à le laisser là où il est. De ce catalogage découle une passivité, face à des identités qui s’éloignent de la France. La culture est donc la clé d’une identité retrouvée et le cœur du problème est justement dans la séparation de ceux, qui sont «de bonne et de mauvaise diction». C’est ainsi que le journaliste dépeint la parole de ce jeune homme.

La preuve en est que, quelques lignes plus bas, le journaliste nous décrit une scène lors des émeutes de 2023, dans laquelle «la police interpelle des enfants, aux poches pleines de jeux vidéo ou de cartes Pokémon». Cette scène nous dit trois choses : la police qui fait son travail, des enfants qui s’identifient à un type de culture et un acte qui montre qu’ils n’y ont pas accès, ou du moins, pas beaucoup. Rien ne les détache d’avoir potentiellement attaqué des bâtiments publics, avant ou après, mais, lors de cette scène, ils ne le font pas, puisqu’ils sont occupés à voler ce qu’ils n’ont pas, ou peu.

Ensuite, il est important de souligner que le jeune homme cité plus haut, s’est dit : «désolé» pour les commerces : «la pharmacie c’était trop». […]. «Il aurait fallu cramer le Commissariat, les Impôts ou la Mairie».

Le jeune homme, a bien conscience qu’il s’attaque à l’État, s’il décide de «cramer» le Commissariat, les Services des impôts ou la Mairie. C’est un acte qui est insensé par la violence, mais qui ne l’est pas, par le sens de celui-ci. Cela doit être le signal d’alarme, qu’une portion de la France est oubliée. Le Procureur de Montargis, Jean-Cédric Gaux va ainsi dans le sens de la sensibilisation de cette France oubliée, et il déclare à la suite des émeutes : «Quelques jours avant les émeutes, je faisais de la prévention auprès des collégiens pour les alerter sur les dangers de ces mêmes réseaux [réseaux sociaux]…».

Le Procureur s’est ainsi illustré à son échelle, mais il l’a fait ! Quelques lignes encore plus bas, le journaliste nous décrit une scène, celle d’adolescents criant : «Ce soir, les condés, c’est nous !». Face à des policiers qui ne font que leur travail et qui vers «1 heure du matin, [les policiers] sauvent l’hôtel de ville d’une tentative d’incendie […]».

Forcément, quelques jours plus tard ces jeunes sont identifiés par la vidéosurveillance et ils viennent des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) voisine.

Le Procureur de Montargis, Jean-Cédric Gaux parle alors de «nihilisme dans la violence, sans la moindre revendication politique […]». La violence, telle qu’il l’a décrite, est aliénée, certes, mais c’est une position politique qui n’est pas un acte politique en tant que tel.

Autrement dit, c’est un avis politique qu’on le veuille ou non. Le Magistrat admet plus loin que «d’évidence, une action éducative sociale et économique, qui ne relève pas de mes compétences, doit être mise en place pour notre jeunesse […]. La fraternité doit être plus qu’un mot».

Le Procureur met ainsi le doigt dans le fond du problème, dans un milieu associatif local qui peut être défaillant, l’Éducation nationale qui tarde à trouver les solutions efficaces, la Mairie qui ne prend pas de décisions tangibles ou encore des acteurs de la justice, qui viennent à occuper l’espace, d’une sensibilisation qui doit être faite par d’autres acteurs également.

Si on se penche du côté des résultats européens et législatifs, le journaliste cite avec brio, des mères de familles issues de l’immigration qui lui ont dit «envisager de voter à l’extrême droite selon elles ‘pour agir contre les voyous qui donnent une mauvaise image des immigrés’». Le serpent se mord la queue et des échanges fratricides risquent d’éclater à l’échelle locale et nationale. Si la France est républicaine, elle est aussi à bout de souffle puisqu’elle ne répond pas à tous les Français, au grand dam de la démocratie.

Enfin, selon un médecin montargois cité dans l’article, «[les retraités] sont prêts à voter pour l’extrême droite», ce qui montre bien que l’électorat du RN puise là, où la France n’a pas su répondre. Franck Demaumont, Maire de Châlette-sur-Loing, non loin de Montargis, affirme «Ici à Châlette, […], lors des émeutes, […] on a maintenu la fête prévue au bord du lac : Le Commissaire et le Préfet étaient inquiets, ils m’ont suggéré d’annuler, mais on a maintenu. […] Et tout s’est bien passé. Zéro incidents». Ce qui montre bien qu’à travers une intégration culturelle, la sécurité publique peut également être assurée.

LusoJornal