Benoit Simian (Indépendant) se présente pour la 5ème circonscription des Français de l’étranger

Élection du Député de la 5ème circonscription des Français de l’étranger (qui regroupe notamment le Portugal, l’Espagne, Andorre et Monaco) : 16 candidats sont en lice pour ce scrutin partiel. Le premier tour aura lieu le 28 septembre et le second tour, le 12 octobre.

Cette nouvelle élection intervient après l’invalidation par le Conseil constitutionnel de l’élection de Stéphane Vojetta, en raison d’irrégularités dans ses comptes de campagne.

C’est dans ce contexte que Benoit Simian présente son parcours, son engagement politique, ses priorités pour la circonscription et ses attentes pour ce scrutin au LusoJornal.

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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis fils d’hospitalier, père de famille, en couple avec une Espagnole, et résident à la frontière espagnole, côté Aragon. Je suis donc profondément ancré dans ce territoire. Sur le plan académique, j’ai une maîtrise en droit et sciences politiques obtenue à Bordeaux.

Professionnellement, j’ai été responsable formation, recrutement et apprentissage à la SNCF, et j’ai toujours combiné mon activité professionnelle avec l’enseignement, puisque je suis chargé d’enseignement. J’ai mis ma carrière entre parenthèses pour accomplir mon mandat parlementaire : j’ai été Député de 2017 à 2022, d’abord La République en Marche, puis dans le groupe LIOT. Pendant mon mandat, je me suis spécialisé sur les transports et j’ai été rapporteur du budget transport, un sujet éminemment important pour les Français de l’étranger, car il touche autant le ferroviaire que l’aérien ou le routier, donc toutes les mobilités.

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Quel est le nom de votre suppléant et quel est son parcours ?

Mon suppléant est François Tehei, originaire de Polynésie française. Il m’accompagne depuis de nombreuses années dans mon parcours politique. Ancien expatrié en Amérique latine pendant plus de dix ans, il a également été Directeur de l’Agence de développement économique en Polynésie. Aujourd’hui, c’est un entrepreneur et chef d’entreprise. Son expertise et son expérience sur les questions économiques sont des atouts précieux pour cette élection.

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Avez-vous un lien avec le Portugal ?

Oui, mes liens avec le Portugal sont actifs depuis toujours. Ayant grandi dans le sud-ouest de la France, je suis très attaché à la Communauté portugaise qui y vit. Je me rends régulièrement au Portugal, que ce soit pour des raisons professionnelles ou personnelles. Mon dernier déplacement professionnel a eu lieu à Lisboa pour le Sommet des Océans en 2022, dans le cadre de mon engagement associatif sur la protection des océans, un sujet qui me tient à cœur depuis mon expatriation dans le Pacifique Sud.

Je tiens également à exprimer ma pensée pour nos compatriotes à Lisboa, frappés par le dramatique accident du funiculaire. Quand on est attaché aux transports comme moi, ce genre de drame touche particulièrement.

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Sous quelle forme vous présentez-vous à cette élection et bénéficiez-vous d’un soutien particulier ?

Je me présente comme candidat indépendant, hors des partis. J’ai quitté les partis politiques parce que leurs querelles sont responsables de nombreux dysfonctionnements, notamment à l’Assemblée nationale. Je souhaite porter un mandat en toute indépendance, comme l’avait fait le Député sortant à l’origine de sa victoire. Je n’ai aucun soutien partisan : mon engagement est clair et uniquement tourné vers les Français de l’étranger.

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Quelle est votre réaction à la décision du Conseil constitutionnel d’invalider l’élection de Stéphane Vojetta suite à des irrégularités dans ses comptes de campagne ?

La décision du Conseil constitutionnel est une décision grave, puisqu’elle nous amène à revoter pour désigner un Député. Je fais entièrement confiance à la justice de notre pays et aux neuf sages, dont Alain Juppé, qui ont prononcé l’inéligibilité du Député sortant pour, nous dit-on, un certain nombre d’irrégularités dans ses comptes de campagne.

Je n’entrerai pas dans les détails. La décision est publique et claire : c’est la plus haute juridiction de notre pays, et elle a agi en toute indépendance. Je suis très attaché à la séparation des pouvoirs, et il ne m’appartient pas de commenter une décision de justice.

Néanmoins, d’un point de vue politique et éthique, ce qui me paraît critiquable, c’est que le Député sortant n’a pas respecté son engagement initial vis-à-vis des électeurs de la cinquième circonscription, puisqu’il a siégé dans la majorité présidentielle alors qu’il s’était présenté comme candidat indépendant. Les électeurs ne doivent pas se laisser berner par un nouveau tour de passe-passe, comme l’annonce la présence éventuelle de sa suppléante. Le message que les Français de l’étranger doivent envoyer à Paris doit être très clair.

C’est pour cette raison que j’ai décidé de me présenter à ce scrutin, avec clarté et indépendance. Vous savez, la politique peut être diffamante, j’en ai fait moi-même l’expérience dans ma vie personnelle, lors d’un divorce très médiatisé, qui a été pour moi extrêmement douloureux. J’ai pu constater que certaines campagnes médiatiques ne sont rien d’autres que des cabales politiques. Visiblement, le parcours de Monsieur Vojetta a aussi dérangé certaines personnes.

Mais j’ai trop de respect pour la justice pour imaginer qu’elle agit autrement que dans l’intérêt du pays. Je souhaite donc être très clair : je serai un candidat indépendant, avec l’expérience nécessaire, et je travaillerai exclusivement pour les Français de l’étranger.

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Quelles sont vos priorités et les idées principales que vous souhaitez défendre pour les Français de la 5ème circonscription de l’étranger ?

Mes priorités, depuis toujours, concernent avant tout les transports. Habitant à la frontière espagnole, côté Aragon, je suis particulièrement attaché à l’ouverture de la ligne ferroviaire franco-espagnole Pau-Saragosse, qui permettra de desservir efficacement la plateforme ferroviaire de Saragosse. Je souhaite porter ce dossier à Paris, au même titre que le projet de ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, qui facilitera la liaison avec Barcelone et créera un véritable corridor ferroviaire européen avec l’Espagne. Ce sont des sujets sur lesquels je suis engagé depuis de nombreuses années, et je sais que nos concitoyens expatriés y sont très sensibles, tout comme moi.

Mais les transports ne se limitent pas au ferroviaire. Les dessertes aériennes, le prix des voyages pour se rendre à Paris et la fluidité des mobilités pour les expatriés sont également des enjeux essentiels.

Au-delà des transports, je souhaite défendre les Français de l’étranger sur les questions fiscales et sociales, qui figurent parmi leurs principales inquiétudes. Siéger à la Commission des finances me permet de travailler concrètement sur ces sujets à travers tous les projets de loi et le budget. Je m’attacherai à améliorer la protection sociale, notamment sur les retraites, à simplifier les démarches administratives et à réduire les coûts de l’enseignement, qui restent un défi pour de nombreux expatriés.

Pour défendre efficacement ces dossiers, l’expérience est indispensable. Le Parlement est exigeant et parfois turbulent : il faut avoir une connaissance solide des institutions pour représenter nos concitoyens avec efficacité. C’est pourquoi j’ai la conviction que mon expérience de Député constitue un atout majeur pour cette élection.

Je suis également très attaché à la stabilité politique et à la décentralisation. La France a besoin de renforcer ses institutions locales et de rationaliser la dépense publique. J’ai travaillé avec le Premier-Ministre sur ces sujets dans le cadre du cercle de réflexion que j’avais lancé, les Girondins, et je continuerai à m’investir dans cette voie. La santé, notamment la gestion de la Caisse des Français de l’étranger, demeure aussi un enjeu majeur.

Cette élection ne durera que quelques mois, et je ne fais donc pas de grandes promesses irréalistes. Mais je suis convaincu qu’il faut agir concrètement, couper dans la dépense publique là où c’est nécessaire et relever les défis pour nos compatriotes à l’étranger. Le chantier est vaste, mais il est indispensable.

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En quelques mots, pouvez-vous nous donner votre opinion sur la situation politique en France ?

La situation politique en France est très inquiétante et anxiogène, tant pour ses conséquences économiques que pour la croissance, mais aussi pour l’image que nous donnons à l’international. Quand je suis en Espagne et que j’échange avec nos amis espagnols, je constate que notre instabilité politique pose question et inquiète, surtout à côté d’un pays comme l’Espagne qui affiche une croissance dynamique.

En France, nous peinons à stabiliser le pays. Je n’accepte pas de rester bras croisés face à ce constat et j’ai décidé de me retrousser les manches pour reprendre certains engagements qui me sont chers, notamment sur la décentralisation. Mais il ne s’agit pas seulement de décentraliser : il faut aussi rationaliser la dépense publique et réduire intelligemment le gaspillage, ce que j’appelle une gestion pragmatique et responsable des finances de l’État.

J’ai accueilli avec intérêt la nomination d’un ancien Maire, Sébastien Lecornu, dont je suis de la même génération. Nous avons travaillé ensemble sur de nombreux dossiers lorsque j’étais aux responsabilités : biodiversité, collectivités locales, réforme de la chasse… C’est un homme de territoire, engagé, qui ne ménage pas son temps au service de la République, et je sais que cette proximité sera un atout lorsque je représenterai les Français de l’étranger.

Je crois profondément qu’un Parlement constructif est possible, mais seulement si l’on met de côté les querelles de partis qui paralysent notre pays depuis trop longtemps. Je suis convaincu que nous pouvons bâtir des coalitions efficaces et travailler concrètement pour les citoyens. Le message que les Français de l’étranger enverront lors de cette élection sera d’ailleurs particulièrement scruté, car leur vote est observé de très près par le pouvoir, tout comme cela a été le cas dans la circonscription parisienne de Michel Barnier.