Avec le film «Treze de Maio» Jesus Baptista réalise le «salto» à l’envers

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Le court métrage «Treze de Maio» (26 minutes) du jeune réalisateur lusodescendant Jesus Baptista sera projeté le mercredi 22 septembre, lors de l’inauguration de l’exposition «Panorama 25» qui se tiendra jusqu’au 7 janvier 2024 au Fresnoy Studio, à Tourcoing.

Tous ceux qui ne pourront pas assister à la projection du 22 septembre, auront l’occasion d’assister à la projection qui se fera en continu durant la durée de l’exposition dont le Commissaire est, cette année, Chris Dercon, Directeur de la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

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Le film commence. On passe progressivement de l’écran noir, à l’image. Mon premier souvenir : j’ai 4 ans.

Le narrateur, le réalisateur, le passeur de mémoire est Jesus Baptista.

Tout est dit… rien n’est dit : les souvenirs personnels, les souvenirs qui lui ont été racontés sont cités, les images parlent.

Jesus Baptista, lusodescendant de la 3ème génération, libère ses souvenirs, libère ce que sa mémoire a retenu des récits de son grand-père, de son oncle. L’artiste met en images le devoir de mémoire, il devient passeur de mémoire de la famille, de portugais qui, souvent, ont fait appel à d’autres passeurs.

C’est le «salto» à l’envers : un départ de France jusqu’au village de ses grands-parents, le village où passait l’autocar à 7h40 venant de Lourinhã.

LusoJornal a interviewé Jesus Baptista (voir ICI), le projet était déjà né, les premières prises d’images étaient déjà dans la boîte, images recueillies au Fresnoy-Studio National des Arts Contemporains à Tourcoing. Jesus Batista, y est accueilli pendant deux ans en résidence, il fait partie de la promotion Claude Lévi-Strauss 2022-2024.

Jesus Baptista a choisi comme œuvre de sa première année de résidence, de raconter la venue de sa famille du Portugal en France, en réalisant «o salto» à l’envers, un retour aux sources, un retour sur ses souvenirs, sur son enfance, au tout début, à ses 4 ans.

Le réalisateur décide donner le nom de «Treze de Maio» à son premier film. Le village du départ, fin des années 1960, également village de retour en mars 2023, s’appelle Moita dos Ferreiros, proche de Cova da Iria où la Vierge airait apparu aux trois petits berger un 13 mai. La grand-mère du réalisateur ayant parti vers l’au-delà il y a peu… un 13 mai. Un hommage.

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Ce qu’on peut dire, c’est que le film de Jesus Baptista vient enrichir le panorama des fictions et courts métrages qui traitent le phénomène de l’émigration portugaise des années 1960-1970. Un travail de la troisième génération, sur la première.

Les souvenirs personnels sont évoqués, les souvenirs de la famille, les difficultés des clandestins, source du récit, sont traités, mis en image, alimentent la narration.

«Elle me demande de parler portugais, moi je comprends, je comprends qu’il existe deux langues distinctes, deux mondes… je suis connecté par un événement précis, gardé sous silence, abstrait, souvenirs qui remontent grâce aux photos de Gérard Bloncourt». C’est ainsi que Jésus Baptista s’explique son projet devenu réalité, son désir de faire le film.

Le narrateur, Jesus, raconte, le réalisateur, Baptista, montre. Les deux se mélangent, se complètent. On voit la maison en peinture, en dessin, celle qui devient réelle à la fin du film, celle des grands parents, à Moita dos Ferreiros.

«Des images qui me reviennent, dont je suis privé, et dont je ne possède pas encore». Voyage de Jesus Baptista, le personnage du film, à rebours dans l’espace-temps, «je marche sur les pas de mes ancêtres pour prendre en charge l’histoire».

Un personnage, de rouge vêtu, apparaît, valise et sac sur le dos, le fond sonore du début continue, il intrigue. La rivière est traversée, les bottes, elles aussi, deviennent lourdes, accentuent la fatigue… le regard essaye de percer l’horizon.

L’homme en rouge, traverse un mont de droite à gauche et puis de gauche à droite… sait-il où il va ? Le doute de l’aventure, le doute dans l’aventure.

Le film avance, le récit aussi, les premiers jours du «salto» vont défiler à l’envers… on voit finalement la route, des véhicules qui passent.

Le personnage apparaît au volant. À l’intérieur de la voiture, un autre, âgé avec une casquette, un familier encore de ce monde, un oncle. Lui aussi a fait «o salto». Un autre récit ?

Il fait nuit… du village, l’église illuminée se montre, surveille, accompagne ceux d’ici, ceux partis ? Moita dos Ferreiros.

Le film approche de la fin. C’est là que tout a débuté, c’est là que le film va terminer, c’est la source, c’est la fin d’un projet… ou peut-être pas… la continuation d’une autre chose…

Jesus Baptista devant la maison. «Avec toi, tout au long de ce chemin, nous sommes revenus». Le jeune réalisateur parcourt le bas de la maison, monte les escaliers, la porte s’ouvre, la valise encore sur le dos, des objets sont là, la ‘avó’ non… rien n’a changé depuis son départ vers l’au-delà, l’autre migration.

Il est sept heures, les images défilent sur le mur de la pièce, Jesus Baptista regarde, des images du village, de familiers, des images qui se superposent. Des souvenirs qui se mélangent, le réel, l’irréel (?) décrit par la fiction, par le film.

Tout cela est dans le film, et bien plus que ça. Un condensé de souvenirs du réalisateur, narrateur, personnage du film, Jesus Baptista, ou qui lui ont été racontés, qui nous ont été racontés, par nos parents ou nos grands-parents ou qui nous seront racontés en allant voir le court-métrage. La fin du film est émouvante !

Tout ça est sur pédicule, un film qui uni des générations, un récit partagé, qui restera.

Il y a le clap de fin du tournage, le début d’autre chose, même si grand-mère est partie en 2021. Depuis cette date, la maison n’avait pas été rangée, elle était presque à l’abandon. Mars 2023 Jesus Baptista y termine son tournage. Le lendemain du clap de fin, le jeune lusodescendant continue, se met à l’ouvrage, l’autre œuvre, à l’autre travail : mettre de l’ordre dans la maison. Les réparations s’ensuivent, elles continuent au moment de la première projection du court métrage. Jesus Baptista est devenu propriétaire de la maison, alors qu’il nous cède ses souvenirs dans son court-métrage «Treze de Maio».

À partir du 22 septembre au Fresnoy à Tourcoing et pourquoi pas être projeté dans le cadre de festivals, de manifestations associatives…

À la fois clap de fin, retour aux sources, faire revivre des souvenirs… faire revivre une maison abandonnée… Que de symboles !

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Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains

22 rue du Fresnoy

59200 Tourcoing

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Du 22 septembre 2023 au 7 janvier 2024

Du mercredi au dimanche et le 11 novembre, de 14h00 à 19h00

Le 24 et 31 décembre fermeture exceptionnelle à 17h00

Fermé le lundi et le mardi

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LusoJornal