Chris Marques, invité d’honneur du Palmarès 2025 des entreprises innovantes : parcours d’un créateur devenu entrepreneurAntónio Marrucho·Empresas·6 Dezembro, 2025 La cérémonie du «Palmarès 2025 des entreprises innovantes» s’est tenue hier, vendredi 5 décembre, pendant l’après-midi, au siège de la Région Hauts-de-France, à Lille, et l’invité d’honneur n’était autre que Chris Marques, le médiatique juré de l’émission «Danse avec les stars» sur TF1. Avant le début de l’événement, Bruno Cavaco, Consul honoraire du Portugal à Lille et Nuno Afonso, Chargé de Projet HDFID et responsable Lusotech Community, lui ont remis le trophée «Ambassad’Or», qu’il n’avait pas pu recevoir lors de la cérémonie du 16 septembre dernier (lire ICI), en raison de ses engagements télévisuels avec TF1. La cérémonie de ce vendredi, qui devait récompenser les entreprises régionales innovantes, a débuté par une conférence/dialogue de Chris Marques sur le thème : «L’innovation en mouvement». . Un artiste, mais surtout un entrepreneur précoce Si le grand public connaît Chris Marques pour ses talents de danseur, chorégraphe et juré, il ignore souvent qu’il porte en lui, depuis l’enfance, une véritable fibre entrepreneuriale. Né à Colmar, il incarne un multiculturalisme assumé : français, portugais et espagnol. Il nous a parlé dans un portugais parfait. Sa mère, espagnole passionnée de flamenco, et son père, musicien dans un groupe de musique latine, l’immergent très tôt dans un univers artistique. En accompagnant ses parents qui se produisent dans des bals, Chris Marques développe une fascination pour la danse. À 12 ans, il prend son tout premier cours de danse. Après quinze minutes, il comprend que sa vie sera là. Et, dit-il avec humour, «j’étais également convaincu que bien danser permettrait de conquérir plus facilement le cœur des jeunes filles». Six mois plus tard, il devient Champion de France. Selon Chris Marques : «l’effort finit toujours par payer : il ne faut négliger aucune option, ne se fixer aucune limite. Il faut travailler, encore et toujours… et on finit par y arriver». . Le départ pour l’Angleterre : le tournant décisif À 16 ans, il annonce à ses parents vouloir étudier à Lyon. Ceux-ci le soutiennent, mais très vite, il réalise que le haut niveau mondial de la danse se trouve au Royaume-Uni. Il part donc à 17 ans s’installer en Angleterre. Il parle couramment le français, l’espagnol et le portugais… mais pas l’anglais. Trois mois plus tard, la langue est assimilée – «celle qui, finalement, me correspond le mieux», confia-t-il. En 1997, il y rencontre Jaclyn Spencer, sa future épouse et partenaire artistique. Pour financer ses cours privés de danse, il doit travailler. C’est là que commence sa véritable carrière d’entrepreneur. . L’apprentissage du business : un autodidacte à l’énergie inépuisable Nous sommes à la fin des années 1990. Chris Marques se demande alors dans quel secteur se lancer. Les industries technologiques lui semblent un Eldorado. Il est convoqué pour un entretien visant un poste commercial couvrant la France, l’Espagne et le Portugal. Problème : il n’y connaît rien au travail pour lequel il se candidate. Il demande alors à sa femme d’acheter des livres afin d’apprendre les bases, notamment le fonctionnement d’un ordinateur. Lors de l’entretien, on lui demande comment est construit un PC : il réussit et est embauché par un jeune patron d’origine indienne de 27 ans. Rapidement, on lui confie une mission inattendue : devenir responsable marketing pour les trois pays. Rebelote : achats de livres pour apprendre le métier, lectures… Il découvre que l’entreprise ne dispose d’aucun site internet. Sans réelle connaissance du domaine, il propose d’en créer un… et le réalise en deux mois. Son salaire est modeste au départ, mais augmente à chaque promotion. Toutes ces expériences lui «servent de formation accélérée». La création d’une société de logiciels et une carrière internationale Fort de son apprentissage, il propose ensuite de créer une SAP spécialisée dans la conception de logiciels de gestion et de maintenance, notamment pour l’optimisation des stocks. Le concept séduit. Il devient Directeur commercial Europe. Puis les États-Unis le contactent pour rejoindre la Silicon Valley afin de développer ses idées, notamment après la publication d’un livre. Les offres sont mirifiques, pourtant, il refuse : lui et son épouse souhaitent se consacrer entièrement à la danse. . Construire une vie d’artiste en entrepreneur Chris Marques décide alors de devenir entrepreneur artistique. Il écrit un livre dans lequel il remercie «la chance», même si celle-ci, selon lui, n’est que la conséquence du travail. L’Angleterre lui a appris l’essentiel : «il n’y a pas de barrières à l’entrepreneuriat. L’échec y est permis, cela fait partie du voyage et de la vie. L’important est de se relever». Malgré les mises en garde sur les difficultés françaises, il choisit de s’installer à 30 minutes de Paris, au Domaine du Lys-Chantilly, en Hauts-de-France – région qu’il décrit comme «une région qui répond, qui soutient, qui aide». Producteur, concepteur et innovateur Depuis 2019, Chris Marques est devenu producteur de tournées et de spectacles, notamment de danse. Pour lui, un entrepreneur doit toujours avoir un plan précis, savoir «à quoi sert chaque euro». Soucieux de rentabilité mais aussi d’écologie, il réfléchit à réduire la logistique des tournées. L’hologramme apparaît comme une solution… mais le public perçoit l’artifice. Il imagine alors des décors en 3D, lesquels vont remplacer et éviter le transport de matériaux lourds : bois, escaliers, structures. Résultat : un système plus économique et plus écologique. De quatre camions qui transportent le matériel lors des tournées, on passe à un seul. La force mentale face à la maladie Pendant dix ans, Chris Marques a souffert d’une maladie qui le clouait régulièrement au lit. Malgré cela, avec son épouse, il est devenu trois fois Champion du monde. Alors que les autres couples s’entraînaient huit à dix heures par jour, lui misait sur un immense travail mental, guidé par un coach. À la fin d’un Championnat, recevoir le premier prix «n’était que la continuation logique du plan établi. La suite logique». . Conseils aux jeunes : aller vers les autres Interrogé par le public sur le handicap, il répond : «Il faut, parfois, ne pas tenir compte du regard des autres, ni leur laisser le pouvoir de penser à notre place». Et à un jeune lui demandant un conseil, il répond : «Aller de l’avant, aller à la rencontre des gens. Aucun outil ne remplace le face-à-face. Créez vos partenaires, soyez autonomes, motivés. Ne pas oublier qu’il y a le savoir… et il y a le savoir-faire». À la question : quand vous vous levez, quel est l’objectif que vous vous donnez pour la journée ? Chris Marques dévoile son secret : «je pense à l’idée de créer, créer pour le lendemain avec les outils extraordinaires qu’on a à sa disposition. Il faut créer son propre environnement, il n’est pas nécessaire de devenir entrepreneur, mais il est bon, nécessaire d’avoir envie d’évoluer, de faire évoluer ses idées, le concept d’hier, quitte à avoir besoin de temps en temps de se relever». . Un entrepreneur avant d’être juré de télévision Bien que sa notoriété soit largement liée à «Danse avec les stars», cela ne représente selon lui que 2 à 3% de sa vie professionnelle. Depuis dix ans, il danse beaucoup moins : son rôle d’entrepreneur, de concepteur et d’innovateur prime. Il souhaite désormais développer des outils destinés aux artistes émergents, tout en imaginant les concepts de demain. Installé dans les Hauts-de-France, il affirme que cette région possède «de véritables atouts» : son passé industriel, sa capacité à s’adapter, son réseau culturel dense et ses infrastructures. Il développe actuellement plusieurs projets à Amiens, aux côtés d’équipes qu’il décrit comme «très compréhensives et extrêmement travailleuses». . Chris Marques a terminé sa conférence en se mettant à la disposition des jeunes qui souhaitent être conseillés. Le témoignage de Chris Marques lors du «Palmarès 2025» aura rappelé que derrière l’artiste médiatique se cache un entrepreneur passionné, persévérant et profondément créatif. Son parcours, jalonné d’efforts, d’innovations, de remises en question et de résilience face à la maladie, illustre parfaitement l’esprit d’entreprise que la Région Hauts-de-France souhaite encourager : inventer, se réinventer, croire en ses idées et s’appuyer sur un territoire dynamique. Plus qu’un juré de télévision, Chris Marques apparaît ainsi comme un exemple inspirant pour tous ceux qui souhaitent créer leur propre voie, quelles que soient leurs origines, leurs obstacles ou leurs ambitions.