Home Comunidade Deux résistants portugais fusillés pendant la II Guerre mondiale dans la Citadelle d’ArrasAntónio Marrucho·26 Maio, 2022Comunidade [pro_ad_display_adzone id=”37510″] Albert Jean Baptiste de Lima et José dos Santos sont les deux Portugais parmi les 218 fusillés entre le 21 août 1941 et le 21 juillet 1944 par les Allemands dans les fossés de la Citadelle d’Arras. Après l’Armistice du 22 juin 1940, naît un noyau de résistance qui s’amplifie au fil du temps. Une véritable «guerre de l’ombre» se déploie pendant plus de quatre ans et coûte la vie à des centaines de patriotes: 218 au pied de la Citadelle d’Arras, quatre en 1941, 96 en 1942, 43 en 1943 et 78 en 1944. Le plus jeune de ces martyrs avait 16 ans et demi, il s’appelait Julien Delval; le plus âgé avait 69 ans, il s’appelait Henri Queval. Les fusillés appartenaient à neuf nationalités différentes: 189 Français, 15 Polonais, 5 Belges, 3 Soviétiques, 2 Portugais, 1 Italien, 1 Hongrois, 1 Tchèque, 1 Yougoslave. Toutes les catégories sociales étaient représentées: 1 prêtre, 7 enseignants, 10 artisans, commerçants, 11 cultivateurs, 16 employés, fonctionnaires, 10 cheminots SNCF, 33 ouvriers, 130 mineurs. Sur les remparts de la citadelle des plaques nominatives rappellent tous ceux qui y ont succombé sous les armes des Allemands. Il a été procédé à l’inauguration du poteau élevé à la mémoire des patriotes fusillés à la Citadelle le dimanche 13 juillet 1947, par le Président de la République, Vincent Auriol. Le Comité d’érection du Mémorial était présidé par Guy Mollet, Maire d’Arras de l’époque. José dos Santos José dos Santos est né le 22 avril 1906 à Valtorno, Vila Flor, fils naturel de Camille dos Santos (sur littérature française), Camille Lopez sur l’acte de baptême portugais de son fils, Camille Lopez étant fille de António Lopez et Maria Augusta Lopez. Notons que le parrain de José dos Santos s’appelait lui-même José dos Santos! Ce fusillé d’Arras aurait donc pris le nom de famille de son parrain et non celui de sa mère célibataire qui, au Portugal, s’appelait Lopez. José dos Santos a été marié à Juliette Hebert, avec laquelle ils ont eu deux enfants, dont une fille du nom de Camille da Conceição dos Santos, née le 9 septembre 1926, à Divion. Au moment où il a été fusillé, José dos Santos était ouvrier mineur, militant communiste et résistant FTPF (Franc Tireur Partisan Français). Il habitait au 42 Cité des Pâques, à Divion. José dos Santos s’engage très tôt dans les FTPS. Avec Simon Curik de Lens, Ernest Dupont de Fouquière-les-Lens et Eugène Lespagnol, d’Éven-Malmaison, il est l’auteur de nombreux sabotages qui ont freiné la production au service de l’occupant. Arrêté par la Police française le 13 août 1942, à Divion, pour «menées communistes et détention d’armes», il fut commandé à mort le 22 octobre 1942 par le Tribunal militaire OFK 620 d’Arras et a été fusillé le 4 novembre, à 17h35, dans les fossés de la citadelle d’Arras. Il fait partie des «Morts pour la France». Son nom figure dans le Monument aux morts de la II Guerre mondiale de la ville de Divion. Albert de Lima La veille de la mort de José dos Santos, le 3 novembre 1942, un autre Portugais fut fusillé dans la citadelle d’Arras. Il s’agit d’Albert Jean Baptiste de Lima. Il est né le 25 juillet 1923, à Saint Hilaire Cottes, dans le Pas-de-Calais, ses parents étant Joseph Lima et Jeanne Lanniaux, mariés le 2 septembre 1922. Le père d’Albert de Lima, Joseph de Lima, est né le 16 janvier 1895, à Britiande, Lamego. Il a participé à la I Guerre mondiale, faisant partie du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP), ayant embarqué à Lisboa le 08 août 1897. Il a quitté le CEP le 11 mai 1919, élisant domicile à Calais. José dos Santos et Albert de Lima devaient probablement se connaître. Mineur aux mines de Bruay, dans le Pas-de-Calais, ce dernier faisait partie aussi des Jeunesses communistes de Divion et des FTPF, il a d’ailleurs adhéré au Parti Communiste avant la guerre. Sous l’Occupation, il poursuit son militantisme dans l’organisation clandestine du Parti Communiste en rejoignant les FTP. Après plusieurs actions de sabotage, Albert de Lima fut recherché activement après un attentat contre un Gardien de la paix dans la nuit du 11 au 12 août 1942. Arrêté le lendemain, le 13 août, par la Police française de Divion, pour «menées communistes et détention d’armes». Albert de Lima fut demandé par les Allemands (OFK670) qui le jugeront le 22 octobre 1942 en le condamnant à mort pour «vol à main armée, complicité d’actes de sabotage et menées communistes». Albert de Lima a été fusillé le 3 novembre 1942. 25.000 fusillés au total Un avis de la Oberfeldkommandantur (v) 670 Der Oberfeldkommdant en date du 12 novembre 1942 et signé par Niehorr, Generaleutnant, signalait à la population: «pour menée communistes et possession d’armes prohibées, le Conseil de guerre a condamné à la peine de mort». La liste de 29 noms s’ensuit, Albert de Lima est l’avant-dernier de la liste et José dos Santos le dernier. «Jugements ont été exécutés». Par décret du 22 mars 1960, publié le 27 mars 1960, Albert de Lima est médaillé post-mortem de l’Ordre de la Libération pour services rendus pour faits de résistance. Le frère d’Albert de Lima, Jean de Lima, fut condamné aux travaux forcés à perpétuité et mourut d’épuisement au Kommando d’Allach le 25 février 1945. Les noms de Jean et Albert de Lima figurent sur le Monument aux morts de la II Guerre mondiale, à Divion. Afin de mieux situer tous ces évènements malheureux de la II Guerre mondiale, voici quelques chiffres: au total, durant la II Guerre mondiale, 6.000 Français furent massacrés ou tués par les Allemands ou leurs Alliés, 25.000 furent fusillés, 27.000 Résistants moururent en déportation en plus de 76.000 déportés juifs. Dans la mémoire collective et la littérature historique, le massacre d’Oradour-sur-Glane, avec ses 642 victimes, occupe une place prépondérante. Généralement attribués à la Waffen-SS, ces massacres furent aussi perpétrés par des unités de la Wehrmacht, de la Kriegsmarine, de la Gestapo du SIPO-SD par leurs auxiliaires français. Source: Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier. Notice par Christian Lescureux. [pro_ad_display_adzone id=”46664″]