Fado : Lina présente son nouvel album consacré à Camões à Paris et en Gironde

Voici quelques semaines, nous avons rencontré Lina, venue à Paris pour la promotion presse de son nouvel album. Lina chante le fado et cherche à en étendre les contours.

Jeune femme à l’élégance discrète, qui fêtera ses quarante ans en avril prochain, a un parcours artistique un peu particulier. La jeune Lina Rodrigues passe son enfance et son adolescence dans le Trás-os-Montes puis à Porto.

Très jeune, elle se passionne pour la musique et dès 10 ans participe au cercle de l’Opéra de Porto, fait des apparitions dans quelques opéras. A 15 ans, elle suit les cours du Conservatoire de Porto.

Dans le monde fadiste, s’il n’est pas rare (mais pas fréquent non plus) de rencontrer des musiciens passés par un conservatoire, Lina Rodrigues fait partie des très rares vocalistes issu.es d’une formation classique. Elle en gardera une justesse de ton imparable.

A 21ans, elle est repérée par le producteur et metteur en scène Filipe La Féria, qui lui confie le rôle d’Amália Rodrigues jeune dans sa comédie musicale «Amália», qui connut un grand succès, y compris à l’étranger, puis, dans un autre spectacle, «A canção de Lisboa», le rôle de Beatriz Costa, grande vedette du cinéma et du théâtre de revue portugais entre 1930 et 1960.

Venue de l’opéra, la voici donc dans le monde de la comédie musicale, où le fado est présent.

Son talent n’échappera pas au guitariste Mário Pacheco, fondateur du Clube de Fado, l’une des maisons de fado les plus réputées de Lisboa, où elle continue aujourd’hui de se produire régulièrement entre ses nombreuses tournées au Portugal et à l’étranger. Et enregistre deux albums de fado sous le nom de Carolina («Une idée de mon manager de l’époque, qui trouvais que ça sonnait mieux que Lina. Mais je suis heureuse d’avoir récupéré mon vrai prénom»).

Toujours curieuse d’explorer les marges du fado, elle rencontre le producteur et compositeur espagnol Raul Refree en 2019, et enregistre un album avec lui. Le duo Lina-Raul Refree de produira plusieurs années en tournées, et notamment un peu partout en France.

Il propose une musique, où la voix cristalline de Lina se combine avec la science des synthétiseurs de Raul Refree, très éloignée des canons du fado, mais qui a trouvé son public.

La plus récente aventure de Lina est celle qu’elle présentera le 15 mars à Paris au Studio de l’Ermitage et le 16 mars au Rocher de Palmer, une salle à Cenon, banlieue bordelaise, qui a déjà accueilli plusieurs figures du fado.

Lina y reprendra les thèmes de son dernier album, qui associe des poèmes de l’illustre poète du 16ème siècle Luis de Camões et des musiques de fados traditionnels contemporains.

Il y a plus de 40 ans, Amália Rodrigues tenta elle aussi ce mariage intemporel, qui, à l’époque, fut critiqué à la fois par les «puristes» du fado et par la «bonne société» culturelle : comment oser associer le glorieux Camões avec cette musique «populaire» qu’est le fado.

Heureusement, les temps ont changé. Dans l’aventure, lancée avec un producteur anglais, Lina embarque dans sa tournée la pianiste et violoniste Ianina Khmelik, qui fuya sa Russie natale encore adolescente et est devenue l’une des musiciennes classiques les plus appréciées au Portugal, membre de la Casa de Música de Porto, et Pedro Viana, l’un des représentants les plus talentueux de la nouvelle génération de la guitarra, très actif dans le monde fadiste.

Un ensemble très réussi, qui devrait enchanter celles et ceux qui auront la chance d’entendre live Lina et ses musiciens à Paris et à Cenon.