Home Cultura Fado: Vanessa Ferreira, une nouvelle voix pour le fado en FranceJean-Luc Gonneau·16 Junho, 2018Cultura Un soir, cet hiver, il y avait fado au Portologia, la boutique que tient Julien dos Santos, spécialisée, comme son nom l’indique, dans les vins de Porto (mais pas seulement), mais où l’on peut aussi déguster des petiscos et écouter du fado deux mercredis par mois. Les soirées fado de Portologia comportent une partie de fado vadio, où amateurs et professionnels de passage régalent le public d’un ou deux fados. Ce soir là, une petite jeune femme, visage de gamine mais déterminée, inconnue de tous, interpréta deux fados qui enchantèrent le public. Les musiciens du lieu, Filipe de Sousa et Nuno Estevens, toujours curieux de nouveautés musicales, gardèrent le contact avec cette jeune fadiste, qui habite et travaille en Savoie et passait ce soir là à Paris: Vanessa Ferreira. Ils se promirent de la faire revenir. Promesse tenue puisque Vanessa s’est produite, en ce milieu du mois de juin, pour deux concerts, le premier au Portologia, le second à la Chapelle des Lombards. Toute récente trentenaire, Vanessa Ferreira est née à Lisboa, mais a passé son enfance et une partie de son adolescence dans le sud du Portugal. Passionnée de chanson, elle élit le fado «parce que c’est le mode d’expression qui traduit le mieux les sentiments», ce qui ne l’empêche pas de chanter à l’occasion du jazz, qu’elle aime aussi beaucoup, et d’autres musiques. Elle entre dans le circuit fadiste amateur vers 16 ans en participant à un concours de fado à Portimão, où elle obtient le troisième prix – «je suis venue en jeans et baskets, les autres filles étaient en robe noire, le xaile et tout ça» – puis d’autres concours où elle se distingue, puis des engagements dans des restaurants, des bars, des hôtels de l’Algarve. Venue à Lisboa, elle est remarquée dans les lieux à la mode du fado vadio – Tasca do Chico, Tasca da Bela – et enregistre un cd. Voilà six ans, elle suit sa mère qui vient s’installer à Lyon. «A Lyon, il y bien des chanteuses portugaises – Carine Salvado, qui travailla un temps avec Filipe de Sousa, Nazaré – mais nous n’avons pas de musiciens de fado. Alors, les restaurants portugais ou les associations proposent des soirées où la musique de fado est en play-back et je n’aime pas ça, ou encore de la musique pimba. C’est un peu mieux en Suisse, où j’ai pu aller quelques fois depuis que je suis en Savoie, toute proche, mais bien sur c’est loin d’être une vie fadiste comme à Paris, et évidemment comme au Portugal». Vanessa Ferreira, l’air avenant, a une réelle présence en scène et surtout beaucoup d’implication, de sensibilité et de sincérité dans ses interprétations. Ce qui emporta l’adhésion du public du Portologia, ravi, dans une soirée où l’on pu entendre notamment, dans la séquence fado vadio, ses collègues Conceição Guadalupe et Tânia Caetano. Si le répertoire de Vanessa fait une large part à des fados classiques («mes références sont plutôt des ‘anciennes’ du fado, Amália évidemment, Maria Armanda, Maria de Nazaré, et chez les nouvelles Carminho»), elle les interprète avec beaucoup de personnalité. Espérons donc que Vanessa aura d’autres occasions de quitter l’air pur des cimes savoyardes pour nous apporter partout en France les airs purs de ses fados. A bientôt à Paris? Elle y sera bienvenue.