Guillaume Horn (Parti Socialiste) se présente pour la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger

Élection du Député de la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger (qui regroupe notamment le Portugal, l’Espagne, Andorre et Monaco) : 16 candidats sont en lice pour ce scrutin partiel. Le premier tour aura lieu le 28 septembre et le second tour, le 12 octobre.

Cette nouvelle élection intervient après l’invalidation par le Conseil constitutionnel de l’élection de Stéphane Vojetta, en raison d’irrégularités dans ses comptes de campagne.

C’est dans ce contexte que Guillaume Horn présente son parcours, son engagement politique, ses priorités pour la circonscription et ses attentes pour ce scrutin au LusoJornal.

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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je vis à Barcelone depuis sept ans. Mon engagement dans la circonscription s’est construit autour de l’éducation, de la culture et de la mémoire. Enseignant d’histoire-géographie et formateur au Bachibac (le baccalauréat franco-espagnol), je mène également des recherches sur la présence française en Espagne, et plus particulièrement sur la vie et les engagements des Français sous le franquisme.

Cet investissement éducatif et culturel est reconnu localement. J’ai aussi organisé des expositions d’artistes catalans à destination du public français. En somme, mon lien avec la circonscription est fondé sur un engagement constant : transmettre, créer des passerelles et nourrir le dialogue entre nos cultures.

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Quel est le nom de votre suppléant et quel est son parcours ?

Ma suppléante, Nathalie de Oliveira, est franco-portugaise, issue d’une famille lusodescendante. Femme politique expérimentée, elle a été Députée au Portugal et élue locale en France. Son parcours lui confère une connaissance fine de la double réalité : celle des Portugais en France et celle des Français au Portugal. Nathalie a déjà démontré ses compétences et sa capacité d’action au service des citoyens. Sa solide expérience parlementaire est un atout précieux pour notre binôme. Elle incarne la fiabilité et la crédibilité nécessaires pour représenter avec force les Français de notre circonscription.

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Avez-vous un lien avec le Portugal ?

Je reconnais que mon lien direct avec le Portugal est plus limité. C’est précisément là que la complémentarité avec ma suppléante, Nathalie de Oliveira, prend tout son sens. Forte de son parcours politique et de ses racines lusodescendantes, elle m’a permis de mieux comprendre cette réalité.

Dans le cadre de cette campagne, elle m’a ouvert les portes de nombreux réseaux et m’a mis en contact avec des acteurs lusodescendants, notamment dans le domaine artistique, comme Carlos Farinha. Elle m’a fait aussi découvrir la culture portugaise comme le poète Fernando Pessoa. Grâce à elle, j’ai pu enrichir ma connaissance de cette communauté et saisir la diversité des enjeux qui la traversent.

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Sous quelle forme vous présentez-vous à cette élection et bénéficiez-vous d’un soutien particulier ?

Je me présente à cette élection sous l’étiquette du Parti socialiste, qui m’accorde naturellement son soutien, ainsi que celui du Parti radical de gauche. Au-delà des partis, je bénéficie également d’appuis individuels de parlementaires influents, tels que Jérôme Guedj, Philippe Brun ou encore Nicolas Mayer-Rossignol. Ces soutiens témoignent de la confiance que des élus expérimentés placent dans ma candidature et dans le projet que je porte.

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Quelle est votre réaction à la décision du Conseil constitutionnel d’invalider l’élection de Stéphane Vojetta suite à des irrégularités dans ses comptes de campagne ?

Je ne commente pas les décisions de justice. Elles relèvent de l’indépendance de nos institutions. Ce qui compte aujourd’hui, c’est que cette élection partielle ne soit pas réduite à un jugement sur un homme, mais qu’elle devienne une véritable consultation démocratique sur l’avenir. C’est dans cet esprit que je présente ma candidature, avec la volonté de proposer un projet responsable aux Français de notre circonscription.

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Quelles sont vos priorités et les idées principales que vous souhaitez défendre pour les Français de la 5 circonscription de l’étranger ?

Il y a plusieurs axes que l’on peut déjà voir dans mon programme qui est accessible sur Internet.

L’AEFE traverse une crise grave depuis la réforme de 2017. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : à Lisboa, par exemple, à la rentrée de cette année, trois postes d’enseignants n’ont pas pu être pourvus. Il y a encore quelques années, les candidats se bousculaient pour obtenir un poste dans cet établissement prestigieux ; aujourd’hui, on peine à recruter. C’est la conséquence directe des coupes budgétaires et des réformes imposées depuis sept ans. Je refuse d’être complice de ce démantèlement éducatif et financier, qui met en péril la mixité sociale et la qualité de notre enseignement à l’étranger.

Ensuite, il y a les services de proximité. Les coupes budgétaires touchent aussi les services consulaires. À Porto, par exemple, le Consulat ne délivre plus de passeports ni de cartes d’identité. Résultat, les Français doivent se rendre à Lisboa pour ces démarches, soit un aller-retour de cinq à six heures, en plus de la difficulté d’obtenir un rendez-vous. C’est inacceptable. Les services publics ne doivent pas être sacrifiés, la dématérialisation peut être utile, mais elle doit rester un complément, jamais un substitut aux services de proximité.

Après, il y a des enjeux nationaux. Les Français de l’étranger partagent les mêmes préoccupations que leurs compatriotes comme le climat, la transition énergétique, la justice sociale. La planète va mal. Nous devons transformer nos mobilités, rénover nos logements, repenser notre modèle de production et de consommation. Mais cette transition ne doit pas être punitive. Elle doit être construite avec les citoyens, les entreprises et les collectivités, dans un esprit de coopération.

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En quelques mots, pouvez-vous nous donner votre opinion sur la situation politique en France ?

La nomination de Sébastien Lecornu n’est pas une bonne nouvelle. Elle illustre le refus d’Emmanuel Macron de tirer les leçons des élections de l’an dernier. Ce déni ne peut qu’aggraver la défiance des citoyens envers nos institutions et notre démocratie.

Je suis donc préoccupé, mais je garde une conviction : chaque élection, y compris celle-ci, peut être l’occasion de retisser un lien avec les électeurs. Cela dit, je ne me fais pas d’illusions. La crise politique est beaucoup plus profonde, et une seule élection ne suffira pas à la résoudre. Les Français n’attendent plus des promesses, mais des actes concrets, des preuves de sincérité et de responsabilité. C’est ce cap que je veux incarner.