Greenpeace Greenpeace Greenpeace Greenpeace Greenpeace Home Comunidade Il y a 40 ans décédait le photographe portugais Fernando Pereira, dans le sabotage du Rainbow WarriorAntónio Marrucho·7 Julho, 2025Comunidade Il était un peu plus de minuit, dans la nuit du 10 au 11 juillet 1985, lorsqu’une deuxième explosion a lieu sur le bateau de Greenpeace, le Rainbow Warrior. Le bateau se met de côté et sombre à une vitesse vertigineuse dans la baie d’Auckland, en Nouvelle-Zélande. Le photographe portugais Fernando Pereira meurt noyé, à la suite d’une opération de sabotage organisée par les services secrets français destinée à couler le dit bateau. Fernando Pereira était un photographe portugais, vivant aux Pays Bas, originaire de Chaves. On est au début des années 1970 quand Fernando Pereira quitte le Portugal pour échapper au service militaire, étant idéologiquement contre les guerres dans les colonies portugaises en Afrique. Fernando Pereira s’expatrie aux Pays-Bas, où il rejoint Greenpeace, le but étant d’utiliser ses qualités de photographe à des fins politiques. Il était marié à une ressortissante hollandaise et avait deux enfants, Marelle et Paul. Au moment où Fernando Pereira meurt, il était parti avec Greenpeace pour une mission de six mois sur le Rainbow Warrior comme photographe. Fernando Pereira, considéré comme un martyr pour Greenpeace et ses sympathisants, venait tout juste de célébrer son 35ème anniversaire dans l’atoll de Rongelap des îles Marshall avec l’équipage du bateau. Il prévoyait d’aller à Moruroa pour montrer au monde des photos des essais nucléaires français. Tout juste quarante ans se sont passés depuis ce drame, le nucléaire continuant à être motif de discordes entre les pays, à l’exemple, ces derniers jours avec l’Iran. Alors qu’il y a une grande mobilisation internationale contre les essais nucléaires français, Greenpeace se mobilise aussi contre ces essais. Le Gouvernement français se disant harcelé par la contestation, choisit de faire sauter le navire, alors que des membres de l’équipage se trouvaient à bord. Dès la première explosion, l’équipage part du bateau pour se mettre en sécurité, une seconde explosion devant avoir lieu pour faire couler le bateau. Fernando Pereira revient sur ses pas avec l’idée de récupérer son matériel photo, c’est là que la deuxième explosion se produit, Fernando Pereira meurt noyé. Deux membres des services secrets français, Dominique Prieur et Alain Mafart, sont reconnus coupables d’homicide involontaire par une cour de Nouvelle-Zélande. Ils ont été condamnés à dix ans de prison et ont été détenus en Polynésie deux ans. La France se considère victime. Toutefois, sous la pression internationale, elle finit par avouer en reconnaissant les faits, les ordres ne venant directement du niveau supérieur de l’État, quoique ! Pour une telle décision de sabotage, le Chef d’État est informé, les répercussions politiques peuvent être énormes. François Mitterrand aurait pu juger dangereux un tel sabotage et ordonner sa non-exécution. Le Premier-Ministre de l’époque, Laurent Fabius, n’était pas informé de l’action qui se préparait, le Ministre de la Défense, Charles Hernu, quant à lui, finira par démissionner. Le bureau de Greenpeace en France, pour cause de campagne de désinformation, finit par fermer en 1987, réouvrant deux ans plus tard. Dans un entretien d’il y a 10 ans pour Mediapart, le Colonel Jean-Luc Kister, de la DGSE, s’explique longuement sur le déroulement du sabotage du navire. Cet entretien accompagne ses déclarations à la télévision publique de Nouvelle-Zélande où il exprime ses regrets et présente ses excuses, notamment à la famille de Fernando Pereira, le photographe tué dans l’explosion. Jean-Luc Kister, travaillant pour les Services secrets français, n’était pas à sa première intervention, loin de là, toutefois, le fait qu’elle se soit mal passée, le retentissement fut énorme. Le colonel Jean-Luc Kister dit regretter que le sabotage ait provoqué un froid diplomatique entre la France et la Nouvelle Zélande, pays dont 7.780 soldats sont décédés pendant les deux guerres mondiales en défendant la France. Il dit par ailleurs que, pour le sabotage du bateau, il y avait 3 équipes, chacun de 4 membres, avec des missions bien spécifiques chacune, chaque équipe ne connaissant pas l’autre : une qui a transporté les explosifs depuis la Nouvelle Calédonie, une deuxième qui les a récupérés et une troisième qui, avec un zodiaque, dont le pilote était Gérard Royale, frère de Ségolène Royale ont approché du bateau pour y installer l’explosif. Le colonel, dans l’interview, fini pas dire, sous forme de dicton «on a utilisé des gants de boxe pour tuer une mouche», des moyens bien au-delà du raisonnable, toutefois l’État français voulait vraiment faire couler le bateau, ce qui explique les moyens mis en œuvre. Deux explosions étaient prévues côté salle des machines, à une heure où personne ne devait, en principe, pas s’y trouver. La première exposition a pour fonction d’alerte pour faire sortir l’équipage et une deuxième explosion un peu plus tardive, 4 minutes après, pour couler le bateau, l’équipage ne devant plus être, aussi en principe, sur le bateau. Il s’avère que le photographe portugais revient en arrière avec intention de récupérer son matériel. La deuxième explosion a lieu, alors qu’il est sur le bateau. C’est là que le drame a lieu. Selon le Colonel poseur des explosifs, Jean-Luc Kister, le bateau aurait coulé plus rapidement que prévu, car trop vieux et mal entretenu. Par ailleurs, la charge explosive a été mise côté quai pour éviter que si, un bateau passait, par coïncidence, de l’autre côté du Rainbow Warrior, il ne soit pas, lui-même endommagé. Le Colonel admet qu’il y a eu plusieurs petites erreurs, dont le repérage pendant un jour de pluie, alors qu’il faisait beau lors du sabotage, une nuit avec trop de lumière, toutefois il admet que la plus grande erreur a été le déclenchement d’une telle opération. À la question posée par le Directeur de Médiapart, Edwy Plenel, au Colonel, pour savoir si le Président de la République était au courant de l’opération, il a répondu qu’en général, le Chef d’État est informé de ce type d’actions clandestines. L’Élysée donne son feu vert le 28 mai et le Ministère de la Défense le 7 juillet, malgré une certaine opposition de l’Amiral Lacoste, Directeur de la DGSE, qui obtempère, préférant la solution qui consistait à polluer le gasoil du Rainbow Warrior pour l’empêcher de prendre le large. Le sabotage et le drame ont lieu dans la nuit du 10 au 11 juillet. Après avoir renfloué le Rainbow Warrior et enquêté sur sa destruction, le navire a été jugé inapte à la navigation. En 1987, il a été dirigé vers le nord et coulé au large de la baie de Matauri. Son lieu de repos se trouve au large de l’île de Motukawanui, la plus grande des îles Cavalli. Jean-Luc Kister dit avoir dans sa conscience la mort d’un innocent. À Matauri Bay, le Rainbow Warrior Mémorial est inauguré le 22 mars 2009. Un ponton sur la Garonne est inauguré le 9 septembre 2016 au club nautique de la rive droite de Bordeaux, les Marins de la Lune, pour rendre hommage au photographe portugais.