Johan Chermette-Wagner (Place Publique) se présente pour la 5ème circonscription des Français de l’étranger

Élection du Député de la 5ème circonscription des Français de l’étranger (qui regroupe notamment le Portugal, l’Espagne, Andorre et Monaco) : 16 candidats sont en lice pour ce scrutin partiel. Le premier tour aura lieu le 28 septembre et le second tour, le 12 octobre.

Cette nouvelle élection intervient après l’invalidation par le Conseil constitutionnel de l’élection de Stéphane Vojetta, en raison d’irrégularités dans ses comptes de campagne.

C’est dans ce contexte que Johan Chermette-Wagner présente son parcours, son engagement politique, ses priorités pour la circonscription et ses attentes pour ce scrutin au LusoJornal.

.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis né à Perpignan, j’ai grandi dans un petit village à 20 kilomètres de Perpignan qui s’appelle Thuir. Je suis franco-espagnol d’origine de par ma grand-mère qui a fui la guerre civile en 1936. J’ai toujours cultivé un lien très fort avec l’Espagne du fait de la proximité de la frontière depuis ma tendre enfance. Et puis j’ai fait mon parcours d’études entre Bordeaux et Madrid où j’ai vécu deux ans en étant étudiant. Et après j’ai beaucoup voyagé dans différents pays du fait de ma profession parce que je suis responsable de programmes internationaux dans le secteur de la coopération et développement. Donc j’ai travaillé notamment au Maroc, en Italie, j’ai aussi vécu en Belgique.

Après cette longue période à distance, j’ai décidé de rentrer, m’installer avec mon conjoint qui est franco-espagnol de Barcelone à Barcelone. Et donc ça fait cinq ans maintenant que je suis à Barcelone. Je travaille maintenant pour une fondation sociale, après avoir travaillé de nombreuses années pour l’agence française de développement et le fonds d’innovation pour le développement. Et là je suis pour une fondation spécialisée dans le social et j’aide des jeunes en situation de vulnérabilité à s’installer sur le marché du travail au Sénégal et en Colombie.

Donc j’ai un lien assez fort à la fois avec cette circonscription familiale puisqu’en fait Perpignan est très proche de Andorre. Donc je me suis très souvent rendu, j’étais très souvent en Espagne, j’habite en Espagne, je vais souvent au Portugal. Donc c’était une évidence pour moi.

.

Quel est le nom de votre suppléant et quel est son parcours ?

Ma suppléante c’est Aurélie Salvert, c’est une Française qui vit depuis 20 ans dans la circonscription en Espagne, à Barcelone, et qui est spécialisée sur les questions d’inclusion, qui a monté sa propre entreprise de conseils en inclusion et en égalité femmes-hommes pour les entreprises du secteur privé, qui est aussi écrivaine, qui a également introduit les TEDx à Barcelone. Elle a beaucoup travaillé sur les questions d’intelligence collective, de co-construction de projets, sur toutes ces questions.

.

Avez-vous un lien avec le Portugal ?

Mon lien avec le Portugal est double. D’abord, j’ai beaucoup voyagé et passé du temps dans ce pays depuis longtemps. J’y suis très attaché et j’ai même envisagé d’y vivre à Lisboa, ce qui ne s’est pas fait. J’ai de nombreux amis qui y ont vécu ou y vivent encore, et cela m’a permis de mieux connaître le pays.

Ensuite, j’ai aussi des liens professionnels et éducatifs. Plusieurs de mes amis ont travaillé pour la France au Portugal, notamment dans les lycées français, ce qui m’a donné une bonne connaissance des réalités de l’éducation française dans ce pays. Par ailleurs, j’ai étudié un an au Collège d’Europe à Bruges, où j’ai côtoyé de nombreux Portugais pro-européens. Cela m’a permis de découvrir la culture portugaise et de renforcer mon réseau européen.

Je n’y habite pas et je ne parle pas portugais, mais sa proximité avec l’Espagne et sa place dans la péninsule ibérique ont fait que j’ai souvent été présent dans le pays et que je le connais bien.

.

Sous quelle forme vous présentez-vous à cette élection et bénéficiez-vous d’un soutien particulier ?

Je me présente sous l’étiquette Place Publique, le parti cofondé et coprésidé par Raphaël Glucksmann et Aurore Laluc, qui sont tous deux eurodéputés. Aurore Laluc est notamment Pprésidente de la Commission économique et monétaire du Parlement européen.

Pour Place Publique, c’est un enjeu assez important, parce que c’est l’une des premières fois qu’on présente un candidat sous cette étiquette dans une circonscription des Français de l’étranger. Cette circonscription est particulière, puisqu’elle comprend plusieurs États membres de l’Union européenne, avec une population très europhile.

Place Publique s’est créée sur des valeurs profondément pro-européennes, avec un ancrage sur les questions internationales. C’est un parti humaniste, social, écologiste, et pour nous, ça avait vraiment tout son sens de se présenter ici.

Je bénéficie bien sûr du soutien du parti, notamment de Raphaël Glucksmann, qui va venir à Barcelone le 25 septembre pour appuyer ma candidature. J’ai aussi le soutien de l’ensemble des Députés Place Publique, à la fois à l’Assemblée nationale, ainsi qu’au Parlement européen.

.

Quelle est votre réaction à la décision du Conseil constitutionnel d’invalider l’élection de Stéphane Vojetta suite à des irrégularités dans ses comptes de campagne ?

C’est une décision de justice, et je préfère ne pas la commenter directement. C’est le Conseil constitutionnel qui a décidé, et je respecte totalement les institutions. Stéphane Vojetta a eu l’occasion de se présenter à plusieurs élections et il connaissait très bien le code électoral. Cette fois-ci, il s’est fait sanctionner, et je respecte la décision.

Par contre, je trouve dommage d’en arriver là. Les Français de l’étranger ont déjà connu cinq élections en huit ans, et je pense qu’il y avait un enjeu de responsabilité, surtout dans le contexte actuel : instabilité politique en France, dette publique qui impose des décisions réfléchies, accords et coopération nécessaires.

Alors je ne commenterai pas la décision en elle-même, mais je trouve que la situation est assez irresponsable, et c’est regrettable pour la continuité et la crédibilité de la représentation des Français de l’étranger.

.

Quelles sont vos priorités et les idées principales que vous souhaitez défendre pour les Français de la 5ᵉ circonscription de l’étranger ?

Mes priorités pour les Français de la 5ᵉ circonscription de l’étranger reposent sur trois grands axes : l’éducation, les services publics de proximité et le climat. Mon expérience de Français de l’étranger depuis dix ans, notamment en Espagne et au Portugal, m’a montré les enjeux de l’enseignement français à l’étranger. L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) subit une crise budgétaire chronique, et ma priorité sera de la sortir de cette crise en associant pleinement les partenaires sociaux et la société civile. Cela permettra de limiter la hausse des frais de scolarité, de défendre et de rendre plus accessibles les bourses scolaires, y compris pour les classes moyennes touchées par l’inflation, et de garantir un accès équitable à l’éducation française à l’étranger.

Je souhaite également défendre ce que j’appelle les «faiseurs de liens». Il s’agit d’abord des Cconsulats et de leurs agents, en renforçant leurs capacités dans les domaines juridiques, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et les questions environnementales et sociales. Il s’agit ensuite des instituts français, dont il faut soutenir les programmations culturelles afin de maintenir le lien entre la France et les pays de la circonscription, notamment le Portugal, l’Espagne, Andorre et Monaco. Les associations jouent elles aussi un rôle clé dans l’accueil, l’intégration et le lien social, et il est essentiel d’améliorer la transparence et l’accessibilité des subventions qui leur sont destinées. Enfin, les entrepreneurs et les entreprises françaises à l’étranger doivent être accompagnés et valorisés pour leur rôle dans l’innovation et les écosystèmes économiques locaux.

Le changement climatique constitue le troisième axe de mes priorités, car il reste encore trop peu abordé. Les canicules, les inondations et autres catastrophes naturelles que nous avons vécues en Espagne et dans le sud de la France montrent l’urgence d’agir. Il est indispensable de renforcer les consulats pour mieux anticiper et accompagner les citoyens face aux risques climatiques, de développer des politiques d’adaptation ambitieuses et d’investir dans la mobilité durable, le transport ferroviaire et la rénovation des infrastructures vieillissantes afin de renforcer les lignes internationales et construire une véritable Europe du rail. Ces trois axes – éducation, services de proximité et climat – sont au cœur de mon action pour défendre les Français de cette circonscription et agir pour l’intérêt général.

.

En quelques mots, pouvez-vous nous donner votre opinion sur la situation politique en France ?

Moi, je pense que la situation politique actuelle en France est largement le résultat d’une dissolution que je considère comme irresponsable, décidée par Emmanuel Macron en juin 2024. Cette décision a entraîné une instabilité chronique, qui rend difficile la prise de décisions à cause du manque de dialogue et de coopération, et qui accentue un débat politique très tendu, parfois marqué par beaucoup de violences verbales. Pour faire face aux enjeux économiques et sociaux qui nous attendent, il faudra rétablir une forme de dialogue et maintenir une coopération plus apaisée, fondée sur le consensus, jusqu’aux prochaines élections de 2027. Il sera alors nécessaire de construire des majorités, en particulier de gauche, pour pouvoir voter des projets de loi qui répondent aux enjeux sociaux et climatiques. À mon avis, la situation actuelle est profondément instable, et cela vient principalement de ce gouvernement. Il faudra donc travailler à rétablir un peu de concorde entre toutes les forces politiques pour surmonter cette période difficile. Je ne crois pas qu’une nouvelle dissolution soit une solution, mais tout dépendra de la capacité du gouvernement à écouter et à prendre en compte les recommandations de la gauche.