Johana Maurel (Rassemblement National) se présente pour la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger


Élection du Député de la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger (qui regroupe notamment le Portugal, l’Espagne, Andorre et Monaco) : 16 candidats sont en lice pour ce scrutin partiel. Le premier tour aura lieu le 28 septembre et le second tour, le 12 octobre.

Cette nouvelle élection intervient après l’invalidation par le Conseil constitutionnel de l’élection de Stéphane Vojetta, en raison d’irrégularités dans ses comptes de campagne.

C’est dans ce contexte que Johana Maurel présente son parcours, son engagement politique, ses priorités pour la circonscription et ses attentes pour ce scrutin au LusoJornal.

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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

J’ai, depuis 2021, rejoint le Rassemblement national. Anciennement membre des Républicains, assez déçue du comportement de mon groupe politique qui n’avait de cesse de trahir ses électeurs, j’ai préféré rejoindre un groupe politique qui, à mon sens, a une ligne qui ne change pas depuis des années et qui a, comme intérêt principal, de défendre la France et les Français, ce qui, au regard de ce qui se passe aujourd’hui dans notre pays et plus largement dans le monde, me correspondait le plus.

Mon lien avec la cinquième circonscription, est à la fois affectif, puisque j’y ai vécu pendant 5 ans, mes enfants ont été scolarisés au Portugal. Il est linguistique, puisque je parle portugais et j’adore bien évidemment pratiquer cette langue, très riche. Il est culturel. Nous avons un lien très fort aussi sur le plan géographique, puisque nous sommes tous situés sur le continent européen, ce qui n’est pas rien aujourd’hui. Beaucoup de choses qui font que cette circonscription, je la connais bien.

Je suis moi-même niçoise d’origine, donc j’ai une grosse proximité avec la principauté de Monaco. Je ne vis pas loin d’Espagne, je suis très attachée à cette circonscription et je la connais bien, et surtout sur des sujets qui ont des liens entre la France notamment et l’Espagne.

Depuis 2023 je suis responsable de la Fédération des Français d’étrangers, que j’organise, que j’anime, sous la présidence de Jordan Bardella et de Jean-Lacapelle, qui est le délégué de la Fédération des douze circonscriptions dans le monde, et aujourd’hui j’ai la charge de la cinquième circonscription.

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Quel est le nom de votre suppléant et quel est son parcours ?

Mon suppléant est Grégoire Lepoutre, chef d’entreprise à Madrid, implanté depuis quelques années, qui lui-même a ses enfants scolarisés au lycée à Madrid, qui, pareil, à une antériorité d’expatrié, puisque moi j’ai vécu également au Maroc et lui a vécu à Londres, donc on a tous les deux une connaissance assez fine des préoccupations, des inquiétudes des Français de l’étranger.

Il a décidé de me rejoindre un petit peu plus tardivement, mais pour les mêmes raisons que les miennes. Après avoir tenté de comprendre les alliances contre nature que les groupes politiques avaient l’habitude de faire depuis quelques années, il est arrivé à un point de rupture où il a décidé de nous rejoindre et de rentrer dans un vrai groupe politique. Et puis surtout, nous sommes la première force politique nationale en France, et vous avez bien compris, compte tenu des enjeux nationaux et internationaux, il n’est pas question de faire candidature isolée.

Quand on veut faire un vrai travail parlementaire, on a besoin d’être épaulé par un vrai groupe fort et qui a la capacité de travailler les dossiers dans le fond et non pas dans la forme.

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Quels sont aujourd’hui vous liens avec le Portugal ?

Mes liens avec le Portugal sont multiples. D’abord, c’est une destination que je connais parfaitement bien, j’ai énormément d’amis et de la famille aussi. J’y ai été installée pendant plus de 5 ans. J’ai également un lien aussi en France puisque je rappelle que la communauté portugaise représente la deuxième communauté immigrée en France. Donc on a autour de nous, même sans être au Portugal, énormément de personnes qui sont d’origine portugaise.

Il y a beaucoup d’associations portugaises en France. Et ce sont des gens avec lesquels j’ai un lien extrêmement fort. Je trouve que c’est un peuple extrêmement discipliné, qui a une valeur de la famille et du respect qui correspond aux miennes. Et puis, nous avons un lien très fort avec eux aussi puisque nous cohabitons depuis des années et ça a toujours été un peuple très respectueux. Et en termes d’immigration, ce sont même des exemples que nous pourrions citer pour faire des comparaisons avec d’autres communautés avec lesquelles ça se passe moins bien.

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Sous quelle forme vous présentez-vous à cette élection et bénéficiez-vous d’un soutien particulier ?

Nous, nous avons la particularité sur cette candidature – puisque c’était un peu la volonté de cette candidature et c’est la volonté d’ailleurs de mon groupe politique Rassemblement National – de rassembler le plus largement possible. Et donc, on a décidé de faire une candidature patriote avec Grégoire qui, lui, fait partie du groupe UDR (Groupe Union des droites pour la République), donc d’Éric Ciotti. Et nous voulons absolument représenter plus largement les Français de l’étranger avec une candidature patriote.

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Quelle est votre réaction à la décision du Conseil constitutionnel d’invalider l’élection de Stéphane Vojetta suite à des irrégularités dans ses comptes de campagne ?

Écoutez, je n’ai pas pour habitude de commenter des décisions de justice, et surtout du Conseil constitutionnel. Je ne connais pas le dossier, je ne l’ai pas lu. Aujourd’hui, je suis focus sur une élection où les Français de l’étranger n’ont jamais obtenu satisfaction à leurs demandes et à leurs préoccupations de la part des précédents Députés qui les ont représentés. Donc voilà, je n’ai pas de commentaire à faire. Une nouvelle page s’ouvre. Cette personne n’est plus présente dans le paysage politique de la cinquième circonscription. Il n’y a pas de sujet.

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Quelles sont vos priorités et les idées principales que vous souhaitez défendre pour les Français de la 5ᵉ circonscription de l’étranger ?

Sur la cinquième circonscription de l’étranger – comme je dis à chaque fois sur chaque interview – c’est malheureux, mais il faut quand même le répéter, depuis que je suis partie, notamment au Portugal, mais de toute façon en Espagne, à Monaco et en Andorre, c’est pareil, les préoccupations sont quasiment les mêmes depuis des années. C’est-à-dire depuis la création des Députés des Français de l’étranger en 2012, si ma mémoire est bonne. Les préoccupations ont toujours été les mêmes et elles n’ont pas été réglées, notamment dans le domaine de la faculté de pouvoir utiliser les services publics pour des dossiers administratifs, pour des papiers, pour des passeports, pour des cartes d’identité, des choses qui devraient être réglées de façon extrêmement simple, sont toujours aujourd’hui une grosse difficulté, notamment pour ceux qui n’habitent pas à côté des Ambassades et Consulats. Donc la simplification administrative est, bien évidemment, une priorité.

Nous avons également une priorité qui sera axée aussi sur l’enseignement d’une part, sur les frais scolarités sur certains lycées où les classes sont toujours surchargées. J’ai eu l’occasion, il y a 15 jours, d’interroger une enseignante du lycée Charles-Pierre à Lisboa, où étaient d’ailleurs scolarisés mes enfants, et qui me disait que l’enseignement se dégradait, les classes étaient toujours surchargées et que finalement rien n’avait été fait, que les frais de scolarité devenaient vraiment un obstacle pour les Français de l’étranger. D’ailleurs, aujourd’hui, j’étais avec la personne qui s’occupe de la circonscription Italie et qui me disait que de plus en plus de Français ont renoncé à scolariser leurs enfants. Donc c’est un peu fort de voir des Français qui ont à disposition, et on est quand même un des rares pays à avoir autant de lycées français à l’étranger, renoncer à mettre leurs enfants pour des raisons financières. Lorsqu’on voit qu’on a des personnes chez nous qui rentrent, qui n’ont jamais travaillé, qui n’ont aucun droit, à qui on donne tous les droits, je pense qu’on pourrait quand même faire un minimum d’efforts et œuvrer sur le plan législatif, au niveau des bourses, pour que ces Français à l’étranger puissent quand même scolariser leurs enfants. Je rappelle tout de même que la langue française est un outil diplomatique et culturel, extrêmement important. Promouvoir la langue française, c’est essentiel. Et quand on regarde ce qui se passe aujourd’hui, si nous continuons, nous risquons d’avoir des Français de l’étranger qui renoncent et qui partent sur de l’enseignement d’école soit locale, soit étrangère. Et je trouve ça vraiment dommage.

Le troisième point, c’est la fiscalité. Mais si vous regardez les propositions qui ont été faites par les candidats précédents, c’était toujours les mêmes préoccupations. Parce que ce sont les principales et jamais aucun Député n’a été force de proposition pour améliorer, malheureusement, ces préoccupations. Donc, sur le plan fiscal, je reste toujours assez générale puisque chacun a une fiscalité différente en fonction de sa situation en tant qu’expatrié. Vous avez les expatriés qui sont détachés avec des salaires français, donc ils n’ont pas tout à fait la même fiscalité. Vous en avez d’autres qui sont résidents. Il y a des choses à régler sur la fiscalité.

Ce sont les trois premières priorités. Et puis, il y en a d’autres, comme par exemple des personnes qui rencontrent des difficultés aussi pour rentrer. Parce que les Français d’étranger, ils sont à l’étranger, mais parfois ils rentrent en France et parfois ils ne sont pas aidés. On a des expatriés qui divorcent et qui se retrouvent dans un pays un peu perdu. Pas d’avocats, ils ont besoin d’assigner la justice, mais c’est compliqué. On n’a pas toujours d’avocats dans les ambassades qui sont disponibles pour les aider. Des problèmes de succession. C’est tellement divers et varié que j’ai envie de vous dire qu’il y a beaucoup de travail. Il y a beaucoup de travail qui m’attend demain, si je suis élue. Mais que les lecteurs qui lisent cette interview sachent que je ferai de mon mieux pour les défendre et les représenter.

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En quelques mots, pouvez-vous nous donner votre opinion sur la situation politique en France ?

J’ai envie de vous dire qu’il suffit d’allumer la télé pour voir ce qui se passe en France. Il n’y a pas un secteur, pas un pilier régalien qui n’est pas ébréché, qui n’est pas aujourd’hui dans un état de délabrement. Et pour parler de la situation politique du pays, j’ai envie de vous dire, demandez à la candidate macroniste [ndlr : Nathalie Coggia, candidate également sur la 5ème circonscription des Français de l’étranger, qui était la suppléante de Stéphane Vojetta] qui, normalement, c’est à elle de répondre à ce bilan désastreux. J’ai envie de répondre à ça : ne vous trompez pas de bulletin le 28 septembre prochain.

Figurez-vous que la candidate macroniste fait circuler de fausses informations. Heureusement que j’ai la possibilité de m’exprimer et effectivement d’envoyer une circulaire juste avant les élections pour rétablir la vérité. Le Rassemblement national est totalement contre l’impôt universel. Je le dis, je le répète, c’est la troisième interview et tous les jours nous avons cette macroniste qui, au lieu de répondre de son bilan désastreux, passe son temps à envoyer de fausses informations aux électeurs. Les électeurs ne sont pas dupes, on connaît les macronistes, mais je le répète, nous sommes contre l’impôt universel.

Elle avait également essayé de faire passer une information comme quoi le Rassemblement national était contre la binationalité. J’ai eu Sébastien Chenu qui est venu m’accompagner sur une réunion publique à Madrid et qui l’a dit, la binationalité est inscrite dans la loi, il n’a jamais été dans le groupe Rassemblement national force de proposition pour un jour modifier la binationalité. Nous sommes pour la binationalité et nous en sommes très fiers. C’était juste pour rétablir la vérité sur les mensonges qui sont proférés depuis maintenant 15 jours par cette candidate. Mais après, nous sommes habitués, quand les groupes politiques n’ont plus rien à dire sur le bilan dont ils sont responsables, plutôt que de parler de leur bilan désastreux, parfois ils préfèrent parler de choses beaucoup plus légères. C’est un peu une campagne de caniveau pour moi. Quand on a la volonté d’être un député, représenter les Français dans un pays où il y a une tension, un niveau d’anxiété extrêmement fort avec des difficultés au quotidien sur tous les sujets, je pense qu’on doit faire preuve de loyauté, de sincérité et surtout de sérieux. Je pense que les Français attendent ça de nous aujourd’hui.