La ‘Mostra de Cinéma’ de l’association ‘Mémoire Vive’ sur l’immigration portugaise et la Révolution des Œillets


Pour commémorer les 50 ans de la Révolution des œillets, l’association Mémoire Vive / Memória Viva propose un événement exceptionnel : un week-end de projections de films rares ou inédits.

La Mostra de Cinéma «Les Œillets Oubliés» aura lieu au cinéma l’Entrepôt, à Paris, du 8 au 10 novembre et les projections seront suivies de discussions avec les réalisateurs, des témoins et des chercheurs.

Ces œuvres ont pour point commun de mettre en lumière les liens entre l’immigration portugaise en France et la Révolution du 25 avril 1974. «Il s’agit d’une thématique croisée qui nous tient à cœur, mais qui nous semblait complètement absente des commémorations officielles».

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Les projections

Le vendredi 8 novembre, à 19h00, sera projeté «Les Mains Invisibles» d’Hugo dos Santos (2022, 1h30). «Dans les années 1970, une maison à Paris abritait des dizaines de déserteurs portugais fuyant la guerre coloniale. Seules les archives de la police politique portugaise conservent les traces de leurs activités anticoloniales. D’un personnage à l’autre, recueillant témoignages et images d’amateurs, le réalisateur part à la recherche de cette mémoire clandestine». Le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur Hugo dos Santos, et Vasco Martins, personnage principal du film et activiste anticolonial dans les années 60/70 à Paris.

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Le samedi 9 novembre, à 14h30 sera projeté «Ici peut-être» (nouvelle copie restaurée) de Gérard Chouchan (1975, 1h36). «Un soir, à la gare d’Austerlitz, Joaquim Ferreira arrive du Portugal. Il se rend immédiatement chez son ami François et lui expose les raisons de son voyage : son jeune frère Arthur est venu en France il y a environ deux ans pour travailler, mais il semble avoir disparu. Cette recherche mène Joaquim et François sur différents chantiers où les ouvriers étrangers ne possèdent pas toujours des papiers en règle, où certains meurent accidentellement sans que personne ne s’en inquiète. Ils disparaissent alors comme s’ils n’avaient jamais existé. Ce film montre l’extrême précarité des conditions de vie de certains travailleurs immigrés dans la France des années 70, à travers les recherches menées par un homme pour retrouver son frère disparu». La projection sera suivie d’un échange en salle avec l’historien Tangui Perron, spécialiste des rapports entre mouvement ouvrier et cinéma, et Artur Monteiro, journaliste et activiste au sein de l’immigration portugaise.

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Le samedi 9 novembre, à 17h00, sera projeté le film «Nous, les ouvrières de la Sogantal» de Nadejda Tilhou (2008, 58 minutes). «Portugal, 1974. Peu après le coup d’État du 24 avril, 48 ouvriers de Sogantal occupent leur usine, réclamant de meilleures conditions de travail. Le patron, un Français, s’enfuit. La lutte des Sogantal devient rapidement emblématique de la période révolutionnaire portugaise. Trente ans plus tard, que reste-t-il de la lutte de Sogantal ?». La projection suivie d’un échange en salle avec la réalisatrice et Ariel de Bigault, réalisatrice et activiste française ayant suivi la lutte des ouvrières de la Sogantal pendant la révolution des œillets.

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Le samedi 9 novembre, à 19h00, sera projeté le film «Terres Occupées» de José Vieira (2022, 1h16). «Terres occupées est l’histoire d’une dépossession racontée par les habitants des montagnes de Caramulo. Les gens parlent de leur vie après l’occupation violente et le boisement de leurs terres communales par l’État en 1941. Ils parlent de la misère et de l’émigration, des ruptures et des blessures imposées par le cours violent de l’histoire, ils racontent leur résistance à cette expropriation. Ils gardent le souvenir d’une époque où les communautés se construisaient sur une perception collective du territoire qui les entourait». La projection sera suivie d’un échange en salle avec le réalisateur et Mickaël Correia, journaliste à Médiapart.

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Le dimanche 10 novembre, à 14h30, sera projeté «Chroniques d’émigrés» (nouvelle copie) de Manuel Madeira (1980, 2h33). «Dans une zone urbano-industrielle de la banlieue parisienne, une communauté d’environ six cents travailleurs immigrés portugais a créé une association pour permettre à ce groupe social de s’exprimer et de s’affirmer. Tout en organisant leur présent, les immigrés réfléchissent à leur passé de citoyens opprimés par un régime despotique qui les a violemment exclus de leur héritage géographique et culturel». La projection sera suivie d’un échange en salle avec la productrice du film, Yvette Tessaro, et António Topa, poète, militant associatif, et personnage du film.

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Pourquoi la Mostra ?

«Comment l’immigration portugaise a-t-elle influencé ou participé à la chute de la dictature de l’Estado Novo ? Quelles ont été les réactions en France, de la population française comme des Portugais vivant en France ? Quel impact la Révolution a-t-elle eu sur les immigrés portugais ?» se demande l’association Mémoire Vive / Memória Viva. «Ces questions éclairent un événement – devenu un des mythes fondateurs de l’État portugais post-dictature – en faisant un pas de côté. Car il nous apparaît que la Révolution des œillets est trop souvent perçue comme une aventure exclusivement portugaise».

«Il existe pourtant une histoire africaine de la Révolution des œillets, et très probablement un 25 avril 1974 immigré. C’est en partant de cette hypothèse que nous avons élaboré ce programme de projections et de discussions».

Les discussions qui se produiront à l’issue de ces projections ont pour vocation d’apporter une information peu divulguée, mais également de donner la parole aux créateurs, aux chercheurs et au public. Car les questions qui y seront abordées ne sont pas encore tranchées et/ou n’ont pas encore été disséquées par les chercheurs.

«Comme toujours, notre association fait le pari que la fabrication de l’histoire et construction d’une mémoire collective ne peut se faire sans une participation ouverte à l’ensemble des acteurs de la société» écrit l’association Mémoire Vive / Memória Viva. «Plus largement, il s’agit également de se pencher sur des problématiques qui cimentent encore aujourd’hui la relation unique qui lie la France et le Portugal».

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Cinéma l’Entrepôt

7 rue Francis de Pressensé

75014 Paris

Métro : Pernety

Séances au tarif unique de 5 euros

LusoJornal