Landes : Exposition sur «Gurs, le camp maudit» par l’Association Portugal Passion Traditions


L’Association Portugal Passion Traditions a organisé une exposition les 11 et 12 octobre, à Saint Martin de Seignanx, dans les Landes, sur le thème «Gurs, le camp maudit».

Pourquoi ce thème ? Carlos Águeda Rosa, Président de l’association et auteur de l’exposition explique que «j’ai été invité en tant que Président de l’association à l’inauguration, à Gurs, d’une stèle à la mémoire des 349 combattants portugais internés avec leurs frères d’armes espagnols et d’autres nationalités entre 1939 et 1940, dans le camp français de Gurs, situé dans les Pyrénées-Atlantique».

De nombreuses personnalités portugaises, espagnoles, allemandes, juives étaient présentes pour rendre hommage et se souvenir des personnes internées à Gurs. LusoJornal aussi était présent et a fait un reportage sur cet évènement.

«Au cours de cette journée j’ai découvert cette page de l’histoire, j’ai appris l’existence et l’atrocité des conditions de vie dans le camp d’internement» explique le dirigeant associatif.

Gurs est un petit village près d’Oloron Sainte Marie (64) où a été construit ce camp en 42 jours, de mars à avril 1939, sur 79 hectares. Il se composait de 382 barraques reparties en 13 îlots. Chaque barraque pouvait contenir jusqu’à 60 internés. Des barbelés ceinturaient chaque îlot ainsi que le camp lui-même.

Situé sur un terrain argileux et un climat pluvieux de l’automne au printemps, le camp est un véritable bourbier. Cette humidité était responsable du pourrissement des barraques et la prolifération des rats.

Le Gouvernement français créa le camp de Gurs en avril 1939 avant la guerre avec l’Allemagne et bien avant l’occupation de la France en juin 1940.

A l’origine, Gurs servit de camp de détention pour les réfugiés politiques et les membres des Brigades internationales qui fuyaient l’Espagne après la Guerre civile espagnole. Entre le 2 avril et le 31 août 1939 ont été retenus 24.530 internés, des espagnols républicains, des volontaires des brigades internationales de nombreuses nationalités différentes parmi eux 349 portugais.

Au début de l’année 1940, le Gouvernement français y interna environ 4.000 réfugiés juifs allemands considérés comme des «étrangers ennemis» ainsi que des dirigeants politiques français de gauche opposés à la guerre avec l’Allemagne. Après l’Armistice de la France avec l’Allemagne signé en juin 1940, Gurs tomba sous l’autorité du nouveau Gouvernement français, celui de Vichy, engagé dans la collaboration avec le Reich.

Les conditions dans le camp de Gurs étaient très rudimentaires. Le camp était surpeuplé et les gens y souffraient en permanence de pénurie d’eau, de nourriture et de vêtements. En 1940 et 1941, 800 détenus moururent des suites de maladies contagieuses, dont la typhoïde et la dysenterie.

En octobre 1940, les autorités allemandes déportèrent 7.500 juifs du Sud-Ouest de l’Allemagne vers la zone non-occupée de la France. Les responsables de Vichy internèrent la plupart d’entre eux à Gurs. De ce premier groupe, 1.710 juifs furent finalement libérés, 755 s’évadèrent, 1.940 purent émigrer, et 2.820 hommes furent enrôlés dans les bataillons de travail français.

Entre le 6 août 1942 et le 3 mars 1943, les autorités de Vichy livrèrent aux Allemands 3.907 prisonniers juifs de Gurs, qui furent pour la plupart envoyés au camp de transit de Drancy, en banlieue parisienne. A partir de Drancy, ils furent déportés en six convois vers les camps de mise à mort situés en Pologne occupée, principalement vers Auschwitz.

Les autorités de Vichy fermèrent le camp de Gurs en novembre 1943. Au total, transitèrent par Gurs près de 22.000 prisonniers, dont plus de 18.000 étaient juifs. Plus de 1.100 prisonniers moururent dans le camp. En 1944, Gurs fut brièvement rouvert pour y interner des prisonniers politiques et des résistants arrêtés par la police de Vichy. Après la libération de la France par les Alliés en août 1944, les autorités françaises utilisèrent Gurs pour y détenir des prisonniers de guerre allemands et des collaborateurs français. A la fin de l’année 1945, les autorités de la République française fermèrent définitivement le camp de Gurs.

«J’ai voulu rendre hommage à tous ces hommes et femmes qui sont passés et certains morts à Gurs. Dans les archives j’ai retrouvé l’existence de Vasco de Castro, portugais interné avec les Brigades internationales» explique Carlos Águeda Rosa. «Il n’existe malheureusement pas beaucoup de documentation directe sur l’internement des portugais. Certains incorporés dans le groupe des Brigades internationales n’étaient pas nécessairement des engagés volontaires. Cela était le cas de Vasco de Castro qui est retourné dans sa patrie en mars 1940. A travers des photos d’époque en noir et blanc et des documents d’archives j’ai voulu partager cette histoire douloureuse et tragique de ce camp maudit de Gurs».

Parmi les nombreux visiteurs, il y avait Lionel Causse, Député de la 2ème circonscription des Landes, et Jean Louis Rouet, Maire honoraire de la ville de Saint Martin-de-Seignanx.

«Nous avons eu de très bons retours sur cette exposition très bien documentée et très instructive car beaucoup de visiteurs ne connaissaient pas cet épisode de l’histoire» assure le Président de l’association. Pourtant Saint Martin-de-Seignanx se trouve à 75 km de Gurs.

De nos jours, on peut visiter le camp de Gurs où l’on trouve un mémorial explicatif, une reconstitution d’une barraque, un cimetière… Tout avait été brûlé et une forêt a été plantée par-dessus les vestiges du site.