LusoJornal / Luís Gonçalves

Le coffre offert par le Portugal à la ville de Lille: émotions et légende

Nous sommes le 8 janvier 2014, il est 10h00 quand nous arrivons, moi et l’ami photographe, Luís Gonçalves, à la Mairie de Lille. Nous avions déclenché la rencontre, mais nous ignorions jusqu’où notre initiative allait nous amener… Un moment unique… cela restera à jamais gravé dans nos mémoires.

Nous avons, malgré nous, fait tomber une légende, et pourtant elle était belle cette légende. On a presque envie de demander des excuses, même si nous n’y sommes pas pour grand chose.

Nous pourrions, LusoJornal pourrait, ne pas divulguer les photos faites à l’occasion par Luís Gonçalves. Nous avons pris le choix de les publier, elles sont uniques, LusoJornal a eu la primeur, il vous les fait connaître.

Pendant que Luís Gonçalves photographiait et que nous vivions un moment rare et intense, Patrick Kanner, futur Ministre de la Ville de la Jeunesse et des Sports, voyant tout le mouvement dans le couloir du premier étage de la Mairie, lui qui y passait presque tous les jours, nous a demandé ce que nous faisions là.

De quoi parle-t-on? De la malle offerte par le Portugal le 17 octobre 1920 et de la décoration reçue par la ville au Grade de Chevalier de l’Ordre de Torre e Espada pour remercier la ville et ses habitants, que, malgré le danger, ont aidé, comme ils ont pu, les soldats portugais faits prisonniers en route vers les champs en Allemagne à la suite de la Bataille de La Lys. Ils ont donné à manger et à boire au risque de recevoir des coups portés par les soldats Allemands.

Il est de remarquer et remarquable que l’Ordre de la Tour et de l’Épée du Portugal, est l’une des trois médailles qui décorent les armoiries de la ville de Lille.

Sachant de l’existence de la dite malle, nous avons contacté le service de presse de la Mairie de Lille pour faire une photo qui servirait à illustrer un article que nous voulions faire pour le LusoJornal.

Notre initiative fut bien au-delà de ce que nous espérions. Cela a provoqué la réunion avec deux employés des services municipaux, des personnes des archives et du Service du Patrimoine de la ville de Lille.

Tout le monde connaissait la malle, beaucoup de gens passaient à côté d’elle sans connaître vraiment son histoire et son contenu.

Les deux employés de la Mairie ont soulevé un caisson en verre pour qu’on puisse avoir accès à la malle.

On ouvre la malle. La dernière fois qu’elle avait été ouverte remontait au 19 mars 1976, lors de la visite de Mário Soares à la ville de Lille.

Les recherches que nous avons faites, amènent à dire qu’une seule fois le drapeau du Portugal qui est à l’intérieur de la malle a participé à un défilé. Cela a eu lieu le 09 octobre 1949 lors de la remise de la Croix de Guerre à la ville de Lille. Le drapeau étant très solide, aurait bien supporté la pluie qui tomba ce jour-là.

La légende disait que cette malle n’était ouverte qu’en présence d’un Président de la République portugaise.

Lors de la réception de ce 9 avril 2018, en Mairie de Lille, vers 18h30, est-ce que le Premier Ministre Portugais, António Costa pourra apprécier cette malle et surtout ce qui recèle à son intérieur? Nous ne le savons pas encore.

A l’intérieur de la malle il y a un drapeau du Portugal magnifiquement décoré et avec les filigranes en or.

Avec la malle, a également été offert un parchemin dans lequel on remercie la ville de Lille. L’histoire du Portugal y est racontée. Dans la dernière page a été opposée la signature des officiers qui ont assisté à la cérémonie. On peut distinguer la signature du Maréchal Pétain (en haut à droite). N’oublions pas que nous étions en1920!

Ce parchemin n’est plus visible depuis notre visite, il est en restauration.

On peut également voir un deuxième petit coffre qui a été offert par le Bataillon de Tancos, pour commémorer le 60ème anniversaire de la bataille. Tancos étant le lieu où grande partie des soldats portugais ont été formés avant de rejoindre la région du nord en 1917 et 1918, en provenance de Brest.

C’est à la Junta Patriática do Norte qu’on doit la souscription de fonds et tout le travail fait sur la malle.

Au jeune António Lima, qui sera plus tard considéré comme grand dessinateur et coloriste, a été confiée l’étude de l’arche et sa décoration.

Margardia Barbedo Pinto – et ses élèves – s’est chargée gracieusement du crochet en mettant à l’honneur la beauté de son art dans la sphère armillaire du drapeau portugais et dont la légende tirée de l’œuvre de Luís Camões «esta é a ditosa Pátria minha amada».

Pendant la confection du drapeau, Margarida Barbedo Pinto, le Ministre de la Guerre et de la Marine, est venu avec les membres de la Junta apprécier les travaux avant d’être complètement terminés. En remerciement du travail accompli et de sa beauté, le Ministre de la Guerre a proposé que Margardia Barbedo Pinto reçoive la décoration de Chevalière de l’Ordre du Christ. Elle recevra cette distinction le 31 janvier 1921, le même jour que la Junta Patriótica do Nord reçoit le collier de la Tour et de l’Epée.

Les plans de l’arche et décorations en filigranes et émaux sont confiés à la joaillerie Miranda & Fils. L’arche en noyer américain a été fabriquée par la Maison Nascimento, le but étant d’y mettre le drapeau et bâton démontable, relié par des applications en argent sculpté, avec une lance à son extrémité.

L’intérieur du couvercle a été rembourré et doublé. C’est là qui a été écrite la dédicatoire de l’armée portugaise à la ville de Lille.

Le drapeau portugais a été confié au Capitaine Maçãs Fernandes par Mário Vasconcelos Sá et Alberto de Aguiar, membres de la Junta Patriótica do Norte, le 14 octobre 1920 dans la bijouterie Miranda & Filhos, avant de suivre vers la Lille.

Le livre en forme de parchemin qui contient le résumé de l’histoire du Portugal a été écrit par le professeur du lycée de Porto, Mário Vasconcelos Sá, qui occupait également le poste de Secrétaire de la Liga Patriática do Norte.

 

[pro_ad_display_adzone id=”9235″]

 

LusoJornal