LusoJornal | LSGLe devoir de Mémoire, l’importance de se souvenir et de transmettre : le point de vue d’une jeune historienne_LusoJornal·Comunidade·28 Maio, 2025 Dans LusoJornal, il est abordé très régulièrement le devoir de mémoire (que ce soit pour la I Guerre mondiale, la II Guerre mondiale, l’immigration portugaise en France, ou des faits historiques quels qu’ils soient). Cet article permet de comprendre ce qu’est le devoir de mémoire, pourquoi il est souvent évoqué lors de commémorations et pourquoi est-il si important de le maintenir. Apparue dans les années 1990, l’expression «le devoir de mémoire» s’inscrit de plus en plus dans le vocabulaire des jeunes comme des aînés de la société (française et européenne). Le devoir de mémoire peut se définir de différentes manières, cependant une définition commune est adoptée par l’opinion publique : c’est l’obligation morale de se souvenir d’un événement historique qu’il soit tragique ou moralisant. L’objectif principal est de transmettre la mémoire et l’histoire des ancêtres aux plus jeunes de la société, afin de se souvenir et de ne pas oublier, pour ne pas reproduire les erreurs du passé. En effet, le devoir de mémoire mélange principalement deux faits : l’histoire et la mémoire. La mémoire est le fait de se souvenir (d’un cas personnel ou d’un cas collectif), pour donner une explication au passé. Elle reste cependant subjective. L’histoire vient soutenir la mémoire, par la vivacité de ses faits confirmés par des traces du passé, des sources et des sciences (telles que l’archéologie, l’épistémologie, l’historiographie). Le temps est le principal objet de travail des historiens, mais il peut faire faux bond à la mémoire. Le devoir de mémoire sert ainsi à cela, se souvenir, il est le parfait mélange entre l’histoire (les faits réels) et la mémoire (l’expérience et l’émotion des faits historiques). Certaines personnes involontairement oublient des événements malheureux de leurs vies. . Simone Veil, femme française importante, rescapée des camps allemands pendant la II Guerre mondiale et femme emblématique pour la défense de l’interruption volontaire de la grossesse, s’est notamment exprimée sur la notion de devoir de mémoire. Elle a passé sa vie à entretenir la mémoire de cette période de l’histoire. Elle s’est exprimée : «Je n’aime pas l’expression ‘devoir de mémoire’. En ce domaine, la notion d’obligation n’a pas sa place. Chacun réagit selon ses sentiments ou son émotion. La mémoire est là, elle s’impose d’elle-même ou pas. Il existe, si elle n’est pas occultée, une mémoire spontanée : c’est celle des familles. Autre chose est le devoir d’enseigner, de transmettre. Là, oui, il y a un devoir». Le principal de cette citation est à retenir : mettre en garde les jeunes générations sur les faits historiques passés. . Le devoir de mémoire en trois points : l’essentiel à retenir Pourquoi faut-il se souvenir de l’histoire passée et entretenir la mémoire des anciens ? Pourquoi ceci est-il si important ? L’histoire passée est une leçon de vie quotidienne, elle permet d’appréhender des faits présents avec un point de vue différent. La mémoire contribue énormément au devoir de mémoire. C’est un véritable trésor que nous, contemporains, détenons entre les mains. Elle permet d’ouvrir les esprits aux expériences qu’on vécut certaines personnes, principalement les ancêtres. Elle permet de ressentir davantage les émotions véhiculées par cette mémoire collective. . Comment le devoir de mémoire peut-il être transmis et par qui ? Est-ce que le devoir de mémoire est-il en danger ? Le devoir de mémoire peut être transmis par différentes façons. D’abord de manière très simple, par la parole, les récits racontés par les anciens, ou même par les contemporains. Le tout est de continuer de parler et de transmettre. D’autres alternatives permettent également de transmettre ce devoir de mémoire, comme des articles journalistiques, des interviews, des associations, des interventions au sein des établissements scolaires, des films, des musiques ou encore des livres. Le devoir de mémoire a pris, au fil des décennies, une importance toute particulière, les personnes ayant vécu des choses transmettaient leurs histoires et leurs expériences, puis l’art est venu jouer un rôle, pour garder précieusement ces dires, à travers notamment des livres et des films. La transmission par les personnes est très importante et enrichissante. Le devoir de mémoire est de moins en moins au centre des discussions notamment juvéniles. Ceci est dû certainement à un confort de la vie quotidienne, qui fait que certaines personnes peuvent oublier le passé. Mais il faut bien se rendre à l’évidence, le temps passe, le cours de la vie continue et bientôt toutes les personnes ayant vécues ces expériences s’envoleront. Il faut continuer à maintenir ce devoir de mémoire, parce que certains jeunes ne prennent pas conscience de certains aspects. Il ne faut pas oublier le passé, car nous venons tous de quelque part, et nous avons l’avenir entre nos mains. L’homme et l’histoire sont encore en construction et le devoir de mémoire fait partie de cette construction valorisante. C’est pour cela qu’il est primordial de les interroger, d’écrire des livres et des articles à leurs sujets de manière à conserver leurs propos et de continuer de transmettre pour entretenir le devoir de mémoire et qu’il ne disparaisse guère. . Le devoir de mémoire des Portugais à travers deux événements : les combattants portugais pendant la I Guerre mondiale en France, et la dictature d’António de Oliveira Salazar. Comme précisé auparavant, le devoir de mémoire peut se manifester de différentes façons. Le cas des combattants portugais pendant la I Guerre en France est très documenté, ce qui permet de ne pas oublier. En France, il y a notamment le Cimetière militaire portugais de Richebourg, ce qui permet aux familles de se recueillir sur la tombe de leurs ancêtres. Il y a aussi les plaques commémoratives, ou encore plus largement les monuments aux morts (comme celui de Champigny pour les Portugais, ou encore de Lille, pour toutes les nationalités venues combattre pour la France). Concernant la dictature de Salazar, plusieurs manières sont utilisées. Il y a notamment le film «Capitaines d’avril» de Maria de Medeiros, qui relate la nuit du 24 au 25 avril 1974, lors du coup d’état militaire pour mettre fin à la dictature. Des groupes également existent sur les réseaux sociaux et notamment Facebook dédiés à ces divers événements. Je fais partie notamment d’un groupe sur Facebook retraçant l’histoire du Corps Expéditionnaire Portugais (1916-1919) envoyé en France pour aider les Français contre les offensives allemandes. . Mon point de vue en tant que jeune femme mais aussi jeune historienne : Je trouve cette démarche importante, de transmette et se souvenir du passé pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Certains jeunes saisissant l’enjeu du devoir de mémoire (généralement découvert par leurs professeurs d’histoire dans le primaire ou le secondaire) continuent de transmettre et de parler (comme je fais actuellement en montrant l’importance du devoir de mémoire). D’autres jeunes s’y intéressent beaucoup moins, c’est pour cela qu’il est important de continuer à en parler et de se mobiliser, mais surtout de sensibiliser les plus jeunes sur le passé pour un meilleur avenir. Non seulement sur l’expérience mais aussi sur les connaissances historiques, et sa culture. Les établissements scolaires jouent un très grand rôle, ainsi que les associations sur l’encadrement des jeunes personnes..Inês GonçalvesHistorienne