Portologia

Le fado revient (doucement) en France

Depuis la mi-mars (presque six mois passés), le fado a disparu, ou presque des scènes culturelles en France. Une très timide reprise eut lieu en juillet (fête de la musique à Paris à l’initiative d’associations, Académie de fado, Coin du Fado et Gaivota fado, et de la boutique Portologia, et à notre connaissance deux soirées de fado dans des restaurants, dont le Vila Real à Paris). Et rien en aout, ce qui n’est pas seulement lié au Covid-19 mais aussi à la période de vacances qui draine vers leurs pays d’origine beaucoup d’artistes et d’amateurs des musiques du monde.

Rendons donc hommage à Portologia*, le lieu de fado le plus régulier dans sa programmation depuis quelques années, pour reprendre dès septembre ses soirées fado bimensuelles. Dès le mercredi 9 septembre, c’est Lúcia Araújo qui s’y produira, accompagnée par Filipe de Sousa, pilier de la maison à la guitarra et Casimiro Silva, pilier du fado parisien depuis quatre décennies. Dès son arrivée en France, voici quelques années, Lúcia nous avait captivés par son interprétation très intense du fado. Elle y a ajouté depuis une réjouissante capacité de pétillement.

Elle sera suivie, mercredi 23 septembre, par Jenyfer Rainho, avec l’inévitable Filipe de Sousa et, autre pilier maison, Pompeu Gomes Coelho à la viola. Nous avons connu Jenyfer dès se débuts en public, à 15 ans. Elle en a un tout petit peu plus du double aujourd’hui et est devenue une voix majeure du fado hexagonal, avec un répertoire qui allie des perles oubliées de l’histoire du fado et des classiques du genre. Bien entendu, toutes les prescriptions de précautions sanitaires seront mises en place et tenues d’être respectées.

Nous espérons que l’initiative de Julien dos Santos, le patron de Portologia, sera suivie par de plus en plus d’établissements et d’organisateurs de concerts. Nous savons que beaucoup ont lourdement souffert économiquement (et continuent de souffrir) des conséquences du confinement et des restrictions post-confinement. Certains risquent de disparaître, d’autres hésitent à organiser des concerts (le public sera-t-il au rendez-vous? Pourrons-nous rémunérer les artistes?)

Nous savons aussi qu’une partie du public continue d’hésiter à sortir dans des lieux publics, soit pour des raisons économiques (de quoi demain sera-t-il fait?) soit par crainte sanitaire. Nous savons également que les artistes du fado, comme tous leurs collègues du spectacle vivant, paient un lourd tribut, cette année, aux conséquences de la pandémie. Si celles et ceux qui ont une autre activité salariée ont peut-être pu les supporter, les autres qui se consacrent uniquement à leur art vivent des moments difficiles, d’autant que très (vraiment très) peu d’entre eux peuvent bénéficier du statut un peu (vraiment un peu) protecteur du statut d’intermittent du spectacle. Un statut, en passant, qui n’existe pas pour leurs collègues officiant au Portugal où, là aussi, le fado et la culture en général sont en souffrance.

Du côté des concerts des «stars» du fado dans notre pays, peu d’éclaircies en vue. Notez cependant, car cela vaudra le déplacement, un festival fado en avril (oui, il faut être patient) au Théâtre Paul Eluard** à Bezons, concocté par nos amis de Viavox, avec Ricardo Ribeiro, l’une des toutes meilleures voix du fado aujourd’hui, Carla Pires (un miracle de délicatesse) et le projet de fado expérimental Lina-Raul Refree alliant la voix captivante de la fadiste Lina Rodrigues et les trouvailles électro de l’espagnol Raul Refree.

Nous espérons bien sur que ce début encore fragile va se développer au fil des jours. En attendant, pour celles et ceux qui le peuvent, rendez-vous au Portologia (attention, nombre de places limitées) avec Lucia, Jenyfer, Filipe, Casimiro, Pompeu, plus du fado vadio, et votre serviteur qui ne saurait manquer ça.

 

* Portologia, 42 rue Chapon, 75003 Paris. Infos: 09.52.59.22.29

** Théâtre Paul Eluard, 162 rue Maurice Berteaux, 95870 Bezons. Infos: 01.34.10.20.20

 

[pro_ad_display_adzone id=”37509″]

LusoJornal