Le rôle des Sœurs Franciscaines Portugaises de Calais pendant la I Guerre mondiale

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On met souvent à l’honneur les soldats, les officiers, les gouvernements de tous ceux qui ont participé à la I Guerre mondiale, mais LusoJornal vous raconte les petites histoires des Sœurs portugaises des Franciscaines de Calais qui étaient présentes dans le Pas-de-Calais pendant la Grande Guerre.

Nous avons repéré 9 Sœurs portugaises faisant partie de la Congrégation des Franciscaines de Calais.

Des articles, des écrits ont été rédigés sur l’action des infirmières au sein du CEP. Les Sœurs que nous allons évoquer dans le présent article ne faisaient partie du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP), elles étaient plutôt au service des forces et des civils français.

 

Un peu d’histoire sur les Sœurs Franciscaines de Calais

La Congrégation est née en 1854, faisant suite à une demande de l’évêque d’Arras de réunir 7 Congrégations franciscaines implantées dans le diocèse. La reconnaissance officielle a eu lieu le 10 avril 1854, à Calais. La première Supérieure de la Congrégation sera Mère Louise Mabille (1799-1864).

Congrégation hospitalière et missionnaire de droit diocésain (1854), puis pontifical (1892), fondée en 1852 par le père Duchenne, Chanoine d’Arras, et résultant de la fusion de 7 Couvents de tertiaires franciscaines du diocèse – Saint-Omer, Aire, Montreuil, Béthune, Lens, Arras, Calais – la congrégation adhéra dès lors à la famille des Franciscaines Capucines, elle portera de «Franciscaines de Calais» jusqu’en 1965.

La Congrégation des Franciscaines de Calais absorba, par la suite, les Sœurs du Coeur-Immaculé de Marie de Boulogne-sur-Mer (1921), les Franciscaines de Nazareth d’Ethiopie (1955), les Franciscaines de Notre-Dame-des-Anges de Genval, Belgique (1956), les religieuses de Notre-Dame-de-la-Treille, de Lille (1967), les Franciscaines de Notre-Dame d’Espérance de Paris (1969).

En 1940, la maison-mère de Calais est entièrement détruite. La Congrégation perd le nom de Franciscaines de Calais pour devenir les Franciscaines Missionnaires de Notre-Dame en 1965.

 

Pourquoi la présence de Sœurs d’origine portugaise chez les Franciscaines de Calais?

Le début de l’histoire remonte à plus d’un siècle et demi!

En 1843, née Mère Maria Clara Libania do Carmo. Orpheline de mère à 7 ans, elle perd son père à l’âge de 13 ans. Maria Clara Libania do Carmo sera élevée par les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul et ce jusqu’à l’arrivée de la persécution religieuse, ce qui l’oblige à quitter le pays.

Maria Clara et ses consœurs quittent le Portugal et se rendent en France pour faire leurs noviciats dans le Tiers Ordre régulier de Saint François, à Calais. Rentrées au Portugal elles voulurent adopter les œuvres de charité, les règles, les usages et les habits de la branche française. Les autorités portugaises toléreront la communauté qui sera reconnue par Pie XI comme «association de bienfaisance» pour «faire le bien partout où il doit être fait».

C’est en 1870 que le père Raymond dos Anjos envoie à Calais le premier groupe de jeunes tertiaires franciscaines engagées dans les soins hospitaliers pour les pauvres de Lisboa, afin qu’elles y accomplissent leur noviciat religieux sous la direction des Franciscaines de Calais.

De retour au Portugal, en 1871, le groupe ouvre une maison – les Franciscaines hospitalières de l’Immaculée Conception – placée sous la protection de Saint Patrick. La première Supérieure de la nouvelle communauté sera Marie Claire de l’Enfant Jésus (nom de naissance: Maria Clara Libania do Carmo), considérée comme cofondatrice. Maria Clara sera béatifiée le 21 mai 2011).

En 1875 la Maison de Lisboa demande son autonomie de Calais. L’autorisation est accordée par le Saint Siège le 27 mars 1876. La même année, la Congrégation religieuse s’affilie à l’Ordre des Frères Mineurs.

Voilà donc, un siècle et demi de liaison entre le Portugal et les Sœurs Franciscaines de Calais. Cela explique la présence de Sœurs nées au Portugal, jusqu’à nos jours. Sœur Marie Agnès Aubry nous a confirmé la présence portugaise encore de nos jours. Une sœur d’origine portugaise, vient tout juste d’être enterrée dans le Pas-de-Calais.

 

Nous avons recensé 51 Sœurs qui ont eu une action active auprès des blessés durant la I Guerre mondiale, 11 d’entre elles décèdent pendant le conflit par blessure (2) et de fatigue extrême.

Parmi les 51 Sœurs de la Congrégation des Franciscaines de Calais qui ont servi pendant la Grande Guerre, 4 étaient Portugaises et ont survécu à cette maudite guerre:

Maria Delgado est née le 2 février 1870 à Castro Daire. Nom de sœur: Mairie-Germaine, infirmière à l’Hôpital mixte de Béthune. Diplôme de Témoignage officiel de Satisfaction. «Affecté aux services des contagieux, elle a fait preuve d’un dévouement au-dessus de tout éloge» selon le JO du 3 décembre 1915.

Alcina de Souza Braga est née le 10 février 1866, à Porto. Sœur Marie des Anges, infirmière à Calais, Officier de l’ordre du Christ du Portugal en 1919. Médaille commémorative 1914-1914 en 1919.

Beatriz Roberto da Silva est née le 14 juillet 1877, à Porto. Sœur Marie Pia, infirmière à Souchez, Bouchain et Thono (1914-1918), hôpital milliaire n°14. Insigne spéciale de Santé en 1919, médaille commémorative 1914-1918 le 1er janvier 1921.

Joséphine Pires de Lima est née le 25 mars à Teixeira (Seia). Sœur Marie del Pilar. Infirmière à Souchez, Bouchain et Thonon (1914-1918), hôpital auxiliaire n°14. Insigne spéciale Services de Santé (argent) en 1919. Médaille commémorative 1914-1918 le 1er janvier 1921.

 

Quatre sœurs nées au Portugal sont décédées en 1915 et 1916 à Calais et une en 1922 dont on n’a pas de traces de services faits en ce temps de Guerre. Toutes avaient comme lieu de résidence 3 rue Eustache Saint Pierre, à Calais. Petite curiosité anecdotique: des 5 sœurs en question, une seule n’avait de père avec comme prénom Manoel.

Maria Baptista est née à Cantanhede le 24 août 1943, fille de Manoel Baptista et Dorothée Domingues, décédée à l’âge de 72 ans, le 15 juin 1915.

Angelina de Amaral est née le 11 avril 1880 à Rontar (?), fille de Manoel de Amaral et Anna Correia, décédée à l’âge de 35 ans, le 22 août 1915.

Júlia Gomes da Silva est née le 15 novembre 1854, fille de Manoel Gomes da Silva et de Maria de Jesus, décédée à l’âge de 62 ans, le 31 mars 1916.

Rosa Caetano est née à Santa Maria da Feira, le 6 mars 1864, fille d’António Caetano et Maria Rosa Lopes, décédée à l’âge de 52 ans, le 8 septembre 1916.

Rosa Esteves Souza est née le 2 octobre 1834, fille de Manoel Esteves Souza et Antónia Domingues da Cruz, décédée à l’âge de 87 ans, le 7 février 1922.

 

Les religieuses ont très vite joué un rôle primordial dès le début de la I Guerre. Les Sœurs étaient en effet déjà formées aux soins et aux secours des blessés qui revenaient du front. Très vite, elles se sont mises au service des hôpitaux militaires et ont aussi participé à la formation des innombrables femmes qui rejoignent les rangs des infirmières sans trop de qualification. Toutes ces bonnes volontés devaient être rapidement formées pour être efficaces au plus tôt et rendre les services pour lesquels elles s’étaient engagées.

Plus de 350 infirmières sont décédées du fait de la I Guerre mondiale. La Croix-Rouge dénombre 105 infirmières tuées lors de différents bombardements ou même lors d’attaques. 246 infirmières décéderont suite à des maladies contractées durant la Guerre, on pense notamment à la tuberculose. On comptera également 2.500 infirmières blessées sur un total de 30 mille infirmières qui servirent bénévolement pendant la I Guerre mondiale.

L’État français décorera plus de 10.223 infirmières et attribuera 323 Légions d’honneur.

Les Sœurs Missionnaires Franciscaines se consacrent aux soins des personnes handicapées, des personnes âgées, des orphelins et des malades, à l’enseignement et aux missions. De nos jours elles sont présentes sur 4 continents et sur tous les pays lusophones, à l’exception du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau. Elles sont en Europe (France, Irlande et Portugal), en Amérique (Argentine, Brésil, Etats-Unis et Haïti), en Afrique (Angola, Mozambique, São Tomé et Príncipe, Madagascar et Afrique du Sud) et Asie (Macau et Timor).

La maison généralice se trouve dans le 15ème arrondissement de Paris (rue Dombasle).

En 2017, la Congrégation comptait 460 Sœurs distribuées sur 78 Maisons.

 

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LusoJornal