Les éditions Petra lancent «Le péril jaune» (nouvelles) de l’auteur angolais João Melo


Ayant déjà publié dans ses différentes collections une trentaine de livres touchant le monde lusophone, les Éditions Petra ajoutent un nouveau titre à son catalogue, avec la parution d’un recueil de nouvelles intitulé «Le péril jaune», de l’auteur angolais João Melo. La parution à Lisboa de l’édition originale («O dia em que Charles Bossangwa chegou à América»), en 2020, fut suivie, en 2023, d’une édition brésilienne ayant pour titre «O perigo amarelo».

Dans ses sept nouvelles, traduites par Dominique Stoenesco, João Melo met en scène les relations entre des personnages masculins et féminins, à travers lesquels il déconstruit non seulement les idées faites sur la période qui suit l’indépendance en Angola, mais surtout il défait, sans la moindre trace d’exotisme, l’institution familiale et les relations apparemment libres et égalitaires entre hommes et femmes dans cette nouvelle société angolaise. Il le fait avec une verve et une acuité extrême, combinant l’ironie et l’humour critique à propos des questions sociales, politiques, sexuelles ou idéologiques.

Ainsi, la nouvelle intitulée «Une petite saga ministérielle», par exemple, en est une parfaite illustration. En effet, la légitime aspiration du protagoniste, vice-Ministre récurrent, de devenir Ministre de quelque chose, finit par se produire. La transformation du personnage est alors radicale : il se met à importer des complets achetés à Lisboa, à se servir sans retenue d’une flotte de voitures officielles, à ne plus se montrer dans les lieux où il disait du mal de son prédécesseur et à tenter d’effacer les traces de sa période pré-ministérielle. Tout cela sous les yeux d’un narrateur-observateur postmoderne, où le prisme de l’ironie recouvre à la fois le contenu des actions et la technique narrative elle-même.

João Melo appartient à la «génération des années 80», parfois appelée aussi la «génération des incertitudes». Alors que les œuvres des auteurs de la génération qui le précédait étaient fortement imprégnées des questions sociales et politiques, reflétant ainsi leur engagement dans la lutte contre le colonialisme portugais, celles des auteurs de la «génération des incertitudes» traduisent une réalité postcoloniale qui a commencé aussitôt après l’indépendance de l’Angola, en 1975, suivie d’une longue et dramatique guerre civile qui ne s’est achevée qu’en avril 2002.

Né en 1955, à Luanda (Angola), où il a fait ses études primaires et secondaires, João Melo a étudié le Droit à l’Université de Coimbra et à Luanda et a obtenu une licence en Journalisme à Niterói (Brésil), avant de présenter une maîtrise en Communication et Culture, à Rio de Janeiro. Professeur universitaire, parlementaire (1992-2017) et ministre (2017-2019), il a aussi travaillé dans plusieurs organes de presse angolais et a été correspondant de presse au Brésil, de 1984 à 1992.

Membre fondateur de l’Union des Écrivains Angolais et de l’Académie Angolaise des Lettres, João Melo se consacre, depuis 2020, exclusivement à l’écriture et a publié jusqu’à présent 23 livres (poésie et nouvelles notamment, mais aussi des essais et un roman), dont certains ont été publiés également aux États-Unis, à Cuba, en Italie, en Angleterre et, tout récemment, en France. Par ailleurs, un bon nombre de ses poèmes ont été traduits en anglais et en français dans des sites et des revues littéraires internationales. En 2009, il a reçu le Prix National de la Culture et des Arts d’Angola, dans la catégorie littérature.

Les Éditions Petra seront présentes au Marché de la Poésie qui se tient actuellement à Paris, place Saint-Sulpice, du 18 au 22 juin. Un événement considéré comme l’un des plus importants en France et en Europe, rassemblant des poètes, des éditeurs et des passionnés de poésie.