LusoJornal | António Marrucho LusoJornal | António Marrucho LusoJornal | António Marrucho LusoJornal | António Marrucho LusoJornal | António Marrucho LusoJornal | António Marrucho Home Opinião Les origines portugaises du symbole du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle : un lieu uniqueAntónio Marrucho·9 Setembro, 2025Opinião Il existe des rencontres voulues et d’autres fortuites. C’est une rencontre du second type, jour calendrier portugais de Sainte Thérèse de Calcutta, que nous allons évoquer. Sur notre route, un panneau indiquant un chemin. Un chemin que nous n’avons pas parcouru, mais que bien d’autres empruntent. En quelques minutes, nous avons croisé des dizaines de pèlerins se dirigeant vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Venaient-ils de partir de Porto pour rejoindre Saint-Jacques par la côte (1), parcourant 251 km en 12 étapes, ou de plus loin, Lisboa (2) ? Il existe probablement d’autres légendes et traditions concernant l’origine du symbole qui orne les sacs à dos de ceux qui marchent vers le lieu mythique de la Galice : la coquille. Sur la plaque située sur le chemin menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, Avenida da Liberdade à Leça da Palmeira, près de la Capela da Boa Nova (Chapelle de la Bonne Nouvelle), nous pouvons lire : «Symbole le plus important et protecteur des Chemins de Compostelle, la coquille Saint-Jacques, associée à la dévotion à Saint-Jacques, trouve son origine, selon la tradition, dans les vastes étendus de sable de Leça et Matosinhos que vous venez de quitter. Mais le paysage change et la tragique Costa Negra commence. Au fil des kilomètres suivants, le long de cette promenade, pèlerins et randonneurs en route vers Compostelle traverseront une région extrêmement rocheuse et dangereuse, théâtre de naufrages meurtriers ; comme celui du bateau à vapeur Veronese, en 1913, et du célèbre sous-marin nazi U-1277, en 1945. Mais c’est aussi une côte réputée pour la qualité de ses poissons et fruits de mer, et pour ses villages de pêcheurs traditionnels, comme Angeiras, que vous aurez l’occasion de visiter après la présente étape de 8 km. Une côte et un itinéraire où les croyances et les dévotions populaires ont donné naissance à des chapelles, des églises et à une manière unique d’accueillir les étrangers. Bonne route !». Eh oui, la coquille, symbole de ce pèlerinage, aurait bien son origine au Portugal, au nord de Porto ! L’endroit où ce panneau est installé, a une histoire riche. De nombreux événements s’y sont déroulés. Le site est magnifique : c’est là, sur un promontoire rocheux appelé «Lanho», que le grand paquebot anglais Veronese s’est échoué le 16 janvier 1913, transportant 221 passagers. Ce navire à vapeur de 7.877 tonnes, construit à Belfast en 1906, avait quitté Liverpool à destination du Brésil, du Venezuela et de l’Argentine. Les conditions météorologiques extrêmes ont compliqué les opérations de sauvetage, mais environ 190 personnes ont été sauvées. Les secours ont été organisés par les pompiers volontaires de Matosinhos-Leça et par les sauveteurs dirigés par José Rabumba, «O Aveiro», et Manuel António Ferreira, «Patrão Lagoa ll». Les opérations ont été filmées par la société Invicta Filmes, ce qui a donné lieu à l’un des plus grands succès du cinéma muet portugais. Une plaque commémorative, apposée sur les rochers peu après le naufrage, rappelle ce tragique événement. Non loin de là, on peut admirer la Capela de Boa Nova, l’un des monuments les plus beaux de Leça da Palmeira, paroisse de la municipalité de Matosinhos. Chapelle de la Bonne Nouvelle souvent citée parmi les dix chapelles les plus symboliques et belles du Portugal. Cette chapelle, construite sur des rochers, date de 1392 et a résisté aux intempéries et à la mer pendant des siècles. Son intérieur abrite des images de Notre-Dame de la Bonne Heure, de Saint Jean-Baptiste et de Saint Clément. Cette chapelle a accueilli les naufragés du Veronese. Après des travaux, la chapelle a été réinaugurée le 5 novembre 2016, par des frères franciscains. À proximité, sur un rocher, on peut lire : «Évocation de l’installation des Frères Franciscains sur ce lieu entre 1392 et 1922». Plusieurs artistes se sont inspirés de la Chapelle et du Penedo da Boa Nova, parmi lesquels les peintres António Carneiro, Artur Loureiro et Veloso Salgado (3), et des poètes comme António Nobre, qui a écrit dans son œuvre «Só». À seulement une trentaine de mètres, sur les rochers, le commencement de la poésie d’António Nobre dans son poème «La plage de Boa Nova» : Sur la plage de Boa Nova, un jour, J’ai construit (c’était le grand mal) Un grand château, quelle fantaisie, Tout de lapis-lazuli et de corail… Ce poème capture les paysages de l’enfance et de la jeunesse de ce poète du XIXème siècle. Il évoque les mois d’été passés à Leça da Palmeira, sur la plage de Boa Nova, où il construisait des châteaux de sable. À quelques pas de là, se trouve le restaurant Casa do Chá, classé monument national depuis 2011. Ce bâtiment, l’une des œuvres les plus célèbres de l’architecte Álvaro Siza Vieira, lauréat du prix Pritzker en 1992, est situé sur les falaises, au pied de l’eau. L’idée de «faire venir la mer à table» est parfaitement incarnée dans ce restaurant où les vagues se brisent presque jusque dans la salle ! Depuis 2014, le chef Rui Paula y propose une cuisine inspirée d’un vers du poète portugais Luís Vaz de Camões tiré de son œuvre «Les Lusiades» : «Eaux jusqu’alors inexplorées». Grâce à son concept culinaire créatif et à la qualité de son service, le restaurant a obtenu sa première étoile Michelin en 2016, puis sa deuxième en 2019. Cela dit, il reste un restaurant haut de gamme, pas à la portée de toutes les bourses. Ce lieu magique, sur la route de Compostelle, Pedro Abrunhosa le chante : «La mer illuminée, la mer trouvée à notre porte. Ma mer, ma terre, Bonne Nouvelle, Salut». Il convient également de noter qu’en visitant cet endroit, non loin se trouvent les ruines de l’un des moulins à vent très anciens. Nous avons rarement vu autant d’évocations sur un périmètre aussi restreint au Portugal. Ce fut une rencontre fortuite pour nous, dans ces lieux où l’histoire et la poésie se rencontrent par hasard… tout a commencé par un panneau. Mais pourquoi nos yeux ont vu cette inscription, alors qu’on passe à côté de bien d’autres sans qu’on les voit ? Et sur ce lieu, sur le chemin de Compostelle, si l’heure se prête, il est incontournable de contempler le coucher de soleil. . (1) Il existe un chemin qui part de Porto et traverse davantage l’intérieur du pays, ne longeant pas la côte. (2) Il y a dix ans, j’ai eu une conversation avec une dame près de chez moi, à Fundão, au Portugal, elle marchait et cherchait à remplir sa gourde en eau. J’ai été surpris qu’elle me parle de son pèlerinage vers Compostelle. J’ai découvert à l’époque qu’il existe un chemin secondaire qui passe par cette région. Depuis, la coquille sur le sol ou sur les murs trace ce chemin. (3) Peintre de l’École de Wissant.