Home Comunidade Les victimes civiles Portugaises en France pendant la II Guerre mondialeAntónio Marrucho·4 Junho, 2022Comunidade [pro_ad_display_adzone id=”37510″] Le thème dans la littérature, voir dans l’histoire du Portugal de la I Guerre mondiale a longtemps été oublié ou non traité, 2014 et le centenaire de la Grande Guerre, les choses ont évolué et le thème est de plus connu et traité qu’auparavant. Des chercheurs, des écrivains, des journalistes commencent à aborder le thème de la II Guerre mondiale et l’implication de certains Portugais, puisque le Portugal en tant que tel a eu une position «neutre». Les sources pour traiter le thème sont évidemment diverses. Le présent article a pour but de donner des statistiques sur les Portugais et la II Guerre mondiale du point de vue des victimes civiles. Comme toute statistique, et surtout au vu du thème et des découvertes qui restent à faire et à compléter, ne sont que le reflet d’un instant T et à partir d’une source assez importante française qui est «Mémoire des Hommes». Afin de mieux comprendre le contexte, voici quelques chiffres: on comptabilise 64.781.162 victimes pendant la II Guerre mondiale, dont 25.189.100 militaires et 42.186.200 civils (notons que pour l’Union Soviétique, selon les sources, les victimes militaires vont de 8,8 millions à 10,7 millions). Les pays les plus impactés ont été l’Union Soviétique avec un total de victimes civils et militaires de 21,1 millions, suivi de la Chine avec 20 millions. La France aurait eu 238 mille militaires décédés et 330 mille civils, l’Union Soviétique et l’Allemagne, à eux seuls, comptabilisent 84% de morts militaires (Voir ICI). Des victimes civiles, nées au Portugal et mortes pendant la II Guerre mondiale, le site Mémoire des Hommes en comptabilise 68: 9 femmes et 59 hommes. Une victime est née à Lisboa, mais dont les parents sont Français et Belge: Paul Lisfranc. On ne connaît pas l’âge exacte de trois de ces civils tués. Le plus jeune tué a été Maria Juliette Fernandez, née le 31 décembre 1925, à Cornez (?) et assassinée le 27 mars 1944, à Anglet (Pyrénées Atlantiques) à l’âge de 18 ans, 2 mois et 26 jours. Le plus âgé a été José dos Santos, il est né le 24 août 1886 et a été tué le 17 août 1943, à Calais, à l’âge de 56 ans, 11 mois et 24 jours, dont un familier fut lui aussi fusillé dans la citadelle d’Arras (Voir ICI). L’âge moyenne générale est de 42 ans et demi, celui des femmes est inférieur à la moyenne: 36 ans et demi. La date où les civils portugais ont été tués se situe essentiellement l’année 1944, avec 46 massacrés, suivie de l’année 1940 avec 14, en 1941 un seul, 1942 deux, 1943 quatre et 1945 un. Statistiquement, ces chiffres au niveau pourcentage de tués par années, se retrouvent dans les statistiques des assassinats perpétrés par les Allemands, ces derniers voyant que la fin de la guerre et la défaite approchait, ont intensifié les assassinats en 1944. Concernant la distribution géographique des Portugais tués en France, nous pensons que cela ne doit pas beaucoup changer par rapport à la moyenne générale, avec de petites incidences sur certains départements, assez compréhensibles dans le contexte de cette seconde guerre mondiale. Sur les 68, l’un a été tué au Maroc – Júlio Pereira, né le 19 avril 1908, à Santo Estevão, Benavente et tué le 27 novembre 1940 à Meknès – et pour un autre, on n’a pas pu déterminer le lieu du décès, les autres 66 sont distribués par 35 départements, avec une incidence plus marquée dans la partie nord de la France (zone en guerre, zone occupée). Nous avons 7 Portugais tués dans le département de Seine Saint Denis, 5 en Meurthe et Moselle, 4 dans le Nord, 4 dans le Pas de Calais, 3 en Gironde, Seine Maritime et Paris. Au niveau des origines au Portugal, elles sont dispersées, toutefois, avec une partie plus importante de tués venus du Nord du Portugal. Nous avons par exemple trois personnes venues de Vila do Conde: Álvaro Dias, né le 28 octobre 1901 et mort le 13 juin 1940, à Orléans, Avelino Oliveira, né le 3 juin 1896 et mort le 7 octobre 1944, à Moivrons, Meurthe et Moselle, et Manuel Azevedo (voir plus loin: morts du département Meurthe et Moselle). Trois autres sont originaires de Santo Tirso: trois femmes, tuées le même jour, le 21 avril 1944, à Saint Ouen (Seine Saint Denis): Palmira da Silva, née le 8 juillet 1915, Leopoldina Sobral Sousa, née le 28 janvier 1888 et Auguste Eugène Sobral, née le 17 janvier 1890, ces deux dernières étant probablement de la même famille. Les 7 victimes de Seine Saint Denis Jacinto Rosa est aussi décédé le 21 avril 1944, à Saint Ouen. Il est né en 1905, à Chão, Santarém, fils de Manuel Rosa et de Conceição Josefa. Il était marié avec Júlia José da Conceição. Ils ont eu deux enfants du nom de Amandio Rosa et Geneviève Rosa. Toutes les quatre personnes sont décédées à la suite d’un bombardement au 3 rue Eugénie. Palmira dos Santos a été mariée à Manuel dos Santos, né à Penedono, le 24 avril 1906. Ce dernier est également mort dans le même bombardement au 3 rue Eugénie, le 21 avril 1944. Les deux enfants du couple Auguste dos Santos et Michel dos Santos ont aussi péri. Manuel Souza Ramos, probablement victime du même bombardement de Saint Ouen, mourra le lendemain, le 22 avril 1944. Il est né le 7 octobre 1899, à Balir (?). Il était marié à Victória da Conceição, il habitait au 95 avenue du Président Wilson et décédera au 133 de la même avenue. L’autre portugais décédé dans le département de la Seine Saint Denis, est décédé quelques jours avant, le 22 avril 1944, à Montreuil, il s’agit de Marcel Alexandre Miranda, né le 07 juillet 1895, à São Cristóvão de Domingo (?). Victimes de Meurthe et Moselle Deux civils portugais sont morts le même jour et de la même famille, à Faulx, le 22 septembre 1944: il s’agit de Manuel Gomes, né le 10 mars 1896, à Faja Grande das Flores, Açores, et Marie Thérèse Gomes, connue aussi par Taveira, née le 13 avril 1896. Nous ne voyons pas de relation dans les 3 autres morts portugais du département: Manoel Azevedo, né le 18 avril 1944 à Vila do Conde et décédé le 03 décembre 1944 à Liverdun, Nancy, Rodriguez Tavares, né le 20 octobre 1899 à Carregosa, Oliveira do Hospital et décédé le 5 septembre 1944 à Pont à Mousson et Avelino de Oliveira, né à Vila do Conde le 03 mars 1896, fils d’António Pedro Azevedo et Maria dos Santos Azevedo, divorcé de Juliette Marie Garssier, il était marié en seconde noce avec Maria de Oliveira Cruz. Il est décédé le 7 octobre 1944. Victimes de Gironde Trois civils d’origine portugaise sont décédés dans le département de la Gironde: deux d’entre eux sont morts à 10 jours d’intervalle à Pauillac: Manuel Rodrigues da Costa, né le 15 février 1897 à Pombal, il est décédé le 18 août 1944. En France depuis quelque temps, il avait pris la nationalité française le 2 mars 1939 et Deolinda Ventura, né à Cabanas, le 23 novembre 1921, a été tuée le 4 août 1944. La troisième victime, Manuel Viegas est décédé le 30 avril 1940, à Bordeaux. Victimes dans le Nord Pas de Calais Nous avons également effectué une étude plus particulièrement sur les civils nés au Portugal et assassinés dans le Nord et dans le Pas de Calais: 7 en tout, le 8ème, Paul Lisfranc, étant un cas particulier et déjà évoqué. Sur les sept, nous avons la certitude qu’au moins 4 ont fait partie du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP), qui a participé à la I Guerre mondiale. Autrement dit, ils ont été épargnés en tant que soldats pendant la Grande Guerre, mais pas en tant que civils pendant la seconde, plusieurs d’entre eux ayant exercé la profession de mineur. Commençons par Manoel Lourenço. Il est né le 24 février 1898, à Mosteiro, Oleiros, on n’a pas pu déterminer s’il a fait ou pas partie du CEP. Fils de Manoel Lourenço Condeço et de Maria de Jesus. Il s’est marié à Merville (Nord) le 7 octobre 1932 avec Marie Jeanne Deswarte, cette dernière âgée à peine de 16 ans. Le couple a eu deux enfants, dont Janine André Cornélia Lourenço, née le 30 avril 1932 et reconnue le 20 septembre de la même année, juste avant le mariage du couple. Manoel Lourenço a été assassiné le 12 juin 1944, à Merville, à l’âge de 46 ans, trois mois et 16 jours. António Sebastião. Il est né le 24 septembre 1895, à Viana do Alentejo, fils de António Sebastião et Libânia Rosa. Il fut soldat du CEP, embarqué le 22 février 1917. Après la fin de la Guerre il est signalé le 26 juillet 1919 à la Gorgue, faisant partie de la commission de sépulture de guerre, il a été démobilisé le 1er décembre 1922. Il restera en France, dans le département du Nord, sous autorité du Consulat de Lille. Il fût assassiné le 2 septembre 1944, à Lille. Alexandre da Costa Barras. Il est né à Marco de Canavezes, le 21 novembre 1896 et est mort le 15 juin 1944, à Douai. Au vu de sa naissance, il aurait pu faire partie du CEP, nous n’avons cependant pas trouvé de trace. José dos Santos est né le 24 août 1886, à Viseu, fils naturel de Maria José Augusta. Membre du CEP, il a embarqué de Lisboa le 22 mars 1917, veuf au moment de l’embarquement de Maria José de Assunção. Après la fin de la guerre, il rejoint, le 1 avril 1919, le CEP à Ambleteuse, le 16 juin 1919 on lui attribue 90 jours de repos. Il sera démobilisé et élira domicile à Ambleteuse. José dos Santos sera assassiné le 17 août 1943, à Calais. Matias Alves est né le 21 novembre 1892, à Azenhas, Miranda do Corvo, fils de Miguel Alves et Maria Rola de Jesus. Membre du CEP, il a embarqué le 22 février 1917, dans le même bateau qu’António Sebastião. Il est considéré déserteur par le CEP le 12 février 1919. Il se marie à Amiens le 11 mars 1922, avec Yolande Jehanne Sobo, ils auront 7 enfants. Matias Alves obtiendra la nationalité française le 05 octobre 1931, à cette date il habitait à Eleu-dit-Leauwette (arrondissement de Lens). Il commence sa carrière en France dans la Compagnie de Lens comme mineur sous le matricule 2006.001.00252, il finira comme ouvrier du bâtiment. Matias Alves sera assassiné le 11 août 1944, à Lens. Manoel José da Costa est né le 19 août 1896, à Braga. Mineur dans la Compagnie de Lens, il y a travaillé au moins entre le 22 novembre 1924 et le 21 janvier 1928, date à laquelle il déclare se rendre au Portugal. Célibataire dans la fiche de mineur, il déclarait toutefois un enfant de nom Louis Manoel, né le 21 septembre 1927. Le 2 mars 1928, il se fracture la «cuisse gauche». Il est tué le 21 mai 1940, à Divion. António da Costa est né le 11 novembre 1892, à Lisboa, fils d’António Germano da Costa et de Maria do Nascimento Mendes Videira. Il a été médaillé par sa participation au CEP pendant la I Guerre mondiale. Il embarque de Lisboa le 19 janvier 1917 et quitte le CEP le 7 février 1919, élisant résidence à Aire-sur-La Lys, chez Rosa Ingo, il ne se mariera pas avec cette dernière. Il est tué le 23 mai 1940, à Aire-sur-La Lys. Paul Lisfranc, dont le pseudonyme dans la résistance était Lardeur: de nationalité française, il est toutefois né à Lisboa, le 29 avril 1908, d’un père belge et d’une mère française. Paul Lisfranc s’engagea cinq ans dans l’Armée belge à sa majorité. À la même période, il devient Franc-maçon et épouse Germaine Vanlievendael. Il a été Directeur de l’usine d’encre Dambrené, à Fives, dans le Nord, ancien Maréchal des logis au 6ème Régiment d’artillerie de Bruxelles. Demeurant à Marcq-en-Baroeul, dans le Nord, Paul Lisfranc fut arrêté à Lille le 22 juillet 1943 pour «activités terroristes en faveur de l’ennemi», résistant de l’OCM (Organisation Civile Militaire), il était membre du réseau Voix du Nord qu’il a intégré en 1942. Paul Lisfranc deviendra responsable départemental de ce réseau, nommé par Passy. Il était pendant cette époque de résistance en relation avec Eugène d’Hallendre. Paul Lisfranc, interné à la prison de Loos, traduit devant un tribunal allemand, il est condamné à mort le 27 décembre 1943. Un peloton d’exécution allemand le fusilla au Fort de Bondues, le jour même de sa condamnation. L’intervention de la Délégation générale du Gouvernement français dans les territoires occupés en sa faveur le 14 décembre, n’a pas pu empêcher la condamnation. Franc-maçon, Paul Lisfranc a fait partie de la Loge «Lumière du Nord», à l’Orient de Lille, il est un des 514 Francs-maçons du Grand Orient de France exécutés par les Nazis. Paul Lisfranc reçut, à titre posthume, la Légion d’honneur et la Croix de guerre avec palme. Son nom figure sur le monument aux fusillés de Bondues et sur le Mémorial du Grand-Orient de France, à Paris. Il repose au carré militaire du Cimetière de Bondues. [pro_ad_display_adzone id=”46664″]