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L’extraordinaire histoire de Mina: photographe pendant la I Guerre Mondiale

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L’histoire est belle, l’histoire est extraordinaire, l’histoire est unique.

Il y a le personnage: Mina. Il y a le découvreur: Thierry Dondaine. Il y a ce qui les unit: l’amour de la photo.

Tout ceci conduit à la création de l’Association «Déclencheurs de Mémoires».

Le narrateur: nous sommes en 1914-1918, temps de guerre, celle qu’on appellera: la Grande. Toute une génération est appelée, génération partiellement anéantie par la première des guerres… elle qui touchera le monde tout entier.

Le décor est planté. Place aux artistes, place à la scène.

 

Premier acte: présentation de Mina

Nous donnons la parole à Thierry Dondaine pour nous présenter Mina, de son vrai nom, Régine Louchart, qui aura vécue entre 1895 et 1991. «Début du XXème siècle, Mina, couturière renommée, habitant Bourecq, petit village près de Lillers, se passionne pour la nouvelle technologie: la photographie! Mais malheureusement, à cette époque le pays entre en guerre, les hommes partent pour le front…».

«Certains civils ont besoin de photos pour envoyer à leurs proches, parents, maris, frères ou même cousins, partis pour la Patrie» explique Thierry Dondaine au LusoJornal.

Mina s’improvise photographe. «Comme elle me l’a expliqué c’était pour rendre service… Un portrait, puis un autre, les jours passent, Mina photographiait».

Avec l’entrée en guerre des Alliés, dès août 1914, la plupart des soldats arrivent par bateaux à Boulogne-sur-Mer. À partir de là, ils étaient acheminés vers des zones à l’arrière du front. Le hasard voulut que Bourecq soit une de ces zones, genre de plaque tournante en hommes et matériels pour le conflit de la Bataille de La Lys.

Mina vit donc passer des garnisons de toutes sortes et de tous pays: Anglais, Canadiens, Galois, Écossais, Hindous, Chinois, Portugais…

Et comme pour les civils, elle a également photographié les soldats. Cette fois ci, les photos l’étaient, pour être envoyées au pays. Au total, ce sont des milliers de photos prises chez Mina, qui sont pour la plupart parties à travers le monde.

Grâce à son travail de photographies, des familles ont, peut-être encore, l’image et le souvenir de l’un des leurs, parti se battre pour notre liberté.

«Au milieu des années 80 un autre hasard voulut que je rencontre Mina, elle avait 91 ans, il me semble. Également passionné de photo, une conversation sur le sujet démarre: ‘incroyable!’ dit-elle, ‘36 photos dans cette petite bobine!? De mon temps j’en faisais qu’une à la fois…’» explique Thierry Dondaine. «Mina m’explique toute son histoire et à la fin de notre conversation me dit: ‘il doit y avoir quelques plaques de mes photos au grenier, si vous les voulez, je vous les donne’».

 

Deuxième acte: Thierry – le sauveur

Là est le miracle, là est le sauvetage de… 500 à 600 plaques en verre de photos prises par Mina, parmi les milliers. Toujours cela de sauvé. On imagine que des milliers de plaques de verre ont été cassées dans des jeux… elles ont servi de cible.

Commence en 1984-1985 le travail de fourmi de Thierry Dondaine: le nettoyage des plaques, le décollage de quelques-unes d’elles et ces derniers temps, la numération des plaques sauvées.

Et là, Thierry Dondaine va de découverte en découverte, chaque plaque a son histoire, qu’on découvre, qu’on peut imaginer. Des photos qui retracent une période, des photos de civils dont on lit dans les visages, dans les habits, dans la position dans la photo, des difficultés… un portrait d’une époque.

On ne dira pas que Mina a fait des photos de guerre, elle a plutôt fait des photos d’hommes venus pour faire la guerre.

La renommée de Mina a parcouru toutes les troupes stationnées dans la région. Les soldats venaient chez Mina pour se photographier. Ils venaient par groupes ou individuellement.

Comme arrière-plan, les photos de Mina ont le devant de la maison de la photographe amateure, devenue pendant le conflit, professionnelle.

Thierry Dondaine réalise actuellement une maquette de la maison de Mina, maison qui existe encore, la famille en est propriétaire. Cette maquette, au 1/35, est fabriquée pour un diorama en vue de prochaines expositions. Thierry Dondaine fabrique lui-même les petites briques et pavés pour permettre aux visiteurs une réelle découverte des lieux où Mina photographiait.

On imagine que Mina devait tenir un carnet pour pouvoir savoir à qui rendre la photo et quand, tellement elle en développait.

Ces photos sont uniques, il y a comme une mise en scène dans beaucoup de cas.

 

Acte trois: Les photos des soldats portugais

Parmi les photos prises de soldats portugais, nous pouvons voir un groupe de soldats avec le drapeau du Portugal à l’arrière, une autre avec le drapeau du Portugal et de la France, tout un symbole… Il y a la photo de deux soldats qui mettent en scène une lutte avec leurs armes, il y a l’aviateur portugais sur lequel on cherche à mettre un nom, la recherche de Thierry Dondaine s’orientant sur l’aviateur Salvador Alberto du Courtills Cifka Duarte.

Regarder une photo de Mina permet de lire dans les yeux du soldat, s’il y a de la peur, s’il est en souffrance, s’il a déjà vécu les horreurs de la guerre…

Plus de cent ans se sont écoulés et pourtant, si l’on va dans le détail, si on se focalise sur une partie de la photo, le détail fait apparaître, par exemple, la photo de la famille restée au pays, posée sur une chaise, une façon de leur dire: «Je pense à vous, vous m’accompagnez».

 

Acte quatre: Thierry et Mina – Déclencheurs de Mémoires

Thierry Dondaine est un passionné, il nettoie, il assemble, il essaie de reconstituer une histoire, il essaie de parfois mettre un nom sur le personnage ou personnages photographiés.

Pour mettre en valeur les photos, Thierry Dondaine les anime en les collant au fond d’une boîte de bois qu’il confectionne lui-même.

Il y a aussi le Thierry Dondaine collectionneur. Sa collection d’appareils photos est impressionnante. Avec tout le matériel qu’il possède, il peut vous raconter l’histoire de la photographie, des appareils et des photographes pendant les guerres.

Mina, un personnage majeur en tant que photographe. Une œuvre que nous pouvons découvrir plus de 100 ans après son travail photographique.

Ses photos viennent enrichir la connaissance sur les troupes qui ont participé à la I Guerre mondiale. Thierry Dondaine, un amoureux de la photo, qui après la restauration et numérisation partage le travail de Mina. Thierry et Mina des «Déclencheurs de Mémoires».

Une grande exposition est en préparation pour l’année 2021 au Centre Historique du Mémorial 14-18, à Souchez, pour honorer Mina et nous faire découvrir son travail, son art resté enfoui, mis à jour et récupéré dans un grenier par Thierry Dondaine.

 

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