LusoJornal | Dominique Stoenesco

Livres: «Brises de sédition», de José Vala – L’engagement d’un poète, la puissance des mots

 

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Le recueil de poèmes «Embruns d’exils», publié en 2015, puis ce deuxième recueil, «Brises de sédition» (L’Harmattan, 2019, collection «Poètes des cinq continents») sont profondément ancrés dans l’itinéraire de José Vala, marqué par l’exil, par la résistance à la dictature et la lutte contre toutes formes d’injustice et d’oppression.

Né en 1957, au Portugal, José Vala, encore enfant, rejoint son père exilé en France, loin de la dictature de Salazar. Et dès lors vont naviguer dans ses «artères du rêve» des mondes infinis d’utopies, d’engagements et de révoltes.

Les poèmes de «Brises de sédition» ont été écrits entre 2015 et 2018 et la plupart sont accompagnés d’une dédicace de solidarité, comme celles-ci: «à tous les albatros sur les rivages de l’insurrection», «à Alvaro Cunhal, infatigable résistant», «à tous les antifascistes d’ici et d’ailleurs», «à Moa Abaid, arpenteur de mots, porteur d’histoire, pour son ‘C’était hier, Sabra et Chatila’», «aux migrants morts sur les routes d’exil», ou encore «aux paysans sans terre du Brésil et d’ailleurs», dédicace qui figure à la fin du poème «Funeral de um lavrador», inspiré du célèbre et long poème dramatique, «Morte e vida severina», du poète brésilien João Cabral de Melo Neto.

Dans la poésie de José Vala on appréciera son remarquable maniement de la langue française. Il en bouscule volontairement la syntaxe et l’arrangement des mots, leur donnant une vitalité et une efficacité qui rendent ses poèmes plus denses et plus percutants. Le poème «Écris-nous» est d’ailleurs dédié «aux porteurs de la langue française», dont Césaire ou Rutebeuf, qui, à travers elle, ont «chanté l’humain» et plaidé pour «l’égalité des différences».

On remarquera d’autre part les nombreuses figures de style, comme l’anaphore contenue dans le poème «Migrant song»: «Combien de pas sur l’asphalte d’ici // Combien de femmes portant leur amour // Combien de morts sur les routes d’errance // Vous, gouvernants, reclus de cécité, // Il vous est grand temps d’apprendre à aimer», créant ainsi un rythme, une musicalité et une sonorité des mots.

On trouvera le même procédé dans le poème «Assez! Assez!»: «Tu crèves les tombes des hommes absents // Tu saignes la douleur sur des veines sans vie // Tu signes le plus macabre des requiem…».

Par ailleurs, comme pour donner plus de pouvoir au mot et accroître la densité du poème, José Vala recourt souvent à la substantivation des verbes (ici «penser» et «dire»), que l’on peut voir dans les vers suivants: «Prosélytes du capital // Dressés à briser le penser» (poème «Humain cherche oxygène», dédié au peuple grec «asphyxié par le FMI et notre silence complice»), et aussi: «Par la lave du dire, déversons la colère» (poème «Debout, la Nuit, Debout!»).

Quelques-uns de ses poèmes apparaissent sous la forme de haïkus, comme cette belle allégorie de la liberté et de la paix présente dans le poème «Oliviers, chaînes et insurrection»: «Par la force nue // L’oiseau brandit la branche // Aux fleurs d’olivier».

Dans le poème intitulé «Liberticide béton», où le poète appelle à «la destruction du mur séparant le peuple palestinien à l’intérieur de sa propre terre», les vers sonnent comme des punchlines, dont la brièveté et le martèlement nous rapprochent de l’univers du rap: «Détruisez ce mur // De honte et de sang // Trop haut et trop dur // Prison de tourments // Détruisez ce mur // De gris étouffant // Il n’y a de point sûr // Que les ailes du vent».

Rappelons ici que José Vala est aussi musicien et qu’il conjugue depuis longtemps l’écriture poétique et l’écriture musicale.

Dans «Brises de sédition», aux poèmes chargés d’une vision pessimiste: «À force de laisser murer la vie // Dans un gris immonde, bétonné, // Les derniers grains de liberté // S’évanouiront de notre folie», le poète José Vala répond et clame haut et fort: «J’écrirai sur tous les temps mes diatribes à bout portant: // Que vivent les idéaux // Aux utopiques fragrances!»

 

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