Livres: «Mon pseudonyme et moi», de Marco Guimarães

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Dans le cadre des rencontres littéraires de la Bibliothèque Gulbenkian, à la Maison du Portugal (Cité Universitaire de Paris), a eu lieu, le 30 septembre, la présentation du roman «Mon pseudonyme et moi» (édition de l’auteur, 2019), de Marco Guimarães, traduit par Françoise Prin.

La rencontre a été animée par la journaliste et auteure Mazé Torquato Chotil, qui a tout d’abord esquissé une brève biographie de Marco Guimarães.

De nationalité luso-brésilienne, né en 1951 à Rio de Janeiro, Marco Guimarães vit à Paris. Titulaire d’un doctorat et d’un post-doctorat en Médecine, il a enseigné et effectué des recherches dans le domaine de la Physiothérapie durant 30 ans à l’Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro. Marco Guimarães est l’auteur de 10 romans publiés en Angola, au Brésil, en Croatie et en Italie, a effectué de très nombreuses conférences littéraires et est chroniqueur au Diário do Comércio (Minas Gerais).

Dans «Mon pseudonyme et moi», dont le titre de l’édition originale est «Meu pseudônimo e eu» (ed. Octavo, São Paulo, finaliste du Prix Portugal Telecom 2012), comme dans «Fantasmas de um escritor em Paris» (2017), que nous avons eu l’occasion de présenter ici-même, l’auteur nous entraîne le plus souvent dans les rues du Quartier Latin, en compagnie de personnages fascinés par la topographie parisienne et qui vivent des histoires entre le fantastique, le réalisme magique et le surnaturel, d’une part, et le roman d’enquête policière d’autre part.

Le protagoniste de l’histoire est Marcel Rood, un écrivain à succès qui utilise le pseudonyme de Marcel Rodd. Il découvre que son dernier livre sera dédicacé par quelqu’un se faisant passer pour lui dans une librairie parisienne. Sur le chemin de la soirée de dédicace, dans un métro parisien tumultueux, il rencontre Marianne, une jeune sociologue et libraire, dont il tombe amoureux. Dans la file d’attente, alors qu’il attend que son propre livre soit signé par l’imposteur qui le remplace, Marcel rencontre certains de ses lecteurs inhabituels et entame avec eux une relation médiatisée par sa jeune maîtresse. Celle-ci découvre que Marcel a été spolié par son éditeur et, dès lors, menaces, morts et enlèvements se succèdent.

Répondant à l’une des questions sur le caractère autobiographique de son œuvre, Marco Guimarães convient que ses romans sont surement influencés par ce qu’il voit et ce qu’il vit, mais qu’il cherche avant tout à contextualiser son récit. «La réalité, confirme-t-il, est présente dans mes livres, mais sous des formes détournées ou métaphorisées». Et il ajoute par ailleurs qu’il n’y a pas dans ses textes des éléments concrets de sa vie personnelle : «Não trago coisas da minha vida para dentro da minha obra».

Faisant sienne cette recommandation de Boileau contenue dans le célèbre poème L’Art Poétique – «Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage» – où le travail du poète est assimilé à un ouvrage de couture qu’on peaufine sur un métier à tisser, Marco Guimarães nous dit : «O ato de escrever é um ato de reescrever».

Par ailleurs, dans «Mon pseudonyme et moi», comme dans plusieurs de ses romans, l’acte d’écrire fonctionne aussi, pour Marco Guimarães, comme une thérapie : «A escrita me ajuda a resolver meus problemas. A literatura salva ‘a alma perdida’”.

Au cœur de son discours narratif nous sommes interpellés par une intertextualité qui nous fait pénétrer subtilement et assez fréquemment dans un «laboratoire d’écriture» et participer à son processus créatif. C’est ainsi que, à travers ses propres réflexions sur l’écriture, l’auteur sollicite constamment la coopération active du lecteur – suivant le principe de «l’esthétique de la réception» – qui devient un personnage essentiel du texte littéraire.

Brisant les académismes et les codes classiques, libéré des conventions littéraires, Marco Guimarães explore, dans «Mon pseudonyme et moi», avec finesse et beaucoup de talent l’essence-même des sentiments et des fantasmes de ses personnages.

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LusoJornal