Satira de Bordalo Pinheiro

Naufrage des œuvres portugaises de l’Exposition Universelle de Paris de 1900

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Un événement de portée mondial a éclipsé un événement de portée nationale.

La mort de la reine Victoria, le 22 janvier 1901, a éclipsé un des drames des plus importants de l’art portugais: le naufrage du bateau Saint André, le 24 janvier 1901.

 

Une exposition de peinture de Veloso Salgado vient d’être inaugurée ce 1er juillet au Musée de Boulogne-sur-Mer et ce dans le cadre de la Saison France Portugal 2022.

Des œuvres de Veloso Salgado auraient pu y être exposées, toutefois elles ont disparu à jamais le 24 janvier 1901.

Le naufrage du bateau Saint André, qui transportait l’art portugais exposé à l’Exposition Universelle de Paris, fut l’aboutissement d’une participation nationale entourée d’affaires et de polémiques.

L’exposition a été inaugurée le 14 avril 1900 par le Président français de l’époque, Émile Loubet, et s’est terminée le 12 novembre, après 212 jours d’ouverture. Elle a accueilli 50 millions de visiteurs et presque 83.000 exposants.

Des dizaines d’œuvres d’art – les meilleures et les plus illustratives du génie portugais au tournant du XXe siècle – mais aussi des documents irremplaçables, disparurent à jamais le 24 janvier 1901, dans une catastrophe provoquée par l’étrange naufrage du paquebot Saint André, un désastre culturel colossal pleuré jusqu’à nos jours.

Pour des raisons de conditions météorologiques et maritimes défavorables le navire a coulé et, avec lui, toute la précieuse cargaison, affrété qu’il avait été par le Gouvernement portugais pour faire venir de France une partie des chefs-d’œuvre qui avaient participé à l’exposition universelle.

Des difficultés de navigabilité accompagnent tout le voyage, depuis le port du Havre, de là où le bateau est parti avec l’immense trésor, mais c’est déjà le long des côtes portugaises que, face à de plus grands dangers, le Saint André est abandonné par l’équipage.

De Lisboa, pour tenter le sauvetage, le chalutier Berrio est envoyé, mais en vain.

Laissé à la dérive, le paquebot fut traîné et coulé quelque part dans le sud du Portugal, en vue de Sagres.

Une partie de la coque, un baril d’huile minérale et une rame sont tout ce qui a été trouvé. De la charge précieuse et inégalée, aucun signe.

De belles peintures de Malhoa, Colomban, Carlos Reis, Alfredo Keil, Alberto Pinto, Souza Pinto, Veloso Salgado, Carneiro Júnior et bien d’autres, dont celles du roi Carlos lui-même, ont été englouties.

Sculptures, céramiques et carreaux de grande qualité et beauté, notamment de la Real Fábrica Vista Alegre, Fábrica das Devesas (Vila Nova de Gaia), Cerâmica do Carvalhinho (Porto), Faianças das Caldas da Rainha, Usine de vaisselle d’Avelino António Soares Belo, ainsi que des carreaux anciens appartenant à des collections privées, furent perdues à jamais.

Au total, ces joyaux faisaient partie de la fière représentation portugaise et certains ont même été distingués par le jury parisien, faisant reconnaître leur valeur artistique par l’attribution de médailles.

Après la mort de l’écrivain Eça de Queirós, en août 1900, la veuve décide de profiter du même bateau, le Saint André, pour ramener au Portugal les biens restés dans la maison où Eça passa ses derniers jours, à Neuilly-sur-Seine, près de Paris. Tout le mobilier et toute la documentation personnelle d’Eça de Queirós a disparu dans le naufrage.

Des critiques se sont fait entendre au Portugal, certains se sont précipités pour blâmer les Conservateurs portugais de l’exposition, pour avoir prétendument jeté les chefs-d’œuvre nationaux dans un bateau sans soin ni attention.

Dans l’ensemble, bien que l’Inspecteur général de la participation portugaise ait été Ressano Garcia, la plupart des détracteurs ont pointé du doigt le Commissaire à la culture, le Vicomte de Faria (Augusto de Faria), curieusement, le même homme qu’Eça de Queirós remplaça au Consulat du Portugal à Paris et dont il a laissé une mauvaise impression, notamment à cause de sa «terrifiante» épouse.

Le même individu qui fut plus tard (injustement?) identifié comme la cause de tous les maux, à savoir le naufrage qui fit disparaître à jamais les documents de l’écrivain et que Rafael Bordalo Pinheiro tourna en dérision, créant à son image une marionnette oscillante, un porte-cure-dents aux airs de paon gonflé.

Notons que tout ce qui a été exposé par le Portugal à l’Exposition Universelle de Paris de 1900, n’a pas disparu: un train et trois autres bateaux sont arrivés à la bonne gare ou port, ils ont dévié de leur route destructrice – comme le tableau «As Padeiras», de José Malhoa, d’autres œuvres ont été sauvées parce que dirigés vers d’autres expositions, en Russie et en Allemagne notamment.

 

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LusoJornal