Opinion : Et maintenant ?


Contrairement aux annonces bruyantes du soir du 1er Tour de ces élections législatives anticipées, clamant une victoire du RN probable (même sans majorité absolue), le Nouveau Front Populaire arrive pourtant en tête. Le NFP défait donc tous les pronostics pour relayer la majorité présidentielle en second lieu et le RN en troisième place.

Le Front Républicain aura vaincu le RN, ce qui est un soulagement et une joie. Le scrutin majoritaire à deux tours et 217 désistements francs au second tour restent des armes lourdement efficaces. Aussi, l’idée que l’inégalité pouvait légalement et structurellement s’organiser dans le pays des Droits de l’Homme a été clairement rejetée quitte à voter “contre”, pour la énième fois, sans adhésion aucune pour choisir parmi les candidat.e.s en lice car “Il faut estimer le moindre mal comme un bien.”

La France, inquiète pour elle-même, ne s’est finalement pas du tout reconnue dans ce projet de division que le Rassemblement National avait proposé sans vociférer. Rassembleur ? Oui, mais surtout pour rassembler les droites, toutes les droites y compris celle de Macron, à termes. Leur projet n’est, en aucun cas, celui de rassembler la France entière, puisque la Préférence nationale est leur refrain matin, midi et soir.

Rappelons néanmoins, ici, l’essentiel : non, la France n’est pas une nation ethnique. Oui, la France est une nation politique, attachée au respect des principes républicains, de la démocratie et de l’universalisme. Cela a été de nouveau affirmé dimanche 7 juillet par une majorité de concitoyens.nes, plus responsables que le Président de la République et jamais autant mobilisés depuis 1997. Une fois pour toute ?

Le camp républicain s’est donné un sursis. Les Français.es ont assez patienté et leurs attentes sont aussi immenses que légitimes. Beaucoup ont sincèrement souffert, dans leur chair même, durant ce quinquenat et demi, soumis désormais à une cohabitation imminente : mépris, régressions sociales brutales dans le faux claquant de la “start up Nation” où il suffit de traverser la rue pour trouver du travail, entre autres commandements divins présidentiels…

Cependant, la situation politique demeure très incertaine. Quelle que soit la majorité qui s’affirmera, tout reste à faire !

La cohabitation rend l’essentiel du pouvoir à l’Assemblée Nationale pour laisser le Président se replier sur l’armée, la diplomatie y compris sur le bouton nucléaire (au sens propre comme au sens figuré) et ouvrir davantage le jeu démocratique.

Et maintenant ? Quel(le) Premier(e) Ministre ? Quand, comment, avec qui, pourquoi faire ?

Le Nouveau Front Populaire devient le plus important groupe parlementaire dès le 18 juillet prochain. En conséquence, le NFP est donc légitime à former un Gouvernement. N’écartons pas la possibilité d’une ultime volte-face : une majorité allant de Ensemble aux Républicains et aux divers droites. Une coalition arithmétiquement plus importante que la Gauche, mais quelle légitimité issue des urnes et quel temps de survie ? Le rapport de force n’est pas connu de façon chirurgicale sans compter les divisions à l’oeuvre qui peuvent surgir au sein des coalitions mêmes, y compris au sein des partis qui composent ces coalitions. Un Gouvernement d’unité républicaine qui irait du PC aux Républicains, excepté le RN, semblent très peu probable si l’on s’attache aux prises de paroles de leurs leaders depuis les dernières heures de “priorité au direct”.

Le Régime politique de la France est un régime parlementaire, même si le Président a fait du Premier Ministre un collaborateur, pourtant haut et seul responsable pour conduire la politique de la Nation (Article 20 de la Constitution) et diriger le Gouvernement. La France est appelée à le redécouvrir dans l’année législative qui s’ouvre, quelle que soit son espérance de vie. Un régime parlementaire qui doit rendre la parole au Parlement (même passionnée et passionnelle) afin d’aider la vie politique à se transformer, à devenir plus apaisée et plus constructive, sans rester acculés à l’inquiétude, à l’amertume et à la colère.

À l’heure olympique, l’enjeu est de taille car il faut répondre aux aspirations de tout un peuple. Il faut dépasser tous les obstacles qui empêchent la concorde, il faut dépasser les limites habituelles du régime politique comme les garde-fous constitués par les partis, il faut inventer quelque chose de neuf afin de renouer sincèrement avec la promesse républicaine, celle de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité !

Et maintenant ? Un chemin existe, celui d’un Gouvernement NFP, arrivé em tête, pour répondre à l’urgence sociale, en pleine responsabilité pour garantir une vie politique plus sereine, même sans majorité absolue avec un vrai front républicain à l’Assemblée et un front social dans le pays, c’est-à-dire garantir, un avenir commun plus juste à celles et ceux qui sont la France.

En somme, puisse ce nouveau Gouvernement que je crois qu’il sera majoritairement de Gauche multiplier les chances d’émancipation de chacun.e d’entre nous, nés français.e ou non, pour laisser “le rêve français” s’accomplir et dont chacun a le droit de caresser le sien d’ailleurs.

Quelle plus belle médaille olympique espérer ?

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«Machiavel». In le Prince.

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Nathalie de Oliveira

Ex-Député au Portugal

Ex-Maire-Adjointe de Metz

LusoJornal