Opinion : Histoire d’une plaque, une simple plaque

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Très chers lecteurs, avant d’aller plus loin, je vous demande de regarder la photo du présent article. Imaginez ce qu’elle représente.

Eh oui, vous avez raison, c’est une plaque, une simple plaque… On me l’a donnée. Elle m’appartient, elle vous appartient ! Pour moi qui écris ces simples lignes, l’avoir dans mes mains, l’avoir pour moi, est un cadeau. Un très beau cadeau… Le plus beau cadeau qu’on m’a fait… et bien plus que cela.

C’est du domaine du symbolique, de l’historique, de l’émotionnel. Je le partage avec vous.

Quelques-uns diront : c’est du passé, et ce qui est passé est dépassé. Les choses vont tellement vite de nos jours. Internet, téléphone, télévision… nous devenons des citoyens du monde. A quoi bon apprendre l’histoire, à quoi bon apprendre la géographie ? Combien de fois n’avons-nous pas entendu de la bouche de nos enfants : papa, cela c’est du passé. C’est une simple phrase, toutefois elle nous ébranle, nous questionne et parfois même nous fait douter de nos valeurs et de nos certitudes. L’avenir est évidemment devant nous, c’est incontestable. Toutefois, je dirais qu’il est également derrière nous et fait partie du moment présent. Peut-on nier l’histoire du monde, de notre pays et de nous-mêmes ? Peut-on nier d’où nous venons, au sens même géographique ? Le Forestier ne chante-t-il pas la très belle chanson « Né quelque part » ? Comprendre d’où nous venons, n’est-il pas nécessaire pour qu’on puisse mieux se projeter vers l’avenir et mieux comprendre les enjeux qui nous attendent ?

Vous avez raison. Nous divaguons… Ce sont des sujets qui prêtent à discussion, voir à des oppositions. Revenons à nos moutons… la plaque.

Elle a une histoire, c’est dommage qu’elle ne puisse raconter son histoire et les histoires qu’elle a vécu. C’est également une histoire personnelle et c’est probablement la raison principale de mon écrit.

Je connais Michel depuis plus d’une quinzaine d’années. C’est un jeune actif de 82 ans. Michel, merci. Merci, mille fois merci. Michel a valorisé et continue de le faire, par ses projets de réhabilitation d’immeubles dans les centres-villes de Lille, Charleville, Troyes… le siège de sa société étant rue des Stations, à Lille.

C’est de là qui vient la plaque. On le dit parfois, et avec raison… « comme le monde est petit ».

Autre coïncidence : la façade de cet immeuble qui date de la fin du 19ème siècle, est revêtue de faïence. Elle n’a pas la couleur bleue des « azulejos » portugais, toutefois elle est unique sur Lille et de ce fait, elle est classée.

Michel m’a fait visiter, ainsi qu’à des collègues de travail, le siège de sa société, rue des Stations, à Lille, il y de cela 8 ans.

Mon père est arrivé en France, dans le Nord, en 1964 et il est décédé en 2001. J’ai vu mon père, je l’ai entendu, ce jour de printemps 2010, en visitant le dit immeuble rue des Stations : « Tu sais mon fils, quand je suis arrivé en France et avant de devoir prendre le train pour aller faire la queue pendant presque une journée au Consulat de Paris, pour nos passeports et autres régularisations, nous allions à Lille, au Consulat Honoraire du Portugal. Il était situé dans un modeste bureau au fond d’une cour. Il y avait un artisan, on devait monter quelques escaliers, il était Consul Honoraire du Portugal à Lille ».

Petite recherche faite, le Consul Honoraire était de la famille Cavrois, très connue à l’époque sur Lille. Ils étaient carreleurs de père en fils.

Eh oui, vous avez deviné : ce Consulat portugais était rue des Stations, à Lille, et cette plaque vient de là. Voilà pourquoi nous disons que c’est du symbolique, de l’historique, de l’émotionnel. Trop d’émotions l’envahissent, cela fait partie de mon histoire et quelque part de l’histoire de bien d’autres portugais arrivés en France dans les années 60. Cela fait partie de l’histoire ou des histoires de l’immigration. Chacun de mes compatriotes pourraient en écrire des livres. Voilà l’histoire de la plaque.

Merci Michel. Merci pour ce beau cadeau. Toi qui as construit et réhabilité 500 mille mètres carrés de bureaux et surfaces commerciales un peu partout en France, tu as su construire également un grand réseau d’amis, tu tiens aux valeurs des institutions, la solidarité et l’amitié pour toi n’est pas un vain mot, c’est ta façon d’être, merci pour ton exemple.

En écrivant ces quelques lignes, j’ai voulu partager avec vous qui me lisez, ce moment de bonheur, d’histoire personnelle. Bonheur partagé.

L’émotion m’envahit… mes yeux s’humidifient.

Merci. Bem hajam.

 

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LusoJornal