Opinion : La dernière bataille ?


Le dimanche 7 juillet nous donne rendez-vous avec l’histoire pour mener une grande bataille, une bataille contre l’extrême-droite qui n’a cessé de conquérir méthodiquement une majorité de têtes et de cœurs résignés et angoissés. Pourtant, l’extrême-droite n’a jamais changé son fonds de commerce : les Français d’abord ! Compris ? Fourbe et vaniteuse, moins gueularde mais salissant sans honte la mémoire des plus grands noms de notre histoire à la moindre occasion.

Ils osent tout comme mépriser le sacrifice de Jean Moulin dont la grandeur écrase néanmoins l’ignorance et l’indécence abjectes de Jordan Bardella lors d’un débat télévisé de grande audience. Missak Manouchian ne méritait-il pas d’entrer au Panthéon, étranger mort pour la France ? La cravate impeccablement nouée n’y fera rien : le RN reste un parti xénophobe et raciste comme la cohésion sociale le cadet de ses soucis.

Bi-nationaux ? Dommage… Il faudra choisir entre son cœur ou ses yeux ou les deux, sinon pas d’égalité des chances (sachant qu’elles sont déjà moindre pour celles et ceux qui viennent d’ailleurs). Quid des demandeurs d’asile ou autres migrants, au travail, à l’école, majeurs, mineurs, dans l’attente d’une régularisation depuis des années, parfois plus de dix ans, qui s’acquittent d’impôts et qui donnent tout du meilleur d’eux-mêmes à la France : raccompagnés à la frontière ? Laquelle ?

Les mensonges pleuvent par trombes d’eau depuis des mois, des années : submersion migratoire et insécurité sont liée et c’est bien le fait des étrangers, accusent-ils. Les mêmes amalgames puants, la même parole xénophobe et raciste et les mêmes bouc-émissaires : “ils” vont voler notre travail, “ils” viennent pour les allocations, “ils” sont bruyants, “ils” ne sont pas fiables… comme j’entendais jadis naguère sur les immigrés portugais dont je suis. Aujourd’hui, “ils” sont de dangereux criminels et des terroristes à tous les coins de rue, crient-ils sur les marchés aux fruits et légumes des bourgs de France.

Une douleur pour des millions de personnes comme moi, pointés aussi du doigt par l’extrême-droite. Étrangers un jour, étrangers toujours ? Renvoyés à une origine, ethnique, religieuse, essentialisés, assignés à certaines professions, à un chemin plus étroit à cause de sa naissance ? Mais la naissance est-elle un destin ? Se résigner au droit à certains bonheurs et non à tous les bonheurs pour raison de préférence nationale ? NON AU RN !

Si les bilans politiques depuis Sarkozy, pour ne revenir qu’à 2007, ne sont guère brillants, gauche et droite et centre confondus, est-ce une raison pour donner une majorité absolue à une extrême-droite qui va éteindre les Lumières, qui annonce du malheur en renonçant à plusieurs siècles de conquête d’égalité, loin d’être achevée mais réelle ?

Vrai, le règne solitaire et autoritaire du Président Macron aura brutalisé les esprits, tabassé l’espoir, crevé les yeux des gilets jaunes, imposé brutalement des réformes inutiles et inefficaces, mis la jeunesse au pas (sans succès), sans rien apporter de mieux à nos vies. Trois mouvements sociaux majeurs ont impliqué les catégories populaires, d’ailleurs légitimes dans leurs revendications : la crise des gilets jaunes, le mouvement social contre les retraites et les émeutes dans les banlieues. Tous trois ont été matraqués par davantage de mépris et restés sans réponses politiques valables.

Aussi, les discours illibéraux s’épanouissent en culpabilisant les uns et les autres de “coûter trop cher” à l’État malgré le consentement à l’impôt pour attaquer et affaiblir les bienfaits de l’État Providence. En somme, on continue de payer de plus en plus d’impôts mais pour perdre de plus en plus de droits y compris des droits fondamentaux. Cherchez l’erreur ?

Certes, de très mauvais choix politiques ont été actés, comme supprimer l’ISF pour renflouer les coffres des foyers rentiers riches, puis contraindre tous les autres, déjà bien abîmés corps et âmes par la pénibilité au travail à rempiler plus longtemps pour combler les trous budgétaires : une injustice d’une violence sans nom !

L’extrême-droite propose un programme qui en dit long sur son apathie concernant la question sociale. Du côté du RN, dès qu’une prise de parole semble vouloir défendre l’égalité sociale la veille, elle est dénoncée par les mêmes le lendemain. Leur programme n’est ni crédible, ni désirable. D’ailleurs, les meilleurs économistes de ce bas monde l’ont analysé et considéré comme faillitaire et dangereux ! C’est NON !

Aucune bataille n’est perdue avant d’être livrée ou mieux dit “Só é vencido quem desiste de lutar” disait Mário Soares. Alors, à la bataille ! Aux urnes, citoyen.nes CONTRE un projet qui n’est pas celui de jours plus heureux. POUR celles et ceux qui défendent la paix, la cohésion sociale, la démocratie, l’entraide, la conquête d’égalité, de meilleurs revenus, d’égalité des chances, d’émancipation et de garde-fous contre les accidents de la vie.

En ce sens, les plus de deux cents désistements du second tour, au nom de la République, signifient que la digue n’est pas encore rompue.

La dernière bataille ? Non, il y en aura beaucoup d’autres comme concrétiser le projet de société du Nouveau Front Populaire. La bataille du 7 juillet ne doit pas être celle qui nous plonge dans une longue nuit démocratique. Pour cette raison, c’est une bataille historique et que nous devons absolument gagner ! Nous ? Oui, chacun.e d’entre nous doit glisser un bulletin pour celle ou celui qui siègera au sein d’une Assemblée engagée à respecter et défendre les principes et les valeurs liées au tryptique républicain sacré : Liberté, Égalité, Fraternité, sans oublier la Laïcité, car il importe citer Jean Jaurès, ici : “La République doit être laïque et sociale, mais restera laïque parce qu’elle aura su être sociale”.

Au moment où l’on cherche à nous diviser sur nos origines et nos différences, au moment où les plus fragiles sont systémiquement méprisés, sans voix au chapitre, il faut convaincre que le repli sur soi et la peur des autres n’est pas une issue mais une impasse car le RN prépare de nouveaux privilèges sous l’horizon de politiques publiques inégalitaires.

Il faut agir, donc il faut choisir. En toute conscience des périls qui nous guettent. Au feu ! Oui, il y a le feu ! Alors, on éteint le feu. On éteint la flamme du RN qui s’embrase inéluctablement devant nos yeux ahuris, comme un trompe-l’oeil indésirable à la flamme olympique qui, elle, porte les plus belles valeurs universelles dont celle de la solidarité. Une bataille impossible ? Non, cela ne tient qu’à chacun.e de nous !

Qui sait ? Espérons une participation jamais vue pour vérifier une majorité absolue donnée aux Députés du camps républicain et – qui sait ? – un Gouvernement sans le RN ?

LusoJornal