Opinion: Le PS est mort. Vive le PS!

Nous savons le piètre état de santé et les tristes états d’âmes du Parti Socialiste français. La séquence électorale 2017 a été rude: une défaite terrible qui clôture la fin d’un cycle historique, celui du Congrès d’Épinay, la plus haute instance du Parti (11-13 juin 1971), qui donna le «la» de la conquête du pouvoir en 1981, grâce à l’Union de la Gauche dont François Mitterrand aura été l’ouvrier en chef. Même la « saudade [1]» de ce moment de tous les possibles, en 1971 qui dura dix ans avant d’amener la Rose à l’Élysée, s’invite maintenant et, ici, dans les têtes de toutes celles et ceux qui espèrent.

L’espoir, – ce bel invincible? -, au moins dans les mains et les cœurs des militants, a-t-il rendu son dernier souffle au printemps 2017?

Si l’on regarde du côté atlantique, les camarades portugais, au travail, à l’Assemblée nationale, comme dans toutes les municipalités, nous disent les raisons d’espérer. Leur Union de la Gauche [2], mal nommée par la Droite comme «Gerigonça (le machin)», inédite et inespérée, advenue en novembre 2016, malgré leur défaite aux législatives du 4 octobre a néanmoins formé un Gouvernement (majorité de Députés de Gauche alors élus) pour vaincre l’austérité en choisissant l’intervention de régulation maximale de la puissance publique, en temps de vaches maigres, pour ne pas dire anorexiques des comptes publics et s’attaquer entièrement aux combats de l’égalité des chances!

Certes, nous sommes cernés de résignations et de points d’interrogations en tout genre, à l’intérieur de l’appareil, là où ne traînent plus que de grands ou petits élus mais largement au dehors également, là où nos concitoyens vomissent les partis alors même que les partis devront redevenir un lieu de vie expressif pour les Idées!

Pourtant, la lanterne est intacte, celle-ci nous éclaire encore et n’a aucune vocation à finir dans les cartons de Solférino! Cette lanterne porte la lumière des valeurs et des principes qui ont amené à toutes les victoires socialistes et de la Gauche, celles de nombreux progrès historiques d’ordre civilisationnel, pour les siens, pour tous les autres d’Europe et du monde.

L’idéal d’une République sociale réellement aboutie est toujours dans la besace de nos ambitions, les ambitions d’une génération qui doit en finir avec l’idolâtrie de quelques têtes, comme celles de quelques vieilles barbes têtues, pendues à des nostalgies à l’agonie, dépourvues de lucidité, de convictions, de courage, de combativité. Certains bijoux de famille, donc, n’ont plus vocation à être portés. Seule la nostalgie de l’avenir appellera l’avenir et «il y a toujours un avenir pour ceux qui pensent à l’avenir» [3].

S’il faut aller du réel à l’idéal, nous sommes prêts à changer le logiciel poussiéreux de la fin d’Épinay, ouvrir la maison PS à toutes les forces vives de ce pays et d’ailleurs, qui ont soif de justice, au nom d’un projet qui remette la société en mouvement, un projet qui ne jette personne dans les limbes de leurs rues, villages ou villes, au nom de tous les relégués de la mondialisation, comme celles et ceux dont la vie vient buter contre un flanc de frontière montagneuse sadique, au bout d’un long voyage digne d’un scénario de film d’horreur.

Si la Sociale Démocratie s’est usée contre les forces violentes du «faux/nouveau monde», à nous de lui opposer un projet de société où chacun aura son morceau de ciel bleu. A nous de défendre cette belle idée universelle d’égalité, armée de visages nouveaux pour ce début de siècle nouveau, de mots neufs, d’une méthode de travail neuve, avec pour horizon une union nouvelle de la Gauche, en concorde sur des politiques publiques qui protègent et émancipent l’individu, tout au long de sa vie.

Une République où son Président déclare très régulièrement sa flamme à tous les «premiers de cordée» nous dit franchement qu’il est grand temps de rallumer et les étoiles et les soleils. Ainsi, je choisis Olivier Faure, accompagnés de nombreux talents de ce pays, fiers d’être Socialistes et de Gauche, pour nous mener vers d’autres victoires, contre les nouvelles oligarchies néolibérales à l’œuvre, dont une majeure et, en très particulier, celle de la fraternité.

Le PS est mort. Vive le PS!

 

Notes:

[1] Une forme de nostalgie heureuse du futur, selon Fernando Pessoa, écrivain portugais du XXème siècle.

[2] https://jean-jaures.org/nos-productions/l-union-de-la-gauche-au-portugal-une-belle-alliance

[3] François Mitterrand

 

 

LusoJornal