Opinion: Mondial 2018: Retour sur un maillot recto/verso

Tout est rentré dans l’ordre. Après la déferlante, c’est le calme, entre gueule de bois et les débordements passionnels qui resurgissent périodiquement pour les non initiés au football.

A la fin de la finale, France 4-2 Croatie, des amis Français m’ont envoyé un message pour que j’aile fêter avec eux le titre de Champions du Monde 2018.

J’ai accepté! Au grand désespoir de mes enfants franco-portugais, dont la mère française n’arrive même pas à s’intéresser à l’équipe de France, et qui a du mal à saisir que le fruit de ses entrailles se passionne plus pour la Seleção que pour les Bleus… Mystères de la génétique.

Avant d’arriver à pied au centre ville d’Albi, Préfecture du Tarn, la machine qui fait voyager dans le temps, s’est mise en route.

C’est le même parcours que j’ai fait en juillet 2016, habillé avec le maillot de la Seleção du Portugal pour aller fêter le titre de Champion d’Europe, deux ans plus tôt, avant d’être stoppé par la Police «…Faites, attention les supporters du Portugal se font agresser au centre ville, on vous conseille de ne pas aller plus loin…».

Je n’ai pas écouté et j’ai continué.

Ce n’était pas trop grave, j’ai juste reçu une canete de bière vide – hélas – sur la jambe.

Avec les résistants sans peur qui arboraient leurs écharpes du Portugal, on a continué de crier «Campeões, Campeões, nós somos Campeões».

Le pire restait à venir. Le lendemain, la Seleção et le Portugal ont été traînés dans la boue, il fallait un moral à toute épreuve pour tenir tête et ne pas déprimer face au pays qui nous a accueillis, celui que l’on respecte tant, mais dont le mépris est équivalent.

Les amis que je citais plus haut, c’est les mêmes avec lesquels j’ai partagé les directs de radio Albigés – lors des matchs contre l’Argentine et la Belgique – dans un restaurant occitan aux couleurs gauloises.

L’enjeu en dehors du match, consistait à s’envoyer des blagues, après la dernière confrontation France/Portugal lors du dernier Championnat d’Europe des Nations.

Ce que l’on reprochait à l’équipe lusitanienne en 2016, la Sélection française en 2018 s’en est très bien inspirée, réussissant à faire mieux. Elle a su être opportuniste en tirant profit d’une Coupe du Monde atypique.

Anti-jeu, faire déjouer l’adversaire au lieu de pratiquer un jeu agréable et offensif. Et ce n’est pas les millions de supporters occasionnels qui sortent de chez eux de temps en temps pour aller se faire voir sur les Champs-Elysées qui ont réussi à redorer le blason d’une équipe gauloise, multicolore et médiocre.

C’est dit! Pela boca morre o peixe!

Seul le Coq est capable de chanter les pieds dans la bouse!

Pas de regrets. Je me suis bien amusé avec mes amis français au centre ville d’Albi, j’étais content de les voir si heureux, parmi eux beaucoup sont nés alors que j’habitais déjà sur le territoire français – mais comme portugais – je n’ai pas réussi à porter le maillot français et vêtir la peau d’un Champion du Monde.

Au petit matin, quand j’ai repris le chemin de chez moi – en France – mes rancunes de 2016 se sont évaporées dans la douce chaleur du soleil qui se réveillait. Finalement j’étais vraiment heureux de partager cette joie universelle, dans un petit coin de mon monde portugais.

 

 

LusoJornal