Par de là le libéralisme et le socialisme, la Nouvelle Utopie du XXIème siècle a débuté…

L’année 2017 a marqué le centenaire de la Révolution Bolchévique en Russie. En 1917, alors que le Marxisme et le Socialisme s’affirment idéologiquement comme l’unique rempart contre le Capitalisme, fléau de l’humanité rendant l’homme esclave des forces du marché, trois petits pastoureaux portugais (François, Jacinthe, Lucie) vivant dans un petit village proche de Fátima (1) (notons l’origine arabe, mauresque, et prophétique du nom prenant un sens particulier dans le contexte actuel du dialogue Islam/Occident) disent avoir une révélation privée considérée par l’Eglise de Rome comme authentique.

Voici la teneur de cette prophétie relevant du second secret (trois secrets furent en effet révélés aux petits bergers): «La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le pontificat de Pie XI en commencera une autre pire encore. Lorsque vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne, qu’Il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la faim et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père. Pour empêcher cette guerre, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si on accepte mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites. À la fin, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera concédé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi, etc…» (2).

Pour un athée, ce passage est déconcertant laissant entrevoir une probable hallucination collective. Et Pourtant, curieusement, il semblerait que la Russie ait pris en considération cette mise en garde de l’Au-delà. La Russie n’a pas renié son histoire socialiste, elle semble s’orienter vers une réhabilitation de ses mythes fondateurs.

Poutine semble répondre à l’Appel des petits voyants portugais consciemment ou inconsciemment et c’est ce que constate d’une certaine manière l’intellectuel Michel Eltchaninoff: «Après une décennie de démocratie post-soviétique vécue dans une crise économique et sociale presque permanente, après l’humiliation de la fin de l’empire, il faut rendre son rang à la Russie. Très rapidement, Poutine appelle à l’aide les valeurs nationales et orthodoxes. S’il ambitionne une ‘renaissance spirituelle de la Russie’, c’est encore sous le signe du ‘droit de la liberté, de l’homme et du citoyen’. Mais les allusions de plus en plus décomplexées à la ‘sainte Russie’ manifestent le ‘rôle particulier’ que la ‘Russie a accepté d’assumer comme gardienne des authentiques valeurs chrétiennes’. Poutine investit les lieux de mémoire de l’orthodoxie russe et interprète le christianisme dans le sens d’une identité nationale spécifique, appelée à jouer un rôle dans le monde» (3).

Comment un fait historique mineur (Apparitions de Fátima) s’associe à un fait historique majeur (Révolution Rouge) dans une sorte d’«inconscient collectif» contribuant à l’avènement d’une troisième voie à l’aube du XXIème siècle?

Elu le 24 janvier 2016, le nouveau Président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, professeur de droit à l’Université de Lisbonne, présentateur vedette d’une émission culturelle à la télévision portugaise, issu d’une formation politique de droite libérale, semble de manière discrète rejoindre la pensée de Poutine. En effet, lors de l’inauguration des installations d’une entreprise nationale, il évoque la nécessité pour le Portugal de conjuguer le «pain matériel» et le «pain spirituel»: «O futuro próximo de Portugal passa pela conjugação do ‘pão’ material e do ‘pão’ espiritual. Quando fala em ‘pão material’, o Presidente da República refere-se à necessidade de ‘criar riqueza, com rigor, bom senso e os pés assentes na terra, mas criando emprego’, e quanto ao ‘pão espiritual’, Marcelo Rebelo de Sousa quer sublinhar a necessidade de olhar para ‘as coisas do espírito, para a cultura’”. (4)

Notons que le Portugal est gouverné par un Premier Ministre PS s’étant allié aux Communistes!

Autrement dit, tout l’échiquier politique de gauche et de droite semble réuni dans un climat apaisé sous le signe de la croissance? Ne peut-on pas dire que le Portugal et la Russie semblent dessiner subtilement une Utopie commune pour le XXIème siècle, celle de la «civilisation de l’Universel» que le Président sénégalais Léopold Sedar Senghor pressentait? Le Portugal et la Russie deviennent en quelque sorte les deux nouveaux «moteurs» de la «Nouvelle Europe» prônant en quelque sorte de manière «implicite», «inconsciente», le dépassement des doctrines économiques ayant produit la «guerre froide». «Par de-là le libéralisme et le socialisme» devient le nouveau crédo des chefs d’Etat «visionnaires»?

L’opposition entre le rationalisme libérale et le rationalisme social n’a plus de sens aujourd’hui. La pensée est devenue complexe, comme le souligne Edgar Morin. Le sociologue français avait adhéré au Communisme et plus tard il analysa, dans sa «Méthode», les limites de la dialectique de Marx. Le XXIème doit devenir l’espace de la «dialogique», c’est-à-dire le «dialogue» des contraires comme le préconise Edgard Morin: «Le problème est de savoir reconnaître en même temps les deux vérités profondes en contradiction. C’est ce qu’avait déjà indiqué Pascal: «La source de toutes les hérésies est de ne pas concevoir l’accord de deux vérités opposées». En écho, Jung (Psychologie et Alchimie): «Ce qui est ambiguïté et sans contradictions ne saisit qu’un côté des choses…». En écho encore, Scott Fitzgerald: «Le critère d’une intelligence de premier ordre est la faculté pour l’esprit de fonctionner tout en envisageant simultanément deux idées opposées». Et E.F. Schumacher: «Tout le problème de la vie économique – et, en fait de la vie en générale – est qu’elle exige constamment la réconciliation vivante des opposées qui, en logique pure, sont irréconciliables». Ajoutons: il ne s’agit pas seulement d’associer ensemble deux vérités contraires pour accéder à une vérité plus profonde et plus complète. Il s’agit aussi de voir que la vérité peut se trouver en creux; insondable, dans la brèche logique qu’ouvre une contradiction «forte» (5).

Le Portugal et la Russie semblent, à partir de vécus historiques opposés, évoluer vers la dialogique, la réconciliation des contraires. Par son alliance avec l’Angleterre, le Portugal a adhéré aux thèses d’Adam Smith qui prônait une économie libérale où le capital régule les marchés, malgré l’égoïsme des entrepreneurs capitalistes car une «main invisible» était à l’œuvre. Professeur de théologie, l’économiste anglais croyait aux «lois naturelles» et l’homme risquait de perturber l’organisation naturelle du corps social en mobilisant trop fortement les forces de l’Etat.

L’économie est en quelque sorte la conjugaison du «naturel, du rationnel et de l’irrationnel», formule empruntée au célèbre écrivain Miguel Torga. Fondateur d’une pensée économique d’essence «théiste», Adam Smith apparaît comme l’opposé du philosophe allemand Karl Marx. Pour le père du socialisme moderne, la «religion est l’opium du peuple». La Religion catholique légitime d’une certaine manière l’exploitation du prolétariat semble-t-il nous dire. Voici sa conception idéologique: «La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple… Nier la religion, ce bonheur illusoire du peuple, c’est exiger son bonheur réel. Exiger qu’il abandonne toute illusion sur son état, c’est exiger qu’il renonce à un état qui a besoin d’illusions. La critique de la religion contient en germe la critique de la vallée de larmes dont la religion est l’auréole. […] La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique (6).

Nous pouvons apercevoir deux philosophies s’opposer: une philosophie «théiste» libérale, s’appuyant d’une certaine manière sur «la parabole des talents» du Christ Dieu, s’opposant à une philosophie «athéiste» adoptant le «communisme» du Christ Homme.

Adam Smith et Karl Marx: deux visions de l’Anthropos et du Cosmos irréconciliables? Les doctrines libérales et sociales produisirent une myriade de doctrines n’existant les unes que par rapport aux autres. Au cours de son histoire, le Portugal a imaginé un antidote à la lutte fratricide des contraires: le cinquième empire ou cinquième paradigme pourrions-nous dire. Le discours du Président de la République portugaise se comprend à partir de la pensée de Fernando Pessoa: «Ce n’est donc pas vers une fusion mystique que nous allons, mais vers l’articulation claire et distincte des deux pouvoirs de la Force, des deux côtés de la Connaissance. Alors s’effectuera la conquête apparente de l’intelligence matérielle par l’intelligence spirituelle, et de l’intelligence spirituelle par la matérielle» (7).

Le cinquième empire se définit alors ainsi: «C’est ainsi que le Cinquième Empire permettra la réunion de deux forces, depuis longtemps séparées, mais qui, depuis longtemps, tendent à se rapprocher: le côté gauche de la sagesse – c’est-à-dire la science, le raisonnement, la spéculation intellectuelle; et son côté droit – c’est-à-dire la connaissance occulte, l’intuition, la spéculation mystique et kabbalistique. L’Alliance de Dom Sébastien, Empereur du Monde, et du Pape Angélique symbolise cette union intime, cette fusion du matériel et du spirituel que l’on n’a peut-être pas le droit de séparer» (8).

Cette analyse préfigure le concept de «pensée complexe» d’Edgar Morin «amoureux de la lusophonie» qui milite pour une dialogique de «l’analogique» et du «logique», et du «Mythos» et du «Logos». Edgar Morin affirme, à la suite de Fernando Pessoa, que «l’esprit humain se révèle dans l’exercice d’une pensée rationnelle (logos) et dans l’exercice d’une pensée mythique (muthos). La première, présente depuis les origines, s’est surtout développée dans les sciences: c’est une pensée apte à recueillir et vérifier systématiquement des informations, elle utilise la logique, l’idée, le calcul, et développe ses stratégies cognitives dans la relation avec le monde empirique. La seconde, présente aussi depuis les origines, se développe dans le mythe, utilise les analogies et les symboles, transgresse la logique et se déploie dans un monde où l’imaginaire s’entrelace avec le réel» (9).

Le mythe ne doit donc pas être méprisé car il contient un accès à la Vérité, à la Connaissance Absolue. L’homme doit juste «rénover» son mythe fondateur orientant sa propre vie, sa propre collectivité: «Heureusement, nous avons le mythe sébastianiste qui plonge loin ses racines dans le passé et l’âme portugaise. Notre tâche est ainsi plus facile: nous n’avons pas à créer un mythe mais juste à le rénover. Commençons par nous enivrer de ce rêve, par l’intégrer à nous-mêmes, par l’incarner. Une fois cela accompli indépendamment par chacun de nous, seul avec lui-même, le rêve nourrira tout ce que nous dirons ou écrirons. Ainsi une atmosphère sera créée, que nous tous respirerons – nous comme les autres. Alors surviendra dans l’âme de la nation le phénomène imprévisible qui donnera naissance aux Nouvelles Découvertes, à un Monde nouveau, au Cinquième Empire. Et le Roy Dom Sébastien sera de retour» (10)… sur son cheval blanc, un matin de brume comme l’annonce la prophétie.

Nous voyons ainsi, à travers ce monument de la littérature portugaise et européenne, que l’imaginaire lusophone contient les solutions pour élaborer le projet des sociétés de demain. Cette pensée lusitanienne n’est pas incompatible avec la pensée laïque française née en 1789. Le Cinquième Empire contient la «Sainte trinité laïque – Liberté-Egalité-Fraternité».

Comme le souligne Fernando Pessoa, toute société humaine est régie par deux forces contraires. La Liberté s’oppose à l’Egalité. D’une certaine manière on y voit une opposition entre l’individuel et le collectif. Les forces de l’Individuel sont entropiques, chaotiques, dynamiques, créatives et même, dans une certaine mesure, égoïstes alors que les forces du collectif procèdent de la néguentropie, elles se veulent harmoniques, statiques, humaines, empathiques et paradoxalement aussi injustes. En simplifiant, la Liberté est associée à la doctrine économique libérale et l’Egalité est la fille aînée du Socialisme économique. Mitterrand disait qu’il ne fallait jamais les séparer. Ainsi, le génie de la laïcité a imaginé le troisième terme dialogique: la Fraternité.

La Fraternité est donc au-delà du libéralisme et du socialisme. L’ancien Président socialiste François Mitterrand conclu sa vie politique en affirmant: «j’ai une âme mystique et un cerveau rationaliste, je ne peux choisir entre les deux» (entretiens avec F. Olivier Giesbert). Celui qui avait pratiqué des politiques de gauches et des politiques de droite, avait-il lu Fernando Pessoa lorsqu’il affirme dans sa dernière intervention médiatique pour les vœux à la Nation de 1994 qu’il croit aux forces de l’esprit (Peut-être Esprit avec une majuscule)?

En effet, Fernando Pessoa considérait que l’homme politique idéal doit absolument être mystique: «Si donc, toute politique doit essentiellement reposer sur une mystique, il doit à plus forte raison en être de même de la politique qui ne traite pas des problèmes ou des intérêts à court terme ou limités dans l’espace. Nul souci de mysticisme quand on est Maire adjoint, peu quand on est Maire, mais il en faut déjà un peu quand on est Préfet, n’en déplaise à ceux qui le sont ou l’ont été» (11).

Cette affirmation nous reconduit au constat du départ mettant en relief la proximité philosophique du Portugal et de la Russie. Ces deux Etats Nations peuvent en effet amorcer un nouveau paradigme, une union de l’Orient et de l’Occident, autrement dit la réconciliation de la «raison intuitive» et de la «raison discursive» de Léopold S. Senghor pour créer la fameuse «Civilisation de l’universelle» qui n’anéantie pas les différences culturelles mais qui les fait fleurir ensemble.

L’esprit de la Lusophonie, du Cinquième Empire s’exprime encore de ces réflexions de Fernando Pessoa: «Quel Portugais authentique peut, par exemple, vivre dans l’étroitesse stérile du catholicisme, quand à ses côtés il y a ses côtés tous les protestantismes, toutes les religions orientales, tous les paganismes morts ou vivants à fondre lusitanienne ment dans un Paganisme supérieur? Ne tolérons pas qu’un seul dieu reste à l’extérieur de nous-mêmes. Absorbons tous les dieux! Nous avons déjà conquis la Mer: il ne nous reste qu’à conquérir le Ciel en laissant la Terre aux autres, aux éternels autres, aux autres de naissance, les Européens qui ne sont pas Européens car ils ne sont pas portugais. Être tout, de toutes les manières, parce que la Vérité ne peut exister incomplète! Créons ainsi le paganisme supérieur, le polythéisme suprême! Dans l’éternel mensonge de tous les dieux, seuls tous les dieux sont la Vérité» (12).

L’imaginaire portugais et l’imaginaire russe contiennent tous les imaginaires de l’Orient à l’Occident: l’un à travers l’histoire de ses découvertes maritimes et l’autre à travers la conquête de ses terres. La lusophonie de demain c’est donc cela, l’union du Je et du Tu qui conduit au Nous, à l’union fraternelle dans l’Esprit, qu’il soit Logos ou Mythos.

Rappelons ainsi pour terminer cette réflexion, la pensée de l’anthropologue Philippe Descola qui affirme dans une démarche structuraliste qu’il existe quatre manières de voir, d’appréhender et de sentir le monde: le monde lusophone contient certainement les ontologies définies par l’anthropologue français.

Examinons plus précisément ces quatre horizons:

– L’animisme: «…c’est l’imputation par les humains à des non-humains d’une intériorité identique à la leur. Cette disposition humanise les plantes, et surtout les animaux, puisque l’âme dont ils sont dotés leur permet non seulement de se comporter selon les normes sociales et les préceptes éthiques des humains, mais aussi d’établir avec ces derniers et entre eux des relations de communication. La similitude des intériorités autorise donc une extension de l’état de ‘culture’ aux non-humains avec tous les attributs que cela implique, de l’intersubjectivité à la maîtrise des techniques, en passant par les comportements ritualisés et la déférence à des conventions. Toutefois, cette humanisation n’est pas complète car, dans les systèmes animiques, ces sortes d’humains déguisés que sont les plantes et les animaux se distinguent précisément des hommes par leurs vêtures de plumes, de poils, d’écailles ou d’écorce, autrement dit par leur physicalité» (13);

– Le totémisme: «…le schème totémique est parfaitement symétrique. Toutes les entités humaines et non-humaines incluses à l’intérieur d’une classe d’existants partagent un ensemble d’attributs identiques relevant à la fois de l’intériorité et de la physicalité, les différences de morphologie n’étant pas perçues comme un critère suffisant pour procéder à des discriminations ontologiques internes aux classes…»

– Le naturalisme: «…le naturalisme définissable soit définissable par une continuité de la physicalité des entités du monde et une discontinuité de leurs intériorités… ce qui différencie les humains des non-humains pour nous, c’est bien la conscience réflexive, la subjectivité, le pouvoir de signifier, la maîtrise des symboles et le langage au moyen ces facultés s’expriment…» (14);

– L’analogisme: «L’analogisme joue aussi sur la symétrie, mais des différences et non plus des ressemblances. Les existants sont tous particularisés et formés de composantes dissemblables qui brouillent et démultiplient la dualité subjective du corps et de l’intentionnalité; l’intériorité est souvent extériorisée en partie et la physicalité investie de propriétés spirituelles…» (15).

Le monde lusophone étant assez vaste (Amérique, Afrique, Europe, Asie), qu’il peut contenir ces variétés de «penser» les rapports humains/non-humains . L’espace lusophone n’est donc plus uniquement un lieu d’échange intraspécifique (Humains/Humains) mais un espace d’interactions humains/non-humains.

Cette anthropologie française analytique, en apparence séduisante et convaincante, est à notre humble avis complètement dépassée car la philosophie lusophone a su progressivement imaginer et éprouver une cinquième ontologie de l’universelle beaucoup plus pertinente, celle qui réalise la synthèse des ontologies opposées.

Autrement dit, le monde du XXIème siècle exige, pour le bien de l’Homme et de la Nature, une vision holistique non plus analytique, spécialiste, dualiste mais bien synthétique, totale et harmonique conjuguant la coïncidence des opposés comme le recommande le théologien du XVème siècle Nicolas de Cues.

Les visions analytiques font l’apologies de la tyrannie sous des apparences aguicheuses: Marx préconisait la «lutte des classes» et le capitalisme de Ford encourageait la «division du travail». Dans les deux cas, nous sommes face à deux formes de dualismes: l’un sociologique et l’autre économique. Deux impasses qui ont conduit l’humanité au désastre. La Vérité est trinitaire! Les temps de la Déesse «Raison» sont achevés. Le culte de la rationalité absolue est en déclin car l’homme dans sa nature est rationnel et irrationnelle.

Il est grand temps d’adopter la formule de Pascal qui prône «L’esprit de géométrie et l’esprit de finesse». Un grand maître écuyer portugais Nuno Oliveira l’a dit en 1966 au Gala de la Piste à Paris en présentant deux chevaux: l’un baptisé Euclide et l’autre Beau Geste…

La cinquième ontologie de l’Universel signifie «sentir tout de toutes les manières» comme l’affirme le poète Fernando Pessoa! Si certains ne sont pas convaincus, alors nous leur recommandons de bien lire la psychologie des profondeurs de Carl Gustave Jung qui avait déjà anticipé les désastres d’un inconscient collectif livré à lui-même sans cultes, ni rites qui le contiennent! Lisez donc Les Racines de la Conscience… et faites un vrai examen de conscience!

Je terminerai en écuyer en rappelant que l’art équestre portugais suggère de monter les chevaux avec le cœur et la raison! Le cheval pouvant être une allégorie du peuple… Dans les temps anciens, tout monarque respectable connaissait cette Vérité: c’était le cas du Roi Dom Duarte du Portugal – 1434 (16) (l’unique traité de dom Duarte sur l’art de pratiquer l’équitation se trouve à la BN François Mitterrand! Drôle de coïncidence!).

Hélas les rois de ce monde moderne ne montent plus à cheval!

Cette Vérité a été oubliée… L’Europe de demain, c’est celle du cinquième paradigme!

Pour les esprits pseudos économistes qui doutent encore, je vous invite enfin à lire Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie et son ouvrage Système 1 et Système 2! Cet ouvrage pourra certainement les rassurer! Ils découvriront aussi que l’économie n’est pas un ramassis de statistiques et de prétendues équations révélant la vérité du marche et la vraie destinée de l’homme! L’économie est psychologique avant tout! De la science éclairée à la haute mystique, l’homme est toujours Corps, Esprit et Ame et il dispose toujours de deux chemins de la Connaissance pour appréhender la Vérité!

Foi et Raison disait Jean Paul II, dans sa célèbre Encyclique!

 

Carlos Henriques Pereira

Maître de conférences à Paris III Sorbonne-Nouvelle, linguiste, économiste diplômé de l’université Paris-Dauphine (1986-1990), ex-professeur de mathématiques financières au Centre de Formation de la Profession Bancaire (2000-2006) à Paris, ex-Directeur de la communication et marketing de la Banque BPCO-Groupe BCP Millenium (1995-2000) – Paris, auteur de «Portugais économique et commercial», Presse Pocket, 2009, chercheur associé à l’Université de Kyoto/Japon-Institut de Primatologie (département «Langage et cognition» – 2014-2019), Président de l’Institut du cheval et de l’équitation portugaise (2004/2019), co-Président de la Société Française de Zoosémiotique (société savante en zoologie et sémiotique) et co-fondateur (Sorbonne Paris III-Université de Kyoto) de la Station internationale d’observation de la biodiversité de la Serra Arga-Viana do Castelo, au Portugal.

Equitationportugaise.com

Societefrancaisedezoosemiotique.fr

 

Notes:

(1) Fátima: Fatima-Zahra (fātima, فاطمة1; zahra ou az-zahraʾa, الزهراء, la resplendissante), est la fille du Prophète de l’islam Mahomet et de sa première femme Khadija, née à La Mecque vers 606 et morte à Médine le 28 août 632. Considérée par Mahomet comme la reine des femmes du Paradis, il s’agit de l’une des figures féminines les plus symboliques de l’Islam.

(2) Consulter le site officiel de Fátima: www.fatima.pt/fr

(3) Eltchaninoff, Michel. Dans la tête de Vladimir Poutine, Paris: éditions Babel, 2015, p. 81

(4) www.tsf.pt

(5) Morin, Edgar. La méthode II, édition: Paris Opus Seuil, 2008, p. 1772

(6) K. Marx, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel (1843)

(7) Pessoa, Fernando. Le chemin du serpent, Paris: éditions Titre 72, 1991, 431.

(8) Ibid., p. 413

(9) Morin, Edgar. Ibid., p. 1984

(10) Pessoa, Fernando. Ibid., p. 438

(11) Ibid., p. 432

(12) Ibid., p. 437

(13) Ibid., p. 183

(14) Ibid., p. 242/243

(15) Ibid., 329

(16) Pereira, Carlos, Quint, Anne Marie. Le traité des équitations…, Paris: Actes Sud, 2016

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LusoJornal