Lusa | Mário Cruz

Que se passe-t-il au Portugal: Le Premier-Ministre a démissionné. Et maintenant?



Le Premier Ministre portugais António Costa a annoncé hier sa démission, après que le Ministère public a révélé qu’il faisait l’objet d’une enquête. Mais la sortie de crise est entre les mains du Président de la République.

Marcelo Rebelo de Sousa a reçu aujourd’hui tous les partis politiques siégeant à l’Assemblée nationale portugaise. Les partis d’opposition préfèrent une solution passant par des élections anticipées. A Droite, le PSD, l’Iniciativa Liberal, Chega et CDS veulent que les Portugais votent. A Gauche, du PCP au Bloco de Esquerda, aussi. Et même le PS, le Parti qui est actuellement au Gouvernement, avec une Majorité au Parlement, s’est déclaré prêt à la fois aux élections et à un changement de Premier Ministre.

Justement, la possibilité de changer de Premier Ministre est revenue plusieurs fois sur la table ce mercredi. Pas un futur successeur d’António Costa, mais un des poids-lourds du Parti Socialiste comme le Président de l’Assemblée Nationale, Augusto Santos Silva ou António Vitorino, Haut-Commissaire pour les Réfugiés auprès de l’ONU.

La solution à la crise politique ne sera connue que dans les prochains jours, après que le Président Marcelo Rebelo de Sousa, ait réuni le Conseil d’État, demain, jeudi.

Dans quelques jours António Costa compléterait huit ans de son mandat à la tête du Gouvernement, poste qu’il occupe depuis 2015.

Hier matin il s’est dit «surpris» par l’information selon laquelle une procédure pénale allait être ouverte contre lui par le Ministère public, près la Cour suprême de justice. Même s’il a assuré qu’il «ignorait absolument l’essence de tout processus».

Quel que soit le processus, a-t-il déclaré, «la dignité du rôle de Premier Ministre et la confiance que les Portugais ont dans les institutions, sont absolument incompatibles avec le fait que quelqu’un, qui est le Premier Ministre, soit soupçonné de son intégrité, de sa bonne conduite ou faire l’objet d’une procédure pénale».

La matinée d’hier a été dominée par l’actualité des perquisitions du Ministère Public sur des projets de lithium et d’hydrogène, dans lesquels, selon le Procureur Général (PGR), sont en jeu des délits de malversation, de corruption active et passive ainsi que de trafic d’influence. Parmi les personnes impliquées, figuraient le Chef de cabinet du Premier Ministre, Vítor Escária, qui a été arrêté, et le Ministre des infrastructures, João Galamba, qui est accusé.

Le Président de la République a reçu immédiatement le Premier Ministre et ensuite la Procureure générale. C’est alors que la déclaration de la PGR a appris l’implication d’António Costa, qui a refusé de commettre «tout acte illégal» ou répréhensible, et a exprimé sa pleine disponibilité à collaborer avec la justice «dans tout ce qu’il juge nécessaire».

Quelques minutes après António Costa a présenté sa démission lors d’une deuxième rencontre avec Marcelo Rebelo de Sousa.

Entretemps, le Directeur de Cabinet du Premier Ministre, Vítor Escaria, le Maire de Sines, Nuno Mascarenhas, deux Administrateurs de la société Start Campus et le consultant Diogo Lacerda, un avocat et homme d’affaires très proche d’António Costa, ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur le secteur du lithium et de l’hydrogène vert.

Une donnée importante que le Président de la République aura en tête est le fait que l’Extrême droite puisse être «le grand gagnant» de cette crise politique au Portugal.

Le poids de la décision est sur les épaules de Marcelo Rebelo de Sousa, mais après la grande surprise qui a réveillé le pays hier, tout le pays espère que l’impact de cette crise soit le moindre, surtout que le Budget de l’Etat pour 2024 est actuellement en discussion au Parlement portugais (les travaux ont donc eu lieu normalement, ce mercredi).

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