Rencontre à la Sorbonne Nouvelle avec Marcelo Rubens Paiva, auteur du roman «Je suis toujours là»

Le mercredi 22 octobre, le grand amphithéâtre de la Sorbonne Nouvelle (Campus Nation) était plein comme un œuf pour accueillir l’écrivain Marcelo Rubens Paiva, auteur du roman autobiographique «Je suis toujours là» (titre original «Ainda estou aqui», 2015), traduit par Richard Roux et paru aux Éditions Decrescenzo, en octobre de cette année. La rencontre était modérée et animée par Leonardo Tonus et Sandra Sibaud, tous deux professeurs à la Sorbonne-Nouvelle, ainsi que Lara Bourdin, professeure à la Sorbonne Université, et ponctuée de lectures d’extraits du roman par Pierre Fabre, comédien.

Marcelo Rubens Paiva est écrivain, dramaturge et scénariste, né à São Paulo en 1959. Il grandit à Rio de Janeiro où sa famille s’installe, en 1966, à la suite de l’exil volontaire de son père, le Député socialiste Rubens Paiva, opposant au coup d’État des militaires brésiliens en 1964. En 1971, son père est arrêté, torturé et disparaît, son corps ne sera jamais retrouvé.

Auteur également des romans «Feliz Ano Velho» et «Blecaute», entre autres livres, Marcelo Rubens Paiva a remporté plusieurs prix au Brésil, dont le Prix Jabuti, un des plus grands prix littéraires brésiliens. Par ailleurs, «Je suis toujours là» a été source d’inspiration du film au titre homonyme, du réalisateur Walter Salles, sorti en 2024 et récompensé sur les circuits internationaux de cinéma.

Dans «Je suis toujours là», l’histoire commence en 1971, à Rio de Janeiro. Depuis le coup d’État militaire de 1964, l’ancien Député et opposant au régime, Rubens Paiva, père de Marcelo Rubens Paiva, s’est retiré de la vie politique et partage désormais son temps entre sa famille et sa carrière d’ingénieur. Un matin, il est arrêté avant de disparaître sans laisser de traces. Pendant près de trente ans, la dictature s’emploie à maquiller l’assassinat du père de famille. Face à cette injustice, son épouse Eunice Paiva refuse le silence. Présumée veuve et mère de cinq enfants, elle se réinvente, devient avocate, et consacre sa vie à défendre les droits des victimes de la répression militaire, tout en menant un combat acharné pour faire éclater la vérité et préserver la mémoire de son mari. En évoquant aussi la lutte de sa mère contre l’Alzheimer, Marcelo Rubens Paiva explore la mémoire, l’enfance et le mystère de la disparition de son père.

Jalonnée de lectures et d’échanges avec le public, la soirée fut riche en émotions, notamment lorsque Marcelo Rubens Paiva, à travers son témoignage évoque la capacité de résistance et de résilience de sa mère («qui avait transformé sa souffrance en combat : je suis toujours là»), ainsi que sa lutte inlassable pour les droits des victimes de la dictature. La mémoire, qui traverse l’ensemble de l’œuvre de Marcelo Rubens Paiva («nous avons une mémoire dès le jour de notre naissance», lance-t-il d’emblée), mais aussi l’opposition au gouvernement de Bolsonaro, furent les questions le plus souvent abordées durant cette rencontre à la Sorbonne Nouvelle.