Rétrospective de l’œuvre de Mário Chichorro exposée à Dijon

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Sous la houlette de l’Association Itinéraires Singuliers (voir ICI) une exposition rétrospective de l’artiste Mário Chichorro se tient à l’Hostellerie au Centre d’Art Singulier, à Dijon, depuis le 6 octobre jusqu’au 27 mars.

On ne sort pas indemne d’une exposition… d’un regard posé sur un tableau de Mário Chichorro. Chaque tableau est une exposition, chaque exposition est le tableau de l’artiste. Grâce à son style si personnel et inimitable, une fois qu’on a vu les tableaux de Mário Chichorro, on sait qu’on ne les oubliera pas, qu’on les aime, ou pas! Son univers artistique ne peut nous laisser indifférent.

L’occasion nous est donc donnée d’apprécier l’œuvre de cet artiste difficile de classer, tellement riche est son originalité.

Précédemment programmée pendant la pandémie, on peut dire que l’exposition de Mário Chichorro, joue la prolongation, pour le bonheur de ses visiteurs.

Mário Chichorro est né le 17 décembre 1932 à Torres Vedras, au Portugal. Il commence des études d’architecture à l’école des Beaux-Arts de Porto. Il étudie pendant 2 ans, puis travaille ensuite dans différents cabinets d’architecture à Lisboa et à Porto. Il arrive ensuite en France en 1963 et s’installe dans les Pyrénées-Orientales, gardant toujours l’accent de son pays de naissance.

Mário Chichorro y collabore avec des architectes jusqu’en 1968 et finit par abandonner l’architecture pour se consacrer entièrement à la peinture et à l’art, une passion qu’il a depuis l’enfance. Tout a commencé par du dessin, de la peinture et il finit par se concentrer sur la réalisation de bas-reliefs.

Il réalise sa première exposition en 1969 et se fait remarquer par Jean Dubuffet, qui lui offre une place dans sa collection d’Art Brut à Lausanne.

Il a réalisé au moins 4.000 œuvres au cours de sa carrière. N’est-ce pas l’artiste portugais ou l’un des artistes les plus prolifiques de ses dernières décennies?

Il est important de préciser que même si Mário Chichorro est très souvent apparenté à l’Art Brut, toutefois l’artiste n’aime pas que l’on le catégorise.

Il a toujours travaillé avec le relief, cela rend ses œuvres plus vivantes.

Pour mieux connaître Mário Chichorro, nous lui avions posé quelques questions. Ses réponses définissent l’artiste, définissent son univers artistique. Quel univers?

 

Vous définirez votre art comme étant de la peinture ou de la sculpture?

Les deux. Les primitifs qui ont peint la grotte de Lascaux, profitaient des reliefs naturels existants sur les parois de la grotte pour peindre les reliefs de leur peinture. Les Grecques peignaient leur architecture et leurs sculptures. Au moyen âge aussi, on peignait la sculpture, alors pourquoi m’en priver? Ma peinture domine tout de même sur les reliefs.

 

Y a-t-il eu des artistes qui vous ont inspiré?

Non, pas du tout! Je suis trop entiché par mes propres images, je crois que j’ai mon propre chemin à parcourir, mais j’aime voir d’autres peintures. Je crois que ce sont les jeunes qui sont trop influençables. Quand je commençais à peindre, je me suis dit «si c’est pour faire comme les autres, ça ne vaut pas la peine de devenir peintre!».

 

Nous ne sommes pas critiques d’art, toutefois, dans ce que nous avons vu de vous cela nous fait penser à Picasso. Chaque artiste est unique, toutefois la référence à Picasso vous choque ou elle vous fait plaisir?

Souvent, les ignorants en peinture, quand ils ne comprennent pas, disent: «ça c’est du Picasso». Ce que je fais ce n’est pas du Picasso. Voyons: Picasso était méditerranéen, moi je suis atlantique. Picasso peignait toujours avec un modèle devant lui, moi je n’utilise pas de modèles, c’est tout de l’imagination. Picasso était influencé par l’art grec, moi je suis influencé par l’art roman et baroque. Picasso était gréco-latin, moi je suis judéo-chrétien. Picasso n’a pas peint des scènes religieuses (étonnant!), moi oui, d’ailleurs un de mes grands plaisirs est d’avoir un de mes tableaux dans le caveau de la Cathédrale de Lille. Picasso peignait plusieurs vues d’un même objet (cubisme), moi je peins plusieurs objets d’une seule vue (la mienne). Picasso était un immense peintre, moi… Mon travail en tant que peintre est le résultat d’une nature personnelle… Brut et marginal? Je veux bien, par les temps qui courent j’en suis fier, mais il faut y ajouter d’autres choses encore: primitif, baroque, raconteur, humoriste, pompier et, s’il vous plaît, anéanti politique, saboteur culturel, anarchiste doux, universaliste sans moyens, humaniste distancé et même peintre».

 

Il y a dans ce jeune-homme de presque 89 ans des idées révolutionnaires: «je suis pour l’irrévérence, l’insubordination, l’irréalisme, l’absurde, la rêverie, la folie, l’utopie, le désir. Je suis solidaire de ceux qui par volonté ou par la force des choses s’installent dans le terroir sauvage et fertile de l’idéal et contribuent selon leurs moyens à la création d’une réalité nouvelle et tout autre».

Jusqu’au 22 mars nous sommes invités à cette exposition qui nous plonge dans l’univers de Mário Chichorro, un profond humaniste qui met l’homme au centre de ses préoccupations.

 

L’Hostellerie – Centre d’Art Singulier

Parc de la Chartreuse

1 boulevard Kir

21000 Dijon

 

Jusqu’au 27 mars

Du mercredi au dimanche

De 14h00 à 17h30

 

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LusoJornal