Solàn Machado-Graner dans «Les rêveurs» et «Dossier 137» : deux films pour ce mois de novembre


En ce mois de novembre sortent, coup sur coup, deux films poignants dans lesquels le jeune comédien lusodescendant Solàn Machado-Graner (lire ICI et ICI) (le frère de Milo vu dans «Anatomie d’une chute» de Justine Triet) interprète deux rôles, certes secondaires, mais on ne peut plus intéressants.

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Solàn Machado-Graner, une présence lumineuse au cœur de l’ombre dans «Les Rêveurs»

Dans «Les Rêveurs», sortie le 12 novembre, premier film d’Isabelle Carré en tant que réalisatrice, Solàn Machado-Graner (que l’on avait déjà vu dans «En attendant Bojangles» de Régis Roinsard auprès de Virginie Efira et Romain Duris) joue un rôle fort, à la fois drôle et bouleversant, incarnant Renaud, l’un des adolescents hospitalisés. Pour le rôle il a dû se métamorphoser : crâne rasé, une large cicatrice sur la tête. Son personnage, malgré la douleur et la fragilité, apporte une touche d’humour et de tendresse bienvenue au film. Il représente un point de lumière dans la détresse collective. À travers lui, Isabelle Carré fait émerger une forme d’espoir, de légèreté et d’humanité. Solàn Machado-Graner parvient à exprimer à la fois la vulnérabilité de l’adolescence et la force d’un lien salvateur, celui de l’amitié… mais aussi celui de l’amour : à un moment du film Renaud fait une déclaration d’amour (que l’on n’est pas près d’oublier) à Elisabeth (interprétée par Tessa Dumont, qui fait sa toute première apparition à l’écran).

Avec «Les Rêveurs», Isabelle Carré adapte pour le cinéma son propre roman éponyme avec un casting prestigieux : Isabelle Carré, Judith Chemla, Alex Lutz, Bernard Campan, Nicole Garcia et Vincent Dedienne.

Un récit entre passé et présent

Le film raconte l’histoire d’Élisabeth, comédienne, qui anime des ateliers d’écriture à l’hôpital Necker auprès d’adolescents en grande détresse psychologique. À leur contact, elle replonge dans sa propre adolescence : son internement à 14 ans et la découverte du théâtre, qui l’a littéralement sauvée.

Le récit alterne ainsi entre le présent, celui de l’adulte qui tente de transmettre, et le passé, où l’art devient un espace de survie et d’expression. «Les Rêveurs» explore avec délicatesse les thèmes de l’adolescence, de la santé mentale et de la résilience, à travers le prisme libérateur de l’écriture et du théâtre.

Un film empreint de sincérité

«Les Rêveurs» séduit par son engagement, sa sensibilité et sa sincérité. Isabelle Carré y livre une œuvre à la fois intime et universelle, où le théâtre et l’écriture deviennent des espaces de reconstruction.
Et dans cette galerie de jeunes rêveurs, Solàn Machado-Graner s’impose incarne avec justesse un personnage touchant et fragile, et avec subtilité, entre douleur et renaissance.

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Solàn Machado Graner, fils de Stéphanie (Léa Drucker) dans le film «Dossier 137»

Dans le film «Dossier 137», sortie prévue le 19 novembre, réalisé par Dominik Moll, Solàn Machado Graner joue le rôle de Victor, un adolescent âgé de 12 ans, vivant seul avec sa mère Stéphanie (interprétée par Léa Drucker) récemment séparé de son père, également engagé dans la Police.

Stéphanie travaille pour l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN). Elle est chargée d’enquêter sur un grave incident survenu lors d’une manifestation des Gilets jaunes en 2018 : un jeune homme est grièvement blessé par un tir de LBD (lanceur de balles de défense). Le dossier, numéroté «137», va se révéler plus complexe que prévu, mêlant pressions institutionnelles, zones d’ombre, et enjeux personnels pour Stéphanie. Le fils de l’inspectrice, incarné par Solàn Machado-Graner, est un personnage qui apparaît à quelques moments du film comme des saupoudrées de fraîcheur et innocence mêles d’espièglerie. Sa présence est essentielle pour illustrer les répercussions humaines et familiales des événements décrits dans le film. Il incarne la jeunesse confrontée aux réalités complexes de la société et de la justice, offrant ainsi une perspective poignante sur les thèmes abordés, apportant un énième point de vue aux événements : à un moment donné du film le jeune adolescent demande à sa mère “Pourquoi tout le monde déteste la police ?”, ce à quoi sa mère peine à répondre…

Dominik Moll a co-écrit le film avec Gilles Marchand, son fidèle scénariste, que l’on retrouve aussi dans «Harry, un ami qui vous veut du bien» (2000) et «La Nuit du 12» (qui a obtenu 3 Césars en 2023 : meilleur film, meilleure réalisation et meilleure adaptation).

Rappelons que «Dossier 137», qui était en compétition à Cannes cette année, a reçu le prix du Meilleur scénario décerné à Dominik Moll.

Contexte

«Dossier 137» est à la fois un film policier, un drame d’enquête, mais aussi un drame social et psychologique. Le film évolue dans une période très précise, celle de la fin de 2018, période des manifestations des Gilets jaunes, où les tensions entre certaines forces de l’ordre et manifestants sont à leur comble.

Le film aborde directement les violences policières et la difficulté d’établir une responsabilité, même quand les faits semblent manifestes.

Le film examine aussi la police des polices (l’IGPN), autrement dit une institution interne qui doit contrôler la police, ce qui pose problème quand la loyauté, le corporatisme ou la pression sociale interviennent.

Distribution : Léa Drucker, Guslagie Malanda, Yoann Blanc, Mathilde Riu, Sandra Colombo,…

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«Les Rêveurs» et «Dossier 137» deux films très attendus, deux rôles pour ce lusodescendant, qui marqueront la carrière, du déjà expérimenté, pourtant jeune, 15 ans, Solàn Machado-Graner.