Henrique Costa Lima

Un hommage à la culture afro-brésilienne : «Sambas-enredos», de Ana Guanabara

Le jeudi 4 juillet aura lieu à Massy (banlieue sud de Paris) le concert de sortie du CD «Sambas-enredos», de Ana Guanabara, une plongée originale et inédite dans l’univers des sambas du carnaval de Rio.

Ana Guanabara est carioca et vit en France depuis une trentaine d’années. Ses parents étaient passionnés par les écoles de samba et par l’exubérance des batucadas. Elle a grandi au rythme de quelques-unes des fameuses écoles de samba de Rio, comme Mocidade Independente ou União da Ilha et aussi en écoutant les grandes voix de la musique populaire brésilienne telles que Clementina de Jesus, Paulinho da Viola, Xangô da Mangueira ou Beth Carvalho, récemment disparue.

Nourrie de cette culture, depuis deux ans Ana Guanabara a entrepris l’autoproduction d’un album consacré aux «sambas-enredos», composées pour être chantées par les écoles de sambas pendant le défilé du carnaval. Tous les ans, chaque école de samba choisit un thème – les plus récurrents sont la culture africaine, l’esclavage, les peuples indiens et leur histoire, ou encore l’actualité politique – autour duquel va s’articuler son défilé. Pour présenter ce thème au public, les auteurs et compositeurs des écoles de samba créent une – ou «un», pour les puristes – samba-enredo, le mot «enredo» signifiant trame ou récit.

Après un long et intense travail de recherche, Ana Guanabara et son équipe de 14 musiciens et choristes ont composé et enregistré un répertoire où grandes et petites écoles de samba sont représentées. Un répertoire qui parle de l’héritage africain et de la culture populaire de son pays d’origine, souvent absents des livres et des grands récits. «Sambas-enredos» contient un livret avec des textes en français et en portugais, ainsi que des photos d’époque appartenant à la collection des Archives Nationales de Rio de Janeiro. Au concert du 4 juillet, Ana Guanabara sera accompagnée par Rodrigo Samico (guitare), Nelson Ferreira (guitare et cavaquinho), Júlio Gonçalves et Mao di Sampa (percussions), ainsi que par les choristes de Théâ-Chœur/Chœur en Scène.

Afin de pouvoir finaliser le projet et couvrir les frais de fabrication du livret, les droits d’auteurs et d’édition, ainsi que la promotion de l’album, Ana Guanabara lance une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule.

Dans un entretien vidéo avec Fernando Del Papa, musicien, auteur-compositeur et professeur de cavaquinho à Paris, Ana Guanabara nous présente largement les origines de son projet: «Je suis partie des sambas de mon enfance. Mon premier critère de choix a été le rythme mélodique et poétique des sambas. Un autre critère important a été le thème développé par l’école de samba, l’‘enredo’. Ce qui m’intéresse est de montrer des sambistes qui chantent leur culture et leurs origines. Sur les 14 sambas-enredos de cet album, 4 sont ‘afro’, elles évoquent le candomblé, les fêtes d’origine africaine ou bien des thèmes de la culture populaire brésilienne, comme le maracatu de Recife ou la fête de Círio de Nazaré. Mon objectif est de mettre en valeur ce patrimoine culturel musical et de le faire connaître aux personnes qui n’ont jamais eu l’occasion de le découvrir. Chanter des sambas c’est ma manière de maintenir cette culture vivante. Ainsi, ce projet est un hommage que je tiens à rendre à mes ancêtres familiaux, mais aussi historiques».

Passeuse en France de la diversité culturelle brésilienne, outre les «sambas-enredos», Ana Guanabara s’intéresse également aux musiques du Nordeste, comme le baião ou le xote. Sa passion et son énergie lui ont permis de réaliser jusqu’ici un parcours professionnel fécond dont nous rappelons quelques jalons: 1994/95, peu après son arrivée en France, elle crée et présente, à l’Unesco notamment, le spectacle «Le samba, cet inconnu»; 2005, Année du Brésil en France, elle se produit avec Rogério Souza, Ronaldo do Bandolim et Aline Soulhat dans «Feitiço Carioca»; 2006, elle intègre l’ensemble vocal Choeur en Scène, sous la direction d’Emmanuèle Dubost et participe à plusieurs de ses créations; 2010, elle participe à l’album «Rencontre Nakasadarte Lusófona»; 2013, elle crée le groupe «Samba de Rosa», à Paris, avec Aurélie Tysblat, Verioca, Camila Costa, Emília Chamone et Marina Uherara; 2014, elle participe au Festival L’Afrique dans tous les sens, aux côtés du musicien bissau-guinéen Ramiro Naka; 2017, elle enregistre l’album «Sambas-enredos» à Rio de Janeiro.

www.ulule.com/anaguanabara-sambas-enredos

 

Concert «Sambas-enredos»

Le jeudi 4 juillet, 20h30

Centre culturel Paul B

6 allée de Québec

91300 Massy

REB B ou C – Massy-Verrières

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LusoJornal