Home Cultura Un livre par semaine Un livre par semaine: «Livres (s) de l’inquiétude», de Fernando PessoaDominique Stoenesco·13 Fevereiro, 2018Un livre par semaine «Livre (s) de l’inquiétude», l’ouvrage le plus traduit de Fernando Pessoa, est aussi celui qui a été le plus dénaturé» – affirme Teresa Rita Lopes, dès la première ligne de son introduction à cet ouvrage qui vient de paraître aux Éditions Christian Bourgois, avec une traduction de Marie-Hélène Piwnik. Certains lecteurs plus assidus de l’œuvre de Fernando Pessoa noteront d’emblée ce nouveau titre: «Livres (s) de l’inquiétude», au lieu de «Livre de l’Intranquillité». S’appuyant sur l’examen autant que faire se peut exhaustif des manuscrits du «Livro do Desassossego» (titre original), Teresa Rita Lopes nous propose aujourd’hui une version aussi audacieuse que convaincante, lui assignant trois auteurs parfaitement différenciés. Car, pour Teresa Rita Lopes, «Fernando Pessoa s’est appliqué à écrire ce journal intime tout au long de sa vie, par le biais de trois auteurs interposés: Vicente Guedes, le Baron de Teive et Bernardo Soares. Mais les introductions à la traduction française parue en 1999 aux Éditions Bourgois limitaient le livre à un seul auteur, Bernardo Soares, du fait que les éditions précédentes du texte portugais n’avaient pas respecté le développement organique de ce Livre triple. De ce fait, les morceaux alternaient en mêlant le décadentisme des textes de Guedes à l’intense modernité des monologues de Soares. Or, il est important de ne pas les confondre: chaque auteur vit sa propre vie qui est, à son tour, celle de son créateur». Teresa Rita Lopes, née en 1937, en Algarve, a vécu exilée à Paris de 1963 à 1974 et a soutenu une thèse de doctorat à la Sorbonne, où elle a enseigné, sur le poète Fernando Pessoa. Professeur émérite de l’Université Nouvelle de Lisbonne, elle est aussi dramaturge et poétesse. Elle a consacré une grande partie de sa vie de chercheuse à l’ensemble des manuscrits de cette œuvre maîtresse de Fernando Pessoa, «un poème en prose, long comme un fleuve tumultueux, qui délivre le message de portée universelle de son génial créateur», comme le dit si bien Marie-Hélène Piwnik.