LusoJornal / António Marrucho

Wattrelos: La dernière exposition de Gérard Bloncourt

Gérard Bloncourt vient de nous quitter, mais il nous laisse des images de 60 ans de travail, 60 ans d’histoire de l’immigration, sur les ouvriers, sur les Portugais de France…

La dernière exposition de ses photos encore de son vivant… se terminera au-delà de son existence… à Noël.

L’exposition a lieu à la Maison du Projet de la Lainière, à Roubaix, et est issue de la découverte d’une photographie réalisée en 1955 à la sortie de la Lainière. Une image de photographe, un document étonnant. Puis a eu lieu la rencontre avec l’auteur Gérald Bloncourt, qui vient de nous quitter à l’âge 92. Il a permis l’accès à une partie émergée et numérisée du fonds documentaire qu’il a constitué au cours de ses années de photojournaliste.

La sélection des photographies a été effectuée en hommage à Gérald Bloncourt. L’inauguration de l’exposition ayant eu lieu le samedi 20 octobre. Dommage que les organisateurs aient programmé le vernissage, le même jour et à la même heure que la réouverture du Musée de la Piscine à Roubaix, dans lequel on peut voir une exposition de céramique portugaise d’Hervé di Rosa.

En entrant, face à nous, dans la salle d’exposition, en transparence dans les carrés de lumière, quatre photographies situent l’époque et le lieu: Roubaix années 60. Tout à droite, vers le haut, dans l’axe du bâtiment de la lainière encore debout, apparaît la photographie de la sortie des salariés en 1955, où l’on aperçoit le même bâtiment à l’arrière-plan. Comme un transfert des temps, un aller-retour vers le futur. À notre gauche, sur le grand mur, trois photographies sont placées, de même taille et au même niveau que l’horloge. Trois images totems de l’œuvre de Gérard Bloncourt sur la condition ouvrière.

Les photos présentées vont de 1955 à 1976. Des ouvriers, des lieux de vie, des lieux qui ont vécu et qui depuis sont fermés pour quelques-uns d’entre eux.

On peut apprécier des photos de la Redoute à Roubaix, des immigrés dans les cokeries d’Alfortville, des mineurs de glaise à Provins, des mineurs de charbon, coron et chevauchement à Waziers, le bidonville d’immigrés portugais dans la région parisienne, la sidérurgie de Longwy en Lorraine, les dockers dans le port du Havre, la photo d’un meeting à Renault Billancourt, en 1968…

La dernière photo a été prise en 1976 et représente la salle d’habillage des mineurs, les vêtements sont hissés au plafond. Une image qui dans la région où elle a été prise, est une image de musée. Image qu’on peut voir si l’on visite les anciennes mines de Lewarde.

Il y a une photo qu’en dit long sur un état d’esprit. On voit une salle avec des femmes ouvrières, au-dessous de la porte les dires écrits: «On ne discute pas avec une cliente. C’est elle qui a toujours raison». Autres temps, autres mœurs?

Il y a dans l’exposition de Gérard Bloncourt des visages, des corps, des lieux, des souvenirs… il y a de l’art… l’art de Gérard Bloncourt…

L’exposition est visible jusqu’à Noël, dans un lieu du passé, la défunte Lainière… dans un lieu du futur, la Maison du Projet de la Lainière, premier bâtiment Cradie To Cradie (label pour les produits réutilisables), les habitants étant invités à avoir une nouvelle relation avec leur quartier.

 

Maison du Projet de la Lainière

149 rue d’Oran

59150 Wattrelos

 

 

LusoJornal