LusoJornal | Carlos Pereira

Cyprien Ducos : le Sélectionneur qui fait la promotion de la Pelote Basque au Portugal


L’Association portugaise de Pelote Basque (APPB) a été créée en 2013 à l’initiative de Nelson Saraiva, un Portugais habitant à Toulouse et qui était passionné de ce sport. Cyprien Ducos, le Sélectionneur actuel, a rejoint le projet en 2018 et, depuis, il est le grand pivot de la promotion de l’équipe national du Portugal. Il suffisait de le voir actif lors de la Ligue des Nations, à Paris, où LusoJornal l’a interviewé.

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Comment êtes vous arrivé à l’équipe du Portugal ?

Nelson Saraiva a créé l’Association portugaise de Pelote Basque en 2013. Il a fait toutes les démarches administratives pour créer l’association au Portugal et, fort de cette expérience, petit à petit, il a envisagé la participation à des compétitions sportives au niveau européen et puis au niveau international. J’ai rejoint le projet en 2018 parce que j’avais envie de m’engager dans un projet original et j’avais en particulier deux amis proches qui étaient joueurs et qui étaient franco-portugais. Je leur avais lancé un défi, à la cantonade, en leur disant ‘est-ce que ça vous dirait, un jour, de faire une Coupe du monde de Pelote Basque’ ? Donc j’ai pris les rênes, j’ai proposé mon aide, en fait, à l’Association et comme j’étais vraiment très investi déjà au niveau de mon club, je me suis dit que ça pouvait être utile pour l’Association portugaise de Pelote Basque.

Et la participation à la Coupe du monde s’est concrétisée ?

Oui. La première aventure concrète c’était en 2019, pour la Coupe du monde de Pelote Basque, dans une petite ville du sud-ouest, à Oloron-Sainte-Marie, près de Pau. Ça a été une expérience d’une semaine incroyable où on a découvert le niveau international. A l’époque, les joueurs avaient 18-19 ans, ils étaient vraiment très enthousiastes et pour moi, en tant qu’entraîneur, c’était aussi une découverte pleine d’enthousiasme. On a réussi à avoir quelques victoires durant cette semaine, notamment contre l’Uruguay, donc ça nous a conforté dans ce projet et on s’est dit ‘voilà, il faut continuer cette aventure sportive’.

Ça vous a donc motivé…

Ça nous a donné des ailes pour continuer cette aventure sportive. On a commencé avec une équipe dans une discipline qui s’appelle le Xare et on s’est dit qu’on peut continuer avec d’autres disciplines. Petit à petit on a commencé à grandir et l’apothéose a été en 2022, à Biarritz, pour le Championnat du monde où nous avons présenté 7 équipes dans 7 disciplines différentes dont les 2 jeunes, Lucas et Steven, qui avaient débuté en 2019, mais on avait d’autres équipes, les féminines notamment, c’était très important d’avoir aussi cette représentativité féminine, et donc on a marqué notre présence, vraiment, de la meilleure des façons et on a réussi à faire quelques résultats notables. Depuis 2022 on surfe sur cette vague pour essayer de gravir les échelons sportifs et voilà, on arrive en 2024, à Paris, avec une grande échéance, la Ligue des nations.

Vous n’aviez donc aucun lien avec le Portugal ?

Ça c’est original, effectivement. Je n’ai aucun lien avec le Portugal, mon seul lien c’est que je connaissais deux joueurs qui avaient la double nationalité et comme ils étaient proches et que j’avais envie de m’engager dans un projet original, ça m’allait tout à fait, j’étais tout à fait enthousiaste à cette idée et depuis que j’ai monté ce projet sportif, j’ai découvert aussi la communauté portugaise et j’ai toujours été bien accueilli. Ça m’a encouragé à continuer.

Combien de personnes sont impliquées dans ce projet ?

De manière globale, on est une trentaine de personnes impliquées. Il y a le côté l’entraîneur et organisateur, avec tout l’aspect administratif, avec 4 personnes très actives, dont une personne basée au Portugal qui est très dynamique et qui permet justement d’avoir des perspectives de développement au Portugal et c’est ça la finalité. Les autres trois, dont moi, sommes basés dans le sud-ouest de la France.

Les joueurs viennent de plusieurs villes et pratiquent dans plusieurs clubs ?

Oui, les joueurs sont, grosso modo, basés dans le sud-ouest, à Pau, Bayonne, Bordeaux… Il y a une exception, c’est Steven, qui est basé à Paris.

Comment arrivez-vous à les recruter ?

Je scrute les résultats sportifs et, dès que je vois un nom à consonance portugaise, je m’empresse d’appeler l’entraîneur et lui demander s’il y a vraiment une ascendance portugaise et ensuite je rentre en contact avec les familles, on fait connaissance, on présente le projet sportif et parfois ça marche, on aboutit à travailler ensemble, et parfois ça ne marche pas, mais voilà, c’est comme ça.

Quel est le rêve ? Que peut-on espérer de cette équipe ?

En 2024, à la Ligue des nations, on a essayé d’engranger des victoires, marquer les esprits, montrer qu’on est là, mais on sait que les projets sportifs ça prend du temps à se concrétiser, pour obtenir des victoires sur le long terme. Moi, j’essaie d’avoir un temps d’avance, donc j’ai déjà en tête des jeunes pousses qui vont arriver dans quelques années, que j’espère vont rejoindre le projet. Et en marge du projet sportif, il y a aussi l’espoir de construire, un jour, un terrain au Portugal, un ‘fronton’ ou peut-être un ‘mur à gauche’ ou même un ‘trinquet’ et pour ça, nous avons besoin d’appui sur place. Lors de notre rencontre avec Monsieur l’Ambassadeur du Portugal à Paris, il nous a peut-être ouvert quelques portes ou, en tout cas, quelques petits coups de pouce, qui pourraient faciliter la construction d’un terrain au Portugal. Ça c’est vraiment un vrai rêve, il faut que ça marche, que ça se réalise.

Comment vous arrivez à financer votre action ?

On a quelques partenaires de la Communauté franco-portugaise qui nous soutiennent financièrement, comme par exemple la Caixa Geral de Depósitos. C’est important, on a besoin d’eux aussi pour grandir, parce qu’on a quand même quelques frais d’inscription, de transport, de logistique… Quand il s’agit de compétitions en Europe, on va dire qu’on arrive, à peu près, à gérer, mais dans la perspective du Championnat du monde, peut-être en Argentine, en 2026, ou plus loin un jour, nous ferait prendre conscience qu’il faut qu’on s’organise et qu’on monte un projet vraiment solide à tous les niveaux.

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