Bernard Willem, le «Prête des Portugais» s’en est allé. MerciAntónio Marrucho·Comunidade·6 Maio, 2025 Bernard Willem, le plus portugais des prêtres du Nord s’en est allé ce 6 mai, à 10 heures du matin. Ses funérailles ont lieu, lundi 12 mai en l’église Sainte Élisabeth de Roubaix, à 10h30 (81 rue Henri Lefebvre), reposant jusque à la célébration, au funérarium Segard, à Croix (18 avenue de l’Europe). Lusojornal a eu l’occasion de l’interviewer (voir ICI) et d’annoncer ses célébrations en portugais aux trois fêtes catholiques de l’année – Pâques, Toussaint et Noël – organisées par l’Association des Amis de la Chapelle de Notre Dame de Lorgies. Bernard Willem a célébré sa dernière messe pour la Communauté portugaise de la région lilloise, le 25 décembre, à 10h00. A Pâques, il était déjà hospitalisé à la suite d’un AVC. Il a fêté ses 94 ans en novembre. . Un prêtre, un athlète, un photographe, un ami À 94 ans, Bernard Willem était encore très lucide et en bonne forme. Nous l’avons reçu le 1er novembre 2024, on a parlé de nos amitiés communes, on a parlé de l’église, de la situation actuelle et du monde en général. Bernard Willem avait des certitudes, toutefois, comme beaucoup de croyants, il se posait aussi des questions. On a parlé d’amis athlètes, Bernard Willem a été un champion d’athlétisme, notamment en cross. Il était également photographe. Chez lui, il possède des milliers de photos. Le jour de la mort du Pape François, nous l’avons visité et avons évoqué des souvenirs, il me dit «quand je rentrerai à la maison, je te montrerai mes 35 photos que j’ai réalisé lors de la manifestation portugaise à Lille contre la fermeture de radio Triomphe». Un trésor. Nous ne connaissons aucune photo de cette manifestation, pourtant ce fut un moment important, un moment historique de notre Communauté en France : 5 mille portugais qui défilent pour défendre un de leur bien. Nous nous souvenons de l’exposition de Bernard Willem sur le Brésil dans un lieu atypique, un lieu de silence, la Passerelle à l’intérieur du Centre commercial d’Euralille. Nous avons eu, ce jour-là, l’occasion d’interviewer Monseigneur Laurent Ulrich, actuel évêque de Paris. Nous avons fait des joggings avec Bernard Willem au Parc Barbieux de Roubaix, un exemple pour nous : sa force, sa volonté. Avant qu’il rentre à l’hôpital, nous devions nous rencontrer pour faire une marche et… refaire le monde. Encore à l’hôpital, il avait l’espoir de pouvoir sortir et d’assister, dimanche prochain, le 11 mai, aux cérémonies de Lorgies. Ce mardi 5 mai nous lui avons témoigné de notre visite en prenant sa main, ses mots furent rares… Un ami est parti, les bons souvenirs resteront. . Bernard Willem et la liaison avec la Communauté Lusitanienne Dans la région roubaisienne, la Communauté portugaise a pu compter sur l’Abbé António Pires qui, dans les années 1970-1980, réalisa la plupart des baptêmes et mariages des Portugais de la région. Dans les années 1990 Bernard Willem devient le Prêtre des Portugais. Bernard Willem a été ordonné le 22 décembre 1956. De 1957 à 1962 il a été Vicaire de la Paroisse de la Sainte Famille à Roubaix, il a énormément travaillé avec les jeunes, notamment ceux de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne). En 1991 il part au Brésil pour 3 ans. Dans une interview qu’il nous a accordé, Bernard Willem raconte la vie au Brésil, son amour pour le pays et ses gens. Après son retour en France, il retournera au Brésil à plusieurs occasions, du côté de Belém, pour revoir ses paroissiens, ses amis. Il nous a parlé des années en charge de la paroisse de Saint Pierre, à Croix, des cérémonies à la chapelle de Lorgies en l’honneur de Notre Dame de Fátima, juste en face du Cimetière militaire portugais de Richebourg. Pour cerner la personnalité de cet «homme bon», de ce prêtre, nous transcrivons ci-dessous son homélie du 1er novembre 2023 : «Il y a quelques semaines, nous avons été frappés dans nos maisons par des vagues, un tsunami d’images effrayantes : un massacre en Israël par le Hamas, des bombardements permanents à Gaza par Israël, avec des atrocités difficiles à décrire, à voir. Cela fait presque deux ans que la Russie a attaqué l’Ukraine, provoquant des morts et des atrocités. Un journal a déclaré : ‘Nous sommes convoqués, non pas au champ d’honneur mais au champ d’horreur’, avec la mort toujours présente. Le professeur Dominique Bernard a été récemment assassiné à Arras… on assassine la famille, l’école, les collègues, les étudiants, les parents et nous tous. A l’époque, l’évêque d’Arras disait : ‘Nous sommes impuissants face à la haine et à l’inacceptable’. Quand la violence et la folie de ce monde cesseront-elles ? La haine répond à la haine, la violence répond à la violence. Tout cela conduit à plus de haine et à plus de violence. Saint Paul a dit : ‘Si l’amour manque, je ne suis rien !’ Nous connaissons tous la douleur de la séparation lorsqu’il s’agit du décès d’un membre de notre famille, du décès d’un ami ou du décès d’une personne que nous connaissons tous. Aujourd’hui, les gens s’organisent pour marcher, réagir contre la violence et montrer une certaine solidarité, pour accompagner la famille aux funérailles quand il n’y a pas de cérémonies religieuses, ils prient ensemble quand ils participent à des funérailles qui vont à l’église, ils évoquent la vie de la personne qui est enterrée en soulignant les bonnes choses de sa vie. Aux Chefs d’État, la responsabilité, face à tant de violence, de rechercher la paix. De notre côté, nous pouvons et devons prier pour la paix, mais nous devons aussi savoir pratiquer le ‘vivre ensemble’ en famille, dans notre vie sociale, dans notre vie de croyants, en appliquant ce que disait saint Paul : ‘Si l’amour me manque, je ne suis rien!’». Merci Bernard.