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Jérémy Esteves, l’innovation de la gastronomie portugaise avec la Churrasqueiria à Vincennes

Depuis deux semaines, Vincennes compte un restaurant portugais en plein centre-ville: La Churrasqueiria. Derrière ce projet, qui en est à sa deuxième ouverture, il y a un franco-portugais, Jérémy Esteves.

Un gérant qui a eu un parcours très particulier: «J’ai fait un BTS en management des unités commerciales. Après être sorti de l’école, j’ai mis les pieds dans la restauration en aidant un ami à ouvrir un restaurant italien. J’ai pris goût, j’ai enchaîné dans la restauration. Mais j’ai déjà fait plein de boulots différents. Et entre-temps je suis parti travailler à l’étranger, en Australie, seul, pour pouvoir me forger, pour apprendre plus sur moi-même, sur mes capacités et cela m’a beaucoup aidé: mentalement et psychologiquement. En Australie, je faisais du 7h00-minuit, je travaillais dans une exploitation de blé. Tous les jours je travaillais seul, sans ombre, sans eau courante, il fallait tout préparer avant de partir le matin pour pouvoir survivre durant la journée. Survivre car j’étais dans un milieu très reptilien avec des serpents vénéneux, d’ailleurs on y trouve un des serpents les plus dangereux, le ‘King Brown’, et on le voyait passer tous les jours. Ce fut une expérience incroyable. Après, sur mon parcours, je peux vous dire que j’ai travaillé dans l’assurance santé, j’ai fait du ménage, j’étais dans l’immobilier, j’ai été gardien d’immeuble, mais également dans le prêt-à-porter ou encore dans le hi-fi en installant des salles de cinéma pour des stars, des personnes aisées. Depuis l’âge de 16 ans, je travaille», souligne-t-il.

Ouvrir un restaurant portugais était un rêve d’enfant pour le lusodescendant. «C’est un rêve de gamin. Depuis que je vais au Portugal, j’y allais tout le temps, j’ai même été baptisé là-bas (rires), j’adore manger et le ‘churrasco’ en particulier, mais également d’autres plats comme le travers de porc. Mon père allait en chercher à la ‘churrasqueira’ de Monção. Je trouvais qu’il y avait beaucoup de ‘churrasqueira’ en région parisienne mais pas spécialement à Paris, ou très peu. C’est pour cela que je me suis lancé à Paris, en premier. Je voulais entrer dans un segment où peu de personnes étaient», assure Jérémy Esteves.

Toutefois la ‘Churrasqueiria’ a un concept particulier. «On part sur une rôtisserie traditionnelle et moderne à la fois, tout en gardant les valeurs de la gastronomie portugaise. On sait par exemple que les réseaux sociaux sont très importants de nos jours et du coup on sert de belles assiettes car on sait que les gens aujourd’hui dînent avec leur téléphone, tout en publiant des photos. En somme, je voulais dépoussiérer les préjugés que les gens ont sur la cuisine portugaise: trop grasse, trop copieuse, avec deux féculents – riz et pommes de terre – et de la salade, donc ça déborde. Chez moi, dans mon assiette, il y a mon élément de base accompagné avec de la salade, et à côté, dans un petit bol, un accompagnement pour favoriser le partage. Quand vous venez à plusieurs, ça favorise le partage et les gens peuvent prendre des accompagnements différents. Les Portugais s’y retrouvent dans le goût. Moi je suis quelqu’un qui aime le Portugal, je suis un lusodescendant qui aime le pays de ses parents. Mais je dois admettre que j’ai déjà eu des critiques et elles peuvent être dures à encaisser», reconnaît le gérant.

Une autre fierté pour Jérémy Esteves est la provenance des produits. «Les poulets viennent du Portugal, les travers de porc ont une origine européenne, la ‘picanha’ a son origine en Irlande, la morue vient du Portugal et le poulpe vient de Galice. On se fournit en poulets frais au Portugal. On ne travaille d’ailleurs que des produits frais. C’était compliqué à démarcher sur le sol portugais, mais on a réussi à trouver quelqu’un de confiance qui est à Rungis et qui se fait livrer tous les trois jours», conclut ce franco-portugais de 34 ans.

 

La Churrasqueiria, une restaurant portugais à Vincennes

Au sein d’un quartier semi-piéton, proche du RER A station Vincennes, ainsi que du métro ligne 1, station Château de Vincennes, sans oublier en fond de décor le Château de Vincennes lui-même, le restaurant portugais ne pouvait avoir un plus bel écrin que celui-ci.

Pourtant ce n’est pas le début de l’aventure pour Jérémy Esteves, mais plutôt une continuité. «C’est l’ouverture de notre deuxième restaurant, après celui dans le quartier des Batignolles. On a commencé par ce restaurant de 22 places assises, où les gens étaient réceptifs à notre concept et à notre offre. A Vincennes on a 45 places assises à l’intérieur et 20 places en terrasse. La différence notoire est que nous serons ouverts tous les jours en service continu dans cette ville du Val-de-Marne. On a une licence 4, ce qui nous permet de servir des assiettes toute la journée. On veut satisfaire tout le monde et subvenir aux envies de tout le monde», assure-t-il au LusoJornal.

Un restaurant ouvert aux portugais et pas seulement. «On veut attirer les Portugais mais également les autres habitants car la gastronomie portugaise est appréciée. Il y a une Communauté portugaise mais ce n’est pas notre unique cible. On a même remarqué qu’il y avait de la demande à Vincennes. Notre concept est d’apporter du moderne dans la tradition culinaire portugaise. On fait des assiettes bien soignées. On apporte quelque chose de nouveau», souligne Jérémy Esteves.

L’emplacement de choix a été un coup de cœur. «On travaille avec un réseau d’agents immobiliers et on nous a proposé ce local. On l’a visité deux fois et on est tombé sous le charme. On est en plein cœur de Vincennes, on est en angle, on est exposé plein sud et on a vu sur le Château de Vincennes. C’est hyper agréable. J’ai aussi découvert que Vincennes est un vrai village où les passants nous disent ‘bonjour’. C’est chaleureux», note le gérant lusodescendant.

Le lieu a été repensé pour accueillir les clients comme s’ils étaient au Portugal. «On a tout cassé, même si c’était déjà un restaurant auparavant, mais on voulait faire à notre façon. On a fait un gros investissement sur un bien qu’on a signé il y a neuf mois déjà. On a fait une devanture ouverte, une cuisine ouverte, pour la convivialité. On a un bar central et à l’intérieur on a aussi une table d’hôtes qui peut être dédié à des groupes ou à des anniversaires par exemple. C’est un lieu chaleureux avec des coloris tels que le bleu pour la mer, le jaune pour le soleil, et vous y retrouverez des azulejos, de la pierre venue du Portugal, du fer forgé, ou encore le coq de Barcelos (rires). On se sent au Portugal», conclut Jérémy Esteves.

 

La Churrasqueiria

28 rue Robert Giraudineau

94300 Vincennes

Ouvert tous les jours

 

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