La sépulture énigmatique du soldat portugais à Cherbourg


João da Silva a participé, en France, au conflit de 1914-1918 en tant que soldat du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP). Il est aujourd’hui enterré au carré militaire du Cimetière de Cherbourg-en-Cotentin. Le pourquoi, des modifications de la date de décès apportées plusieurs fois à sa sépulture, n’est plus un mystère. Une enquête a été menée.

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Le soldat João da Silva

Le bulletin individuel du Corpo Expedicionário Português (CEP) le dit faire partie du 3ème dépôt d’infanterie, Régiment 18. Il est fils de Manuel Bernardo et Ana da Silva, natif en 1896 de la Freguesia de Samodães, Lamego. Il a embarqué à Lisboa pour la France le 12 juillet 1917.

Pendant la guerre, il passe de l’hôpital de sang de Merville, dans le Nord de la France, à l’hôpital canadien n°3 de Boulogne-sur-Mer. Il disparaît lors de la Bataille de la Lys du 9 avril 1918, fait prisonnier à Laventie, pour être envoyé au camp de Güstrow, en Allemagne.

La liste de prisonniers établie par les Allemands pour ce camp, permet de savoir que, par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge, João da Silva correspondait avec sa marraine de guerre domiciliée à Porto, Aurora de Sá Carvalho. Ses parents étaient déjà décédés lorsqu’il s’en est allé en guerre.

Après l’Armistice, il meurt en France le 28 janvier 1919 d’une complication de grippe, peu de temps après le retour du camp allemand, à l’hôpital maritime de Cherbourg. Il est enterré au cimetière de la ville.

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La sépulture du Souvenir français

João da Silva dispose d’une tombe individuelle au carré militaire du cimetière des Aiguillons, à Cherbourg, dans la Manche, parmi d’autres nationalités, dont la France essentiellement, représentée.

Une photo proposée il y a une dizaine d’années par Afonso Maia, spécialiste du CEP, permet de constater une restauration de la sépulture par le Souvenir français (SF). La croix est peinte en blanc, les écrits en relief peints en noir. Il est possible de lire «Soldat portugais João de Silva, Mort pour la France». La date est le 28 janvier 1919.

On peut comprendre que la mort de masse engendrée par la I Guerre mondiale n’a pas permis de donner une sépulture portugaise au soldat Da Silva dans ce cimetière, alors que les soldats belges ont reçu une sépulture spécifique. Il a obtenu la Croix-épée du Souvenir Français (SF) avec néanmoins une différenciation ‘Soldat portugais’ (lire ICI).

Une des dernières restaurations effectuées par le SF précise un décès de João da Silva le 28 mars 1919, date induite par celle donnée par la base des sépultures de guerre du site Mémoire des hommes.

Pour vérification, un courrier a donc été envoyé à la Mairie de Cherbourg. C’est la Cheffe des Archives municipales qui a répondu et a confirmé qu’il n’y avait qu’un seul décès de Silva consigné dans les registres d’état civil pour l’année 1919, celui du 28 janvier. L’acte de décès date du 31 janvier 1919.

Un contact a également été pris avec L’ONACVG, une réponse est donnée par la gestionnaire d’Etat civil militaire et Subventions aux monuments aux morts, du Service départemental de la Moselle, Metz : «Les modifications concernant le soldat João de Silva, décédé le 28 janvier 1919, inhumé dans le Carré militaire de Cherbourg (50), ont été apportées dans notre base registre et apparaîtront sur le site ‘Sépultures de Guerre’ (Mémoire des Hommes) lors d’une nouvelle mise à jour».

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Une énigme est donc résolue concernant la date de décès du soldat portugais João da Silva, une prochaine modification sera-t-elle effectuée sur la plaque d’identité de la sépulture en forme de Croix-épée ?

LusoJornal