L’album «La Question» qui unit à jamais Françoise Hardy et la musicienne brésilienne TucaSylvie Das Dores·Cultura·5 Dezembro, 2025 Françoise Hardy et Tuca se sont rencontrées à Paris, à la fin des années 60. Tuca, musicienne brésilienne très talentueuse, a enchanté Françoise Hardy qui a eu un vrai coup de cœur pour sa sensibilité musicale. Elle était une force créative incroyable, une personnalité lumineuse mais tourmentée. Elle avait une véritable profondeur artistique. Leur rencontre a été décisive. Elles ont tout de suite eu envie de collaborer ensemble et faire un album plus acoustique, plus intimiste, plus profond, subtil, autant musicalement que dans les textes. Un album de pure grâce. Françoise Hardy aimait beaucoup le Brésil, surtout sa musique, la bossa nova, les harmonies subtiles. Elle ne parlait pas couramment le portugais mais elle était très sensible à cette langue chantée, à sa douceur. Cet album est sans doute l’un des trésors les plus précieux de sa carrière, grâce à une musique mettant en avant la guitare et les cordes. Même si à l’époque, il n’a pas eu le succès qu’il méritait, les personnes, aujourd’hui, considèrent que c’est son chef-d’œuvre. L’artiste Françoise Hardy en parlait souvent comme d’un album «à part», presque suspendu dans le temps. Tout au long de l’album, les chansons s’enchaînent avec des émotions, des sentiments très forts. Elles présentent des originalités : les paroles de «Chanson d’O» sont des vocalises, interprétées de main de maître par Françoise Hardy, un chant presque sans mots, comme un souffle, ou encore «Rêve» qui clôt l’album comme un paysage intérieur est un titre quasiment instrumental concluant de manière onirique l’album. Françoise Hardy aimait beaucoup cette fin mystérieuse. Les cordes ont été arrangées par Raymond Donnez, ce qui a contribué à cette atmosphère douce et en même temps poignante. Chansons anxieuses, chansons amoureuses «quand je t’apprends sur le bout de mes doigts», chansons éperdues, chansons rêveuses «Le Martien» qui côtoie le tropicalisme, «La Question» est un instant magique dans le parcours de Françoise Hardy. Cet album est aujourd’hui redécouvert par de nouvelles générations, notamment grâce à Internet et aux rééditions vinyles. Beaucoup d’artistes, de Keren Ann à des chanteuses japonaises ou coréennes, disent qu’il les a profondément influencées. Keren Ann qui a repris le titre «La Question» pour la bande originale du film «Thelma, Louise et Chantal» de Benoit Pétré, a été bercée par sa voix qui, selon elle, est un instrument qu’on pourrait comparer à une trompette, comme celle de Chet Baker avec cette voix douce. «La Question» est un album au style épuré, enregistré en 1971, dans une période où Françoise Hardy cherchait quelque chose de plus profond, plus personnel, loin des obligations commerciales. Une voix, une guitare, une contrebasse et des arrangements de cordes, sobres et aériens. Un album édité en France, mais aussi à l’étranger, plusieurs chansons ont été reprises dans d’autres pays, un album déjà aimé à l’international. Thomas Dutronc, quant à lui, guitariste émérite, est bel et bien l’héritier d’un patrimoine artistique exceptionnel, il porte en lui l’élégance musicale de ses parents, Françoise Hardy et Jacques Dutronc. Il a grandi, entouré de guitare et de poésie, mais ses parents ne l’ont jamais forcé, au contraire, ils lui ont laissé beaucoup de liberté. De sa mère, il a conservé la sensibilité poétique et la douceur mélodique ; de son père, l’humour subtil, le charme malicieux et l’amour des mots bien choisis. Thomas Dutronc a su tracer sa propre voie, notamment grâce à sa passion pour le jazz manouche, presque une révélation, grâce à Django Reinhardt, qui lui permet d’affirmer une identité musicale singulière. Entre fidélité à un héritage prestigieux et exploration personnelle, il incarne une nouvelle génération d’artistes attachés à la tradition tout en la réinventant et en rendant hommage à la chanson française à travers son album «Frenchy», mais c’est aussi une façon de la faire dialoguer avec le monde, avec des artistes incroyables que Thomas Dutronc admire, comme Diana Kroll, Iggy Pop, Billy Gibbons, Stacey Kent, Jeff Goldblum, en y mettant une touche jazz internationale. Un projet qu’il a porté avec beaucoup de cœur, un peu comme une passerelle entre ses influences et ses racines. Aujourd’hui on peut écouter son nouvel album singulier «Il n’est jamais trop tard», un projet plus personnel, plus ancré dans ses sentiments et dans son vécu d’homme qui avance toujours sincèrement, on peut voir l’artiste, pour le bonheur de nous toutes et tous, sur scène, dans toute la France, où il chante notamment une des chansons de sa maman. Qui sait, on aura le plaisir de le rencontrer un jour au Portugal pour écouter sa musique qui nous relie tous au cœur. Obrigada à Thomas Dutronc pour sa générosité en consacrant son temps afin d’éclairer sur cet album lumineux..«Thomas Dutronc porte l’héritage de ses parents sans jamais les imiter ; il avance avec une sincérité musicale qui lui appartient. Chez lui, la guitare est un refuge, un horizon et une conversation avec ceux qu’il aime, vivants ou disparus».