Les 20 histoires des Sapadores dos Caminhos de Ferro Portugueses décédés pendant la I Guerre mondiale

Pouvoir faire une étude détaillée sur un ensemble déterminé, permet de mieux comprendre certaines notions, certains faits. C’est le cas de l’objet de notre article, qui concerne l’ensemble des soldats tués des Sapadores dos Caminhos de Ferro portugais pendant la I Guerre mondiale.

En forme de préambule, rappelons que la I Guerre mondiale a fait énormément de victimes : 9,7 millions de militaires ont perdu la vie, et 8,9 millions de civils.

La France a, à elle seule, perdu 1,5 millions de militaires, soit 18% du contingent qui a participé à la Grande Guerre.

Le Portugal – qui est entré en guerre plus tardivement avec 55 mil soldats – a perdu, chiffre selon certains spécialistes qui est minoré, 2.266 soldats. Nous prenons ce chiffre, d’après les soldats portugais du CEP qui ont péri durant la I Guerre et dont les noms sont inscrits à l’Anneau de la Mémoire (1) (2). Les pertes au sein du CEP sont de 4,1%.

Les Sapadores dos Caminhos de Ferro Portugueses était constitué de 56 officiers et 1.588 soldats, soit un total de 1.644 membres. Le nombre de pertes a été de 20, soit 1,2%.

Des 20 militaires qui ont perdu la vie en France pendant la Grande Guerre, un avait le grade de Lieutenant, 6 étaient des Caporaux et les autres 13 étaient des soldats.

Intéressant est de contrarier le lieu, quand, les circonstances et le motif du décès.

Ce que nous pouvons affirmer, à l’exemple de ce qui s’est passé avec les soldats des Sapadores dos Caminhos de Ferro, une grosse majorité des soldats du CEP ne sont pas décédés suite à des combats, mais à la suite de maladies ou accidents. C’est ainsi qu’on comptabilise 12 Sapadores décédés de problèmes pulmonaires ou de grippe, 3 sont décédés à la suite d’accidents et 5 autres à la suite de blessures provoquées par des combats . Deux sont décédés le même jour, à la suite de blessures en combat, deux dans le même accident, deux sont décédés à Ambleteuse le même jour, originaires tous deux d’Alcântara (Lisboa) et dû à des problèmes pulmonaires.

Concernant le lieu du décès : cinq sont décédés à Ambleteuse, deux à Brest, Tourlaville (Cherbourg), La Gorgue, Merville et Acq et un à Rouen, Étaples, Lillers, Dieppe. On n’a pas d’informations sur le lieu de décès pour un des combattants.

Sur les 20 soldats décédés, de 19 on connaît leur emplacement dans le Cimetière militaire portugais de Richebourg. Le 20ème y est, en tant que soldat inconnu (desconhecido). Trois des vingt soldats sont décédés en 1919, au-delà donc après la signature de l’Armistice.

Trois soldats étaient mariés au moment de l’embarquement, 4 parmi les 20 décédés ont été punis durant leur passage par la France durant la I Guerre mondiale.

Notons que 7 des soldats décédés ont embarqué de Lisboa le 21 avril 1017, 4 le 26 mai 1017 et 2 le 14 avril 1017, les autres ont embarqué à des dates distinctes.

Sur les 19 soldats qu’on sait être enterrés à Richebourg : 10 sont dans le carré C, 4 dans le carré D, 4 dans le carré B, un seul est dans le carré A.

Grâce aux Arquivos Históricos Militares, on peut raconter un peu de l’histoire individuelle de ces soldats Sapadores dos Caminhos de Ferro Portugueses décédés en France pendant la I Guerre mondiale :

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José Afonso. Il a fait partie de la 1ère Compagnie des Sapadores, promu 1er Caporal le 1er novembre 1918. Il est né à Vila Verde, ses parents étant José Joaquim Afonso et Maria José Marques. Il est parti du port de Lisboa le 26 mai 1917.

Il est décédé de la grippe le 14 avril 1919, à Tourville (Rouen), étant enterré dans un nouveau cimetière, tombe 11. Exhumé, il a été réinhumé à Richebourg : carré C, ligne 17, tombe 7.

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Francisco Rodrigues Coelho. On ne connaît pas grand-chose de ce soldat des Sapadores. On sait qu’il est né à Santa Barbara de Nexe (Faro), il a fait partie de la 2ème Compagnie avec le grade de Caporal. Il meurt à la suite de blessures en combat le 26 septembre 1917. Il est enterré à Richebourg : carré C, ligne 2, tombe 21.

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Joaquim Rogado Borges. Il a fait partie de la 2de Compagnie des Sapadores, soldat. Il est né à São Braz (Serpa). Fils de Joaquim Borges et de Benta da Conceição Rogado. Il a embarqué vers la France le 26 mai 1917. Décédé le 28 juin 1918 de congestion pulmonaire. Enterré dans un premier temps à Ambleteuse, tombe 35, urne 68. Exhumé il a été réinhumé à Richebourg : carré D, ligne 20, tombe 19.

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Francisco Pais Figueira. Il faisait partie de la 2ème Compagnie, soldat. Marié à Francisca Alves Pereira, originaire de Senhora da Graça dos Padrões (Almodôvar), il était fils de Francisco António Pais e Maria Antánio dos Reis. Il a embarqué le 26 mai 1917. Hospitalisé le 21 août 1917, il sort le 27 du même mois. Blessé en combat le 24 septembre 1917, il meurt dans l’ambulance. Enterré à La Gorgue, tombe 22, ligne C, carré 3. Exhumé, réinhumé à Richebourg : carré C, ligne 1, tombe 20.

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Júlio Timoteo. Il faisait partie de la 2ème Compagnie, soldat. Il est né à São Mamede (Bombarral). Fils de António Timoteo et de Carolina de Jesus, il était marié à Carolina Rosa. Il a embarqué vers la France le 26 mai 1917. Blessé en combat le 24 septembre 1917, il meurt le même jour. Enterré à La Gorgue tombe 20, ligne B, secteur 2. Exhumé il a été ré-inhumé à Richebourg, carré C, ligne 3, tombe 1.

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Hermenegildo Ferreira. Il faisait partie de la 2ème Compagnie, soldat. Il est né à Marmeleira (Rio Maior) le 8 novembre 1895, fils de José Ferreira et Luiza Cândida. Il meurt à la suite de blessures de combat le 20 janvier 1918. Il est enterré à Richebourg : carré A, ligne 3, tombe 2. Certaines informations sont manquantes car pas de fiche dans les AHM.

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Laurinda Bernardo. Il faisait partie de la 3ème Compagnie, 1er Caporal. Il est né à A dos Ruivos (Bombarral), fils de José Bernardo et de Maria da Conceição. Il embarque à Lisboa le 24 avril 1917 et débarque à Brest le 25. Il rentre à l’hôpital le 25 octobre 1917 et meurt de tuberculose pulmonaire le 22 novembre 1917. Enterré au cimetière St Sever (Rouen), tombe 5.276, il est exhumé et réinhumé à Richebourg, carré C, ligne 22, tombe 4.

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Adriano Joaquim Cartaxo. Il faisait partie de la 3ème Compagnie, soldat. Né à Horta do Estanqueiro (Elvas), fils de Miguel Joaquim Cartaxo et Clara da Conceição. Il embarque le 21 avril 1917, dès le 24 juin il rentre à l’hôpital, puis une deuxième fois le 16 août 1917. Il meurt le 19 septembre 1917 de cachexie tuberculose. Enterré à Étaples dans le cimetière militaire, tombe S 99. Exhumé, il sera réinhumé à Richebourg, au carré C, ligne 20, tombe 8.

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Joao Francisco Dias. Il faisait partie de la 3ème Compagnie, soldat. Marié à Adélia Dias de Matos, il est né à Aldeia dos Dez (Oliveira do Hospital), fils de Manoel Dias Formiga et Maria Margarida. Il a embarqué le 21 avril 1917. Débarqué à Brest le 28 avril, il a été hospitalisé le 28 décembre. Il meurt le 22 janvier 1918 d’une bronchite pulmonaire. Il sera enterré au cimetière de Merville, tombe 38. Exhumé, il sera réinhumé à Richebourg, au carré B, ligne 2, tombe 24.

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Domingos Janeiro. Il faisait partie de la 3ème Compagnie, soldat. Il est né à Serpa, fils d’António Francisco Janeiro e Maria Abraço. Il a embarqué à Lisboa le 16 mai 1919. Il entre à l’hôpital à trois occasions, dont la dernière fois, le 9 novembre 1918 à l’hôpital général n°4. Il meurt le 5 avril 1919 d’une pneumonie. Enterré dans le cimetière militaire d’Étaples, tombe 91, carré 5. Exhumé, il sera réinhumé à Richebourg, au carré C, ligne 21, tombe 16.

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Sabino Guerreiro Raposo. Il faisait partie de la 3ème Compagnie, soldat. Né à Messejana (Aljustrel), il était fils de Joaquim Guerreiro Raposo et Maria Isabel. Il a embarqué le 8 août 1917. Il a été puni à plusieurs reprises : le 2 octobre 1917 à 10 jours de détention pour avoir manqué le 29 septembre à l’entraînement anti-gaz ; le 12 septembre 1918 il est condamné à 8 jours de prison disciplinaire pour avoir simulé être malade et le 29 septembre 1918 il est puni à 10 jours pour avoir déclaré n’avoir reçu que 14 jours de ration alimentaire au lieu des 15 prévus. Il a été hospitalisé à 5 reprises, dont le 20 octobre 1918. Il décédera le 30 du même mois, de grippe pulmonaire. Enterré à Ambleteuse, tombe 51, cercueil n°100. Exhumé, on ne connaît pas son emplacement à Richebourg, il serait parmi les soldats inconnus (desconhecido).

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Vasco Ruy de Andrade Costa. Il faisait partie de la compagnie, 1er caporal. Originaire de Olivais (Lisboa) il était fils de Joaquim Duarte Costa et Rosa Andrade Costa. Embarqué le 21 avril 1917 à Lisboa, il débarque à Brest le 24. Il est décédé le 16 janvier d’un accident sur la ligne de chemin de fer Acq-Gombremetz. Enterré au cimetière de Acq, tombe 448. Exhumé, il sera réinhumé à Richebourg, au carré B, ligne 10, tombe 23.

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Felismino de Almeida. Il faisait partie de la 4ème Compagnie, soldat. Il est né à Torredeita (Viseu), fils de Joaquim de Almeida et de Maria dos Prazeres. Embarqué à Lisboa le 21 avril 1917, il débarque à Brest le 24. Le 1er mai, il entre à l’hôpital de Brest pour 5 jours. Il meurt le 16 janvier d’un accident sur la ligne de chemin de fer Acq-Gombremetz. Enterré au cimetière de Acq, tombe 449, à côté de son ami Vasco Ruiz de Andrade Costa. Exhumé, il sera réinhumé à Richebourg à côté de ce dernier, au carré B, ligne 10, tombe 24.

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Manuel Pereira. Il faisait partie de la 4ème Compagnie, soldat. Né à Conceição de Tavira (Tavira), marié, fils de Sebastião Pereira et Maria da Cruz. Embarqué à Lisboa le 21 avril 1917, il meurt le 2 mai 1918 victime d’éclats d’obus. Il est enterré à Lillers, tombe A 11. Exhumé, il sera réinhumé à Richebourg, au carré C, ligne 8, tombe 23.

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José Afonso. Il faisait partie de la Compagnie 5, 1er Caporal. Né à Boavista (Alcobaça), il était fils de Manuel Afonso e Clementina Afonso. Embarqué le 25 août 1917 à Lisboa, il débarque à Brest le 25. Le 7 décembre 1917 il entre à l’hôpital canadien n°3. Le 25 février 1918 il est évacué par le train anglais ambulance n°27 afin d’être rapatrié au Portugal. Il meurt le 27 dans ce même train, par maladie indéterminée. Enterré au cimetière de Kerfautras (Brest) tombe 24, seconde ligne, carré 54. Exhumé et réinhumé à Richebourg, au carré D, ligne 18, tombe 2.

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Adriano Fonseca. Il faisait partie de la 5ème Compagnie, soldat. Originaire de Vila Marim (Mesão Frio, Vila Real), il était fils de José António e Maria Solidade. Il a embarqué à Lisboa le 21 avril 1917. Puni à deux occasions : une première fois le 23 janvier 1918 à 8 jours, ne s’étant pas présenté lors de la revue de sa Compagnie ; la 2ème fois le 6 mai 1918 condamné à 10 pour absence au travail, auquel ont été ajoutés 5 jours pour avoir répondu à un Officier dans des termes menaçants. Il meurt à la suite de blessures causées par un accident le 26 octobre 1918. Enterré au cimetière de Jouval (Dieppe). Exhumé et réinhumé à Richebourg, au carré C, ligne 22, tombe 7.

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Fernando Courtils Cifka. Il était au dépôt, 1er Caporal. Né à Alcântara (Lisboa). Fils de Francisco José de Courtils Cifka et Belmira Alda da Silva Cifka. Il a embarqué de Lisboa, juste à côté de son lieu de résidence, le 14 février 1918, débarquant à Brest le 19. Il rentre à l’hôpital le 27 février où il viendra à décéder le 1er mars de pneumonie. Enterré à Ambleteuse, tombe 14. Exhumé et réinhumé à Richebourg, au carré D, ligne 7, tombe 13.

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Raul Maria Oliveira. Soldat travaillant au dépôt. Il est né à Alcântara (Lisboa), fils de José Maria Oliveira e Joaquina da Conceição Oliveira. Il a embarqué le 14 février 1917. Dans sa fiche figurent deux punitions : une première le 3 janvier 1918 à 6 jours de détention pour avoir permis à un soldat prisonnier qu’il conduisait aux ‘sentinas’ toilettes, et sans qu’il aie l’autorisation à ce que celui-ci se rende aux scieries ; le 24 février 1918 il est condamné à 10 jours de détention pour ne pas s’être présenté au passage en revue de sa Compagnie. Il rentre à l’hôpital le 20 avril 1918, venant à décéder le 22 du même mois pour insuffisance respiratoire. Enterré à Ambleteuse, tombe 20. Exhumé et réinhumé à Richebourg, au carré B, ligne 14, tombe 9.

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Manuel Domingos. Soldat travaillant au dépôt. Il est né à Alcântara (Lisboa), fils de José Domingos et Maria da Conceição. Il a embarqué à Lisboa le 22 février 1917. Deux punitions sont indiquées sur sa fiche : le 25 octobre 1917 il a été condamné à 4 jours pour ne pas avoir eu une attitude correcte et digne lors de 4 jours pendant lesquelles il a été de garde ; le 5 février il est condamné à 20 jours de prison et 10 jours supplémentaires de punition par manquement au passage en revue de fin de journée le 2 mai. Le 5 mai 1917 il rentre à l’hôpital de Brest d’où il sort le 28 du même mois. Il entre une deuxième fois à l’hôpital le 20 avril 1919, venant à décéder le 1er mai 1919 victime de la grippe. Enterré à Tourlaville (Cherbourg), tombe 15 B. Exhumé et réinhumé à Richebourg, au carré C, ligne 17, tombe 13.

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Homero Aurea Paz dos Santos. Ingénieur lieutenant, travaillant en dehors de son bataillon. Il est né à Porto, fils d’Aurélio da Paz dos Reis et de Palmira Cândida dos Reis. Il embarque le 5 mai 1917. Le 2 février 1918 il est promu Capitaine. Le 25 juin 1918 il quitte le CEP rentrant au Portugal. Il demande à revenir en France pour travailler dans les opérations spéciales. Arrivé en France il meurt quelques jours après, victime de purpura infectieuse. Enterré à Ambleteuse, tombe 66, cercueil 126. Exhumé et réinhumé à Richebourg, au carré D, ligne 21, tombe 17.
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Peut-être avez-vous trouvé, retrouvé, parmi ces 20 soldats des Sapadores dos Caminhos de Ferro Portugueses décédés en France pendant la I Guerre mondiale un ancêtre, soldat originaire de votre village ou région. C’est cela, entre autres, un des buts de nos recherches.

(1) https://lusojornal.com/yves-le-maner-historien-et-directeur-du-projet-lanneau-de-la-memoire/

(2) https://lusojornal.com/anneau-de-la-memoire-quelques-uns-parmi-des-milliers/