Arnaldo Garcez, Liga dos Combatentes
Liga dos Combatentes / Arnaldo Garcez

L’étonnant recueil de la bonne humeur des combattants portugais dans la Guerre en France

Centenaire de la Bataille de La Lys

Au titre de la Délégation de Paris et d’Île-de-France de la Ligue des Combattants Portugais, nous vous présentons, au regard de la richesse du sujet historique, une brève trilogie qui est consacrée à l’intrépide et menaçante vie quotidienne de plus de 55.000 «Héros» du Corps Expéditionnaire Portugais dans les Flandres françaises dont beaucoup sont «Morts pour la France» et «l’honneur du Portugal».

Au fil de ces publications, pour lesquelles nous voulons remercier le Directeur du «LusoJornal», Carlos Pereira, vous découvrirez les «Langues et langages du Corps Expéditionnaire Portugais dans les tranchées de la Grande Guerre» et «La difficile et dangereuse vie quotidienne dans les tranchées du secteur du Corps Expéditionnaire Portugais» ainsi que «L’étonnant recueil de la bonne humeur des Combattants Portugais dans la guerre en France».

Nous avons ainsi à commémorer la grande histoire du Portugal afin qu’elle soit distinguée dans le concert des nations en cette année centenaire de la terrible et illustre Bataille de la Lys qui est également celle de l’Armistice de la Grande Guerre.

Sous l’égide du Président de la République portugaise Marcelo Rebelo de Sousa et du Premier Ministre António Costa, les cérémonies nationales seront inaugurées à Paris le 8 avril prochain à 17h30 par le dévoilement de la plaque commémorative du «Centenaire de la Bataille de la Lys», à l’avenue des Portugais dans le XVIe arrondissement, puis par l’hommage au Tombeau du Soldat Inconnu à l’Arc de Triomphe, le même jour à 18h30.

A cet effet, les cérémonies et les expositions dans le Pas-de-Calais du 9 avril prochain, jour anniversaire dudit centenaire de la Bataille de la Lys, ont déjà été présentées en ce «LusoJornal» dans l’édition du 30 mars dernier s’intitulant «Jornais ‘Nord Eclair’ e ‘La Voix du Nord’ de hoje destacam o Centenário da Batalha de La Lys».

 

L’étonnant recueil de la bonne humeur des combattants portugais dans la Guerre en France

En voulant paraphraser le spirituel François Rabalais (en 1483 ou 1494-1553), l’auteur immortel de «Gargantua» et de «Pentagruel», nous dirons que le «propre de l’Homme», c’est l’amour, la guerre et «le rire». Nous avons vu, dans la précédente publication intitulée «La difficile et dangereuse vie quotidienne dans les tranchées du secteur du Corps Expéditionnaire Portugais», la situation angoissante de leur existence sur les lignes du front, où les soldats étaient relevés, d’ailleurs, tous les 6 jours.

Vous penserez à cet instant qu’il est curieux d’évoquer «la bonne humeur» en temps de guerre. Cependant, les «peuples des tranchées» ont su la préserver qu’ils soient Français, Portugais où bien Alliés. Nous allons voir qu’en maintes occasions la gaieté a repris le dessus. Les combattants portugais avaient également pris le parti d’en rire.

A l’origine, nous avions voulu rapporter les blagues et les historiettes de trois ouvrages emblématiques qui rappellent avec beaucoup d’humour la vie dans la guerre des Portugais en France, leurs titres étant déjà en soit le témoignage de l’esprit qui y régnait malgré les pénibles et menaçantes conditions de vie.

Dans l’ordre chronologique de leurs parutions, les livres en question ont été publiés en 1919, 1921 et 1944. Ils sont ceux du Major André Brun, «A malta das trincheiras: migalhas da Grande Guerra 1917-1918, (em 236 páginas)», («La bande des tranchées: des miettes de la Grande Guerre, 1917-1918, (en 236 pages)»); du Capitaine Menezes Ferreira, «João Ninguém, soldado da Grande Guerra: impressões humorísticas do C.E.P., (em 64 páginas)», («Jean Personne, soldat de la Grande Guerre: impressions humoristiques du C.E.P. (en 64 pages)», et du Major Mário Afonso de Carvalho, «O Bom Humor no C.E.P. (em 108 páginas)», («La Bonne Humeur au C.E.P. (en 108 pages)».

Nous vous donnerons, d’ailleurs, les liens Internet à la fin au chapitre consacré à la «Bibliographie» afin que vous puissiez aisément les découvrir.

Au regard du nombre de blagues et historiettes qui y sont rapportées en ces quelques 408 pages, nous avons dû faire des choix et cela malgré nos regrets au regard de la richesse et la diversité desdits ouvrages. Nous avons ainsi privilégié le dernier ouvrage, qui compte en sa totalité 108 pages.

Le Major Mário Afonso de Carvalho a été, d’ailleurs, porte-drapeau provisoire des Bataillons d’Infanterie 23 et 14 en France dans le Corps Expéditionnaire Portugais, ledit «C.E.P.», puis plus tard, il a atteint le grade de «Major». Il a également écrit d’autres ouvrages à caractères historiques et militaires. (1)

Traduisant généralement les textes portugais en français, nous eûmes à cœur de les laisser dans leur langue d’origine tout en les transcrivant dans la langue de Molière. Il est, d’ailleurs, extrêmement malaisé de ressentir dans une autre langue, quelques blagues, plaisanteries ou bien railleries qui soient, au risque d’en perdre la saveur et l’esprit. A ce sujet, nous nous sommes également permis de rajouter quelques commentaires linguistiques et historiques. Vous trouverez, d’ailleurs, à chaque fois le texte en portugais suivi de celui en français…

Avant-propos et citations de la préface

En son avant-propos et en citant quelques phrases de la préface de son ouvrage dédié à la «Bonne humeur», le Major Mário Afonso de Carvalho a écrit dans la langue de Camões: «N’este amontoado de episódios, piadas e ditos engraçados, que dizem do bom humor dos combatentes portuguezes em França e que resolvi publicar, não tive a intenção de produzir obra valiosa do meu espírito, pois para tanto me falta a requerida competência, mas tão sómente a de focar a psicologia humorística das nossas tropas na campanha da Flandres de 1917-1918, pelo muito que vi e senti na referida campanha. Dedico este opusculo, especialmente aos neuras, que abundam para ahi e como se trata de ditos… de graça, pode ser que a sua leitura lhes sirva de remédio para a doença. É portanto uma obra do coração… Este guisado pode não estar bom, fiz no entanto o possível por o refogar bem. E depois quem dá o que tem, a mais não é obrigado…

…Quanto a min, o presente livro, enferma de ser reduzido no seu volume, tendo só a centésima parte do muito que se pensou em voz alta no C.E.P. E não me digam que as piadas dos soldados não representam autênticos subsídios para uma análise profunda aos homens e aos factos…»

 

Traduction dans la langue de molière

«En cette foisonnante suite de blagues et d’épisodes et de dictons plaisants et drôles, relatant la bonne humeur des combattants portugais en France, que j’ai décidé de les publier, je n’ai aucunement l’intention de constituer une œuvre sophistiquée, manquant, d’ailleurs, à ladite disposition. J’ai plutôt voulu rappeler la distrayante et délassante psychologie de nos troupes dans la campagne flamande de 1917 à 1918, suivant ainsi ce que j’ai vu et ressenti. Je dédie cet opuscule tout spécialement aux neurasthéniques, aux ‘neuras’, qui abondent sur terre. D’ailleurs, s’agissant ici de bons mots et de facéties, il est possible que cette lecture serve de remède à leurs afflictions. C’est une œuvre d’esprit et de bienfaisance où il est possible que la ‘galimafrée’ eût été gâchée. J’ai cependant fait en sorte afin qu’elle soit bien apprêtée. En transmettant ce qui a été dit, à beaucoup plus, je n’en étais pas obligé…

… Quant à moi, le livre actuel, souffre d’être ainsi réduit à un seul volume. Il n’y a été présenté que la centième partie de ce qui a été pensé et exprimé à haute voix au sein du C.E.P. Et surtout ne me dites pas que les blagues des soldats ne représentent pas de vrais apports pour une analyse approfondie des hommes et des faits…»

 

 

L’Argot du C.E.P., (le Corps Expéditionnaire Portugais)

 

En portugais: «A Gíria do C.E.P.»

«O sector defendido pelo nosso C.E.P. tomou, por obra e graça da gente alfacinha, un cunho verdadeiramente nacional. Por todos os lados há nomes portuguezes. A terra de ninguém é a Avenida Afonso Costa. Tivemos também o Chiado, o Rocio, a Pampulha, o Tereirro do Paço, o Jardim da Estrela, e a Trincheira do Quebra-Costas. As escadas d’um Quartel General receberam o pomposo nome de Escadinhas da Mãe d’Agua…»

 

En français: «L’Argot du C.E.P., le Corps Expéditionnaire Portugais»

«Le secteur défendu par notre C.E.P. a pris, par la grâce et l’esprit des ‘Alfacinhas’, un caractère véritablement national. [Le terme ‘Alfacinhas’ est, d’ailleurs, le nom populaire des habitants de Lisbonne]. On y trouve des noms portugais de tous les côtés. ‘A Terra de Ninguém’ est l’Avenida Afonso Costa [par ‘dérision’ comme nous l’avons vu dans les précédentes publications]. Nous avions aussi le Chiado, le Rocio, la Pampulha, le Terreiro do Paço, le Jardim da Estrela et la tranchée du Quebra-Costas. Le perron d’un des Quartiers Généraux a même reçu le titre pompeux d’Escaliers de la Mãe d’Agua». [C’était une évocation des zones urbaines de Lisbonne et le rappel du Passage du Quebra-Costas qui est une voie raide et escarpée en escaliers reliant la rue São João da Praça à la rue do Barão dans le fameux quartier d’Alfama. Il en est de même des escaliers descendant au réservoir de l’Aqueduc des Amoreiras dans la bonne ville de Lisbonne.]

Guelques termes et expressions d’argot

 

En langue portugaise

«No nosso C.E.P., falava-se quasi todo o calão do tempo de paz. A gíria portugueza nas trincheiras da Flandres é caracterizada pela sua graça e espírito de imaginação. Eis alguns termos e expressões que ali coligi:

En langue française

«En notre C.E.P., on ne parlait quasiment que l’argot du temps de paix. L’argot portugais dans les tranchées de Flandres est caractérisé par sa grâce et son esprit d’imagination. Voici quelques termes et expressions que j’ai rassemblés: …»

 

«G.Q.G. (Grande Quartel General) – Grande Canja (por ficar muito longe das linhas)»;

«G.Q.G. (Grand Quartier Général) – «Grande Canja» ou «Grand Bouillon de poule» car il était bien loin des lignes des Tranchées»;

 

«Q.G. 1 (Quartel General da 1ra Divisão) – Canja n°1»

«Q.G. 1 (Quartier Général de la 1ère Division) – «Bouillon de poule n°1»;

 

«Q.G. 2 (Quartel General da 2a Divisão) – Canja n°2»

«Q.G. 2 (Quartier Général de la 2ème Division) – «Bouillon de poule n°2»;

 

«Q.G. Brigada» – Como já estavam mais perto das linhas eram «Queijos». Havia «Queijos» do n°1 à 6, visto haver 6 Brigadas;

«Q.G. de Brigades» – Étant donné qu’elles étaient plus prés des lignes du front, c’étaient des «Fromages». Il y avait ainsi des «Fromages» de 1 à 6, puisqu’il y avait 6 Brigades.

 

«As Ambulâncias» eram os depósitos da Gosma, «a Baba», [«Eram os hospitais militares móveis ou serviços de saúde que seguiam a tropa em campanha e se estabeleciam próximo ao campo de batalha»];

«As Ambulâncias» étaient des dépôts de «Bave», [«C’était, en fait, les hôpitaux militaires ou les services de santé mobiles, qui suivaient les troupes en campagne et s’installaient ainsi près du champ de bataille»);

 

«Os Hospitais – Fábricas de Tijolo»;

«Les Hôpitaux – Des usines de briques».

 

«O Depósito de Fardamentos – Depósito de Alcatruzes»; [Os «Alcatruzes» são: 1. Cada um dos vasos que elevam a água na nora; 2. Regionalismo vaso de barro utilizado para capturar polvo na zona do Algarve; 3. Popular plural: tamancos grandes e pesados, as botifarras (2)];

«Le Dépôt d’Uniformes – Dépôt de Godets» (3); [Les «Alcatruzes» sont: 1. Chacun des récipients qui captent l’eau dans l’accès à un puits; 2. Terme populaire et pluriel: des sabots grands et lourds dits aussi ‘botifarras’; 3. Régionalisme: Pot de terre utilisé pour capturer les poulpes en Algarve, [c’est la province la plus au Sud du Portugal»].

Rappelons, d’ailleurs, que les plus de 55.000 soldats du Corps Expéditionnaire Portugais vinrent du Nord au Sud du Portugal dans les Flandres françaises. Vous imaginez bien le foisonnement de variantes de patois et d’argots qui pouvaient s’y parler…

 

«Repartição de Hygiene (R.H.) – Repartição dos Humoristas»;

«Département de l’Hygiène (R.H.) – Département des Humoristes».

 

«Lavandaria – Clube Democrático da Recoca (por só ali ter oficiais democráticos em serviço); [no Calão das Trincheiras, o nome de «Recoca» significa «a retaguarda e o descanso»];

«Lavanderie – Club Démocratique da ‘Recoca’» (car il n’y avait que des officiers démocratiques en service); en «l’Argot portugais des Tranchées», le nom de «Recoca» signifiait «l’arrière et le repos» (4).

 

«Brigada do Minho – Barrigada do Minho»; [«Barrigada (popular): 1. Grande porção de alimentos ingeridos e fartote; 2. Grande quantidade ou intensidade de algo»]; [«A dita Brigada du Minho era sobertudo conhecida porque os seus vários batalhões tinham ali sido recrutados… A 4ª Brigada de Infantaria do Corpo Expedicionário Português (CEP) já tinha conquistado uma reputação de bravura na frente de batalha muito antes de lhe ser confiada, em fevereiro de 1918, a defesa do setor de Fauquissart, em Laventie, na Flandres francesa, perto da fronteira com a Bélgica, onde ainda se encontrava nesse fatídico dia 9 de abril de 1918, quando foi dizimada pelos Alemães na Batalha de La Lys (5)»]

«Brigade du Minho – Plâtrée ou ventrée du Minho». En portugais, elle a une autre saveur, si j’ose dire, c’était en fait un simple jeu de mots jouant sur l’assonance des premières et dernières lettres des deux termes employés qui en étaient «briga…», «bariga…» et «da». «Ladite Brigade du Minho était bien connue parce que ses différents bataillons y avaient été recrutés… La 4ème Brigade d’Infanterie du Corps expéditionnaire portugais (CEP) avait déjà une une réputation de courage et de résolution sur le front bien avant qu’en février 1918 lui soit confiée la défense du secteur de Fauquissart à Laventie, en Flandre française, près de la frontière avec la Belgique, où elle était encore en ce jour fatidique le 9 avril 1918, quand elle fut décimée par les Allemands dans la Bataille de La Lys».

 

«Ceplândia – Eram as terras do C.E.P.»;

«Ceplândia – C’étaient les terres do C.E.P., le Corps Expéditionnaire Portugais».

 

«Serviço Postal de Campanha – Serviço de Por Cuspo»;

«Service Postal de Campagne – Service de mise en salive»; [Qui ne l’a pas fait en collant son timbre?].

 

«General Tamagnini – Traga-meninos»;

«Tamagnini de Abreu e Silva (1856-1924) foi um militar português que após a sua promoção a General foi escolhido para comandar a Divisão de Instrução mobilizada em Tancos [que foi considerada como o «Milagre de Tancos» en 1916] e posteriormente para Comandante do CEP, o Corpo Expeditionnario Português, que combateu na Flandes na I Guerra Mundial, integrado no exército inglês. Após o desastre do CEP na Batalha da La Lys, a 9 de abril de 1918, foi substituído, a 25 de agosto, no comando daquele mesmo Corpo pelo General Garcia Rosado».

«‘Traga’ é a terceira pessoa do singular do presente do indicativo do verbo ‘tragar’. Este verbo transitivo tem vários sentidos: 1. Engolir sem mastigar; 3. Inalar fumo ou um gás = aspirar, inspirar; 4. Arrastar para dentro de si = absorver, engolir, sorver; 5. Submergir; 6. Fazer desaparecer = aniquilar, destruir, engolir; 7. Devorar com os olhos, olhar com cólera ou avidez = engolir; 8. [Figurado] Aceitar com tolerância; levar com paciência = aguentar, engolir, sofrer, tolerar; 9. Acreditar na verdade de algo; 10. Confrontar: trajar». Neste caso, o termo «Traga-meninos» refere-se ao 7º significado do verbo «Tragar» porque o General Tamagnini de Abreu e Silva costumava fixar os olhos das pessoas, mesmo quando posava para um artista. O termo «Meninos», significando também «rapaz», refer-se assim à assonância com seu primeiro sobrenome, mas jogando também sobre o sentido de um indivíduo astuto e esperto.

«General Tamagnini – Traga-meninos»

Dans ce cas précis de «Traga-meninos», la ladite expression semble correspondre à la 7ème signification du verbe «Tragar», rappelant ainsi le sens de «dévorer des yeux ou de regarder avec colère ou avidité» car ledit Général Tamagnini de Abreu e Silva avait pour habitude de fixer des yeux les personnes même lorsqu’il était entrain de poser pour un artiste. Le terme «Meninos», signifiant «enfants», il se rapporte à l’assonance des premières et dernières lettres du premier nom de famille «Tamagnini» dudit Général, tout en jouant avec le sens d’un individu astucieux, jovial et vif. (6)

 

«Coronel Gomes da Costa – Von da Costa»;

«Na língua alemã, «von /fɔn/» é uma preposição indicando origem ou filiação. Em português traduz como «a» ou «de»». (7) [«De Coronel, Manuel de Oliveira Gomes da Costa (1863-1929) passou à patente de General. Ele assim recebeu do General Tamagnini de Abreu e Silva a ‘ordem do 3 de abril’ 1918 para assumir o comando da Segunda Divisão, que rendeu no dia 6 do mesmo mês à Primeira Divisão. Relembramos que a terrível e ilustre Batalha de La Lys ocoreu no dia 9 de abril do mesmo ano onde a dita Segunda Secção afrontou o desmesurado ataque alemão. Na sua estratégia guerreira, ele foi como nos primeiros dias da bem conhecida Batalha de Verdun». (8)

«Colonel Gomes da Costa – Von da Costa»;

«Dans la langue allemande, «von /fɔn/» est une préposition indiquant l’origine ou la filiation. Elle se traduit en français par «De» le rappelant également. De Colonel, Manuel de Oliveira Gomes da Costa (1863-1929) a été élevé au grade de Général. Il a, d’ailleurs, reçu du Général Tamagnini de Abreu e Silva l’ordre du 3 avril 1918 de commander la Deuxième Division du Corps Expéditionnaire Portugais. Elle avait ainsi relevé le 6 du même mois la Première Division. Rappelons également que la terrible et illustre Bataille de La Lys a eu lieu le 9 avril de la même année où ladite Deuxième Division a été la seule à affronter l’attaque allemande, rappelant dans sa menaçante stratégie les premières journées de la mythique Bataille de Verdun.

 

«Sebastião Costa, filho de Afonso Costa – Nobre exemplo»;

«Nobre Exemplo: Sebastião Costa (filho de Afonso Costa, chefe do Governo) ofereceu-se para a guerra onde, no cachapinato, serviu como intérprete. A imprensa guerrista referiu-se a isso como um nobre exemplo. Ora, na trincha, onde se troçava de todos que não fossem da malta, ficou conhecido por essa alcunha, que viria a figurar na placa toponímica de uma das trinchas». (8)

«Sebastião Costa, fils de Afonso Costa – Noble Exemple»;

[«Noble Exemple: Sebastião Costa (fils d’Afonso Costa, Chef du Gouvernement portugais d’alors). Sebastião Costa s’était porté volontaire pour la guerre comme officier interprète. Il était ainsi à l’arrière où étaient les ‘planqués, les embusqués’ selon beaucoup de soldats du front qui se moquaient de ceux qui n’étaient point comme eux. Suivant la presse favorable à la guerre, qui l’avait appelé ‘Noble Exemple’, ils avaient répété ce surnom, l’inscrivant même sur une plaque toponymique d’une des tranchées.

Tout porte à croire, que ladite tranchée devait être face au ‘No man’s land’, ‘la Terre de Personne’, ‘a Terra de Ninguém’ dite aussi ‘Avenida Afonso Costa’, ou bien ‘Avenue Afonso Costa’.

Rien qu’à la lecture et à l’étude de ces trois dernières expressions, qui concernent, d’ailleurs, les hiérarchies militaires et politiques, auxquelles tous les soldats se doivent d’obéir, nous ne pouvons que constater que l’esprit de dérision et de plaisanterie s’exprimaient dans leurs rangs mais surtout entre-eux. Ce langage était primordial pour les combattants portugais, ils se servaient, d’une façon métaphorique, des armes de l’esprit afin de lutter, autant que possible, contre leurs difficiles et dangereuses conditions. Quelque part, ils avaient pris le parti d’en rire…]

 

«Boletin diário das operações – Almocreve das Petas»;

«Definição encontrada de ‘almocreve’ (al.mo. cre.ve) sm. 1. Condutor de bestas de carga; Arrieiro; Mulateiro; Tocador…; homem que tem por ofício alugar e conduzir bestas de carga; recoveiro. Almocreve das petas 1. (Fam.) mentiroso, pantomimeiro. (Trás-os-Montes) O mesmo que lacrau…» (9)

«Bulletin journalier des opérations – Les mensonges ou les pantomimes des gardiens des bêtes de somme»;

«Familièrement dans la langue portugaise populaire, ‘Almocreve das Petas’ est une expression composée de deux termes, ‘almocreve’ signifiant ‘le gardien ou le meneur des bêtes de somme’ et ‘petas’, les mensonges. Nous vous laisserons le soin de juger la traduction bien irrévérente au demeurant pour un bulletin militaire en temps de guerre. D’ailleurs, dans sa langue d’origine, elle l’est autant sinon plus…

 

«Ordem do Quartel General – Ridiculos»;

«Os oficiais que faziam serviço nas linhas [da frente] eram «officaes ácidos», os da rectaguarda, «oficiaes básicos (Ba.)». «Bibásicos (Bae.)», os que estavam em Paris. «Cachapins» eram os anichados nas Repartições da retaguarda».

[«Cachapim: Na descrição de André Brun, é alguém que mesmo não sabendo da guerra de Troia nem organizar as camisolas na própria mala, conseguiu um lugar à retaguarda. Ou esteve na trincha um tempo e conseguiu de lá sair – o que demonstra a sua inteligência -, ou, devendo ir para lá, nunca lá pôs os pés – o que prova que é muito mais esperto do que parece». (10)

«Origem da palavra: cachapim (alteração de chapim) substantivo masculino [Ornitologia] Pequena ave passeriforme do género Parus, da família dos parídeos = Chamim, mejengra» (11)

«Ordres du Quartier Général – Dignes de risées».

«Les officiers, qui servaient sur les lignes de front, étaient des ‘officiers acides’, ceux de l’arrière des ‘officiers basiques (Ba.)’. ‘Bi basiques (Bae.)’, étaient ceux qui étaient basés à Paris. Les ‘Cachapims’, [Les planqués ou les embusqués], étaient ceux qui se ‘nichaient’ dans les différents services tout à l’arrière du front».

[D’ailleurs, le terme «cachapim» se traduit en français par «mésange», espèce de l’ordre des passereaux, qui sont souvent qualifiés «d’oiseaux chanteurs» ou bien «d’oiseaux percheurs». Le terme portugais d’argot des tranchées rappelle également pour les Français «les planqués, les embusqués et les profiteurs» de la Grande Guerre.]

[«Cachapim: Dans la description d’André Brun, c’était quelqu’un, qui ignorant, entre autres, l’histoire de la guerre de Troie ou même ranger ses chemises dans sa propre valise, a réussi à trouver un poste tout à l’arrière du front. Il est également possible qu’il ait passé quelques temps dans les lignes du front où bien qu’il n’y soit pas allé du tout, démontrant ainsi son intelligence ou bien sa fourberie»].

Et la dernière au sujet des chiens de la plaine de La Lys

 

Em portugais:

«Um soldado ao chegar ao seu acantonamento, escrevia à mãe e dizia-lhe: ‘Nesta terra tudo é differente da nossa, costumes, manjares, bem estar, etc. Só os cães é que falam como os portuguezes’». (12)

 

En français:

«Un soldat, en arrivant à son cantonnement, écrivit à sa mère et lui rapporta: ‘Sur cette terre tout est différent de la nôtre, les coutumes, le manger, la façon d’être, etc. Seuls les chiens parlent comme au Portugal’».

 

Bibliographie

 

Brun, André, (Major) – «A malta das trincheiras: migalhas da Grande Guerra 1917-1918». Lisboa: Guimarães & C.ª, 1919, 236 páginas.

Câmara Municipal de Lisboa – Hermoteca Digital:

http://hemerotecadigital.cm-lisboa.pt/…/AMaltadasTrincheira…

 

Ferreira, Meneses, 1889-1936, «João Ninguém, soldado da Grande Guerra: impressões humorísticas do C.E.P.», texto do Capitão Menezes Ferreira – Lisboa: Livraria Portugal-Brasil, 1921, 64 páginas.

Câmara Municipal de Lisboa – Hermoteca Digital:

http://hemerotecadigital.cm-lisboa.pt/…/I…/ImpressoesCEP.pdf

 

Major Mário Afonso de Carvalho, «O Bom Humor no C.E.P. – França 1917-1918», Composto e impresso na Tipographia da Liga dos Combatentes da Grande Guerra, Calçada dos Caetanos, Lisboa, 1944, 108 páginas.

Câmara Municipal de Lisboa – Hermoteca Digital:

http://hemerotecadigital.cm-lisboa.pt/…/IGuerraMundial_mono…

& http://hemerotecadigital.cm-lisboa.pt/…/…/OBomHumornoCEP.pdf

 

 

Notes:

(1) DGLBA, Livro & Biografia – Mário Afonso de Carvalho [Lisboa, 1887-1950]

http://www.dglb.pt/…/Portugues/autores/Paginas/PesquisaAuto…

 

(2) Dicionário Priberam de português de «alcatruzes»

https://priberam.pt/dlpo/alcatruzes

 

(3) Traduction en français de «alcatruzes» in Dicionário Priberam:

https://priberam.pt/dlpo/Traduzir/FR/alcatruzes

 

(4) «Calão de Trincheira – Pequeno glossário de expressões usadas pelos soldados portugueses nas primeiras linhas da Frente Ocidental»

https://soldadomilhais.wordpress.com/calao-de-trincheira/

 

(5) Público, 1914-2014, I Grande Guerra – Luís Miguel Queirós, 31/08/2014, Memórias de Família Um capitão da Brigada do Minho que morreu em combate

https://acervo.publico.pt/…/um-capitao-da-brigada-do-minho-…

 

(6) «tragar», in Dicionário Priberam da Língua Portuguesa [em linha], 2008-2013:

https://www.priberam.pt/dlpo/tragar [consultado em 31-01-2018].

 

(7) Wikipédia – «Von»:

https://pt.wikipedia.org/wiki/Von

Wikipédia – Manuel de Oliveira Gomes da Costa

https://fr.wikipedia.org/…/Manuel_de_Oliveira_Gomes_da_Costa

 

(8) Calão de Trincheira Pequeno glossário de expressões usadas pelos soldados portugueses nas primeiras linhas da Frente Ocidental.

https://soldadomilhais.wordpress.com/calao-de-trincheira/

 

(9) «Almocreve»:

http://www.osdicionarios.com/c/significado/almocreve

& «Peta»:

http://www.dicionarioinformal.com.br/peta/

 

(10) Calão de Trincheira Pequeno glossário de expressões usadas pelos soldados portugueses nas primeiras linhas da Frente Ocidental.

https://soldadomilhais.wordpress.com/calao-de-trincheira/

 

(11) Dicionário Priberam da Língua Portuguesa – «Cachapins»

https://www.priberam.pt/dlpo/cachapim

 

(12) Major Mário Afonso de Carvalho, O Bom Humor no C.E.P. – França 1917-1918, Op. Cit., p. 92.

http://hemerotecadigital.cm-lisboa.pt/…/…/OBomHumornoCEP.pdf