Maria Beatriz Rocha Trindade, un retour aux sources de ses travaux sur les migrations


Le 8 août dernier a eu lieu, dans le village de Queiriga (Vila Nova de Paiva, Viseu), la Festa do Emigrante, occasion pour l’anthropologue et chercheuse Maria Beatriz Rocha Trindade d’un certain retour aux sources.

Source de ses rencontres avec des émigrés portugais, source de ses recherches, première étude sur un village – ou plutôt une partie d’un village – qui a migré vers la France où un «petit» Queiriga s’est crée, village où Maria Beatriz Rocha Trindade va rencontrer une nouvelle famille. Maria Marques, veuve de Anibal Félix, mort dans un accident de travail à Annecy reçoit, chez elle, Maria Beatriz Rocha Trindade dès les premières recherches de l’anthropologue, de sorte qu’elles vont se considérer comme des sœurs, pas de sang, mais des sœurs de confidences, de cœur, d’histoires, l’histoire de l’émigration portugaise par le cas, par l’exemple.

Entre Queiriga et Orsay, entre ces lieux et Maria Beatriz Rocha Trindade, il y a une longue histoire.

On sent dans les dires, dans les échanges avec Maria Beatriz Rocha Trindade que ce 8 août fut spécial. Il y a la réalité… il y a les symboles.

Maria Beatriz Rocha Trindade doit beaucoup à Queiriga, Queiriga, petit village de 700 âmes, village d’émigration, doit beaucoup à Maria Beatriz Rocha Trindade. Village auquel l’anthropologue a donné comme surnom : «Le village le plus français du Portugal».

Le remerciement, le symbolisme ? Le petit jardin, créé en face de la maison réhabilitée, présenté ce 8 août à Maria Beatriz Rocha Trindade, par l’ingénieur en électronique Abel de Oliveira, jardin intitulé «Çá e Lá». Sur une rose fleurie l’inscription sur ardoise : «2024 Jardin du Luxembourg, Dra. Maria Beatriz Rocha Trindade»… des choses simples, mais ô combien symboliques, ô combien réconfortantes.

Pour la petite histoire, Maria Beatriz Rocha Trindade nous dit qu’Abel est fils d’un des premiers émigrés, Augusto de Sá Marques Oliveira, qui ont quitté Queiriga vers la France, s’établissant à Limours (Essonne), le premier émigré du village à obtenir en France son baccalauréat (*).

Entre autres manifestations du 8 août à Queiriga, Maria Beatriz Rocha Trindade a présenté son dernier ouvrage «Em torno da mobilidade» (lire ICI et ICI). Présentation qui a eu lieu dans le Centro Memória das Migrações, ancienne école, signe des temps, plus fréquentée par des élèves.

Faisaient partie de l’assistance à la conférence : Paulo Marques, Presidente da Câmara de Vila Nova de Paiva, Cristóvão Chaves, Presidente da Junta de Freguesia de Queiriga, Miguel Costa, Conseiller Social du Consulat-Général du Portugal à Paris et le ‘régional’ de l’étape, originaire de Viseu, le Secrétaire d’État aux Communautés Portugaises, José Cesário.

Maria Beatriz Rocha Trindade, presque 60 ans dédiés à l’étude du phénomène migratoire, et toujours prête à rendre service : suivre des étudiants qui préparent leur thèse de doctorat, réalisation de conférences, réfléchir et proposer des idées sur la muséologie sur le thème des migrations.

Tout cela a commencé en 1965. Le mari de Maria Beatriz Rocha Trindade, assistant à Instituto Superior Técnico, choisit la France pour effectuer son doctorat à Orsay.

C’est à Orsay que Maria Beatriz Rocha Trindade va rencontrer des émigrés de Queiriga, à la sortie de la messe du dimanche après-midi, présidée par un prêtre franciscain, qui essaye le mieux possible de parler dans la langue de Camões.

Maria Beatriz Rocha Trindade trouve un stage au Centre de Sociologie, rue Cardinet à Paris, en même temps elle s’inscrit à l’Université de la Sorbonne en Psychologie Sociale. Un professeur la conseille de préparer son propre doctorat, le thème découlant presque de source : étude sur l’émigration portugaise, tout spécialement celle originaire de Queiriga.

Depuis… des dizaines de livres, des centaines de travaux, des milliers d’articles sur le thème des migrations.

(*) Des livres sont édités ces dernières années en France soutenant la théorie qu’en France l’ascension sociale est rare, voire inexistante. Personnellement nous estimons que les immigrés, et en particulier chez les Portugais, l’ascension sociale est une réalité, est en route, en cours. L’ascension sociale en France, plus présente en France chez les immigrés que la population française en général ?

LusoJornal