José Narciso

Monuments en honneur aux soldats de la I Guerre Mondiale au Portugal

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]

Cent deux ans se sont écoulés depuis la fin de la I Guerre mondiale, appelée aussi la Grande Guerre, l’Armistice ayant été signé le 11 novembre 1918, à 5h15 du matin. La Capitation de l’Allemagne a été signée par des Généraux allemands et alliés dans un wagon-restaurant aménagé du Général Foch, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.

Le cessez-le-feu est effectif à onze heures, entraînant dans l’ensemble de la France des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin d’une guerre.

La I Guerre devait être courte, quelques troupes pensaient pouvoir rentrer pour Noël 1914. Elle a été bien plus longue que prévu, au départ, de la part des différents belligérants.

Un peu partout dans le monde, des hommages sont rendus aux soldats victimes de la barbarie de la Grande Guerre. La construction de monuments rappellent, à jamais, les participants et les victimes de cette guerre des tranchées.

Combien de monuments ont-ils été créés au niveau mondial pour honorer toutes ces victimes? Beaucoup, beaucoup, difficile à chiffrer. Rien qu’en France, rares sont les 35 mille communes qui n’ont pas fait construire un, voire plusieurs monuments. La construction est sans nulle doute à mettre en rapport avec la taille de la ville, le nombre de victimes et le fait d’avoir eu des casernes de soldats dans sa ville.

Le nombre de participants à la I Guerre est-il en rapport avec le nombre de monuments construits? Peut-être, mais pas tout à fait. Cela dépend de la sensibilité de son peuple, de ses Gouvernants, des lieux impliqués dans la guerre, du nombre et existence d’associations d’anciens combattants, entre autres.

Nous nous sommes attachés aux honneurs rendus par le Portugal aux soldats du contingent portugais qui a participé à la I Guerre mondiale. On cite souvent le chiffre de 55 mille soldats réunis au sein du CEP (Corpo Expedicionário Português). Des études sont actuellement menées, retenant l’hypothèse qu’il y a eu deux dizaines de milliers de soldats de plus.

Nous faisons ici une parenthèse pour rappeler les soldats portugais oubliés de la I Guerre mondiale, les presque 40 mille qui ont été envoyés pour défendre les anciennes colonies du Portugal, ceux de «la guerre oubliée d’Afrique». Ces mêmes oubliés, ou pas souvent cités sur les monuments dédiés aux soldats portugais de la I Guerre.

Notons toutefois, et ce depuis la fin de la dictature de Salazar et du colonialisme, l’ajout dans certains de ces monuments, l’honneur aux soldats morts en Afrique, «mortos no Ultramar».

Au niveau statistique, nous avons comptabilisé 92 bornes au Portugal honorant les soldats de la I Guerre, 3 obélisques et 25 monuments.

Ajoutons à ceux-là des monuments portugais à l’étranger: 3 en France, 11 au Moçambique, 4 en Angola, un à Macau et une plaque en Belgique (Gand).

Un hommage particulier est rendu au premier soldat portugais mort pendant la I Guerre mondiale, António Gonçalves Curado, par un monument construit à Figueira da Foz.

A quelle date ont été construites ces œuvres? Historiquement la première œuvre dédiée au CEP a été construite en France, à Ambleteuse. Il a été inauguré le 30 juin 1919 et a été construit par la Croix Rouge Portugaise.

C’est dans le district de Setúbal, à Cortes, que fut inaugurée la première borne dédiée aux soldats portugais. Elle aurait été inaugurée dès 1919.

On cite Palmela comme étant le dernier monument à avoir été inauguré au Portugal, il daterait de 2012.

Signalons toutefois, pas vraiment un monument, mais l’inauguration d’un vitrail, le jour du Centenaire de la Bataille de La Lys (09 avril 2018) en hommage à ceux qui sont morts pendant la I Guerre mondiale. La fenêtre peut être vue dans l’église de Saint Jacques, à la périphérie de Londres, qui était, par ailleurs, fréquentée par le roi Manuel II.

Il est tout à fait normal que ça soit les années qui ont suivi la guerre qui ont vu le plus grand nombre de monuments s’ériger:

L’année la plus prolifique à ce niveau fut 1927 avec 7 inaugurations, ainsi que 1929 avec le même nombre. Entre 1921 et 1930 un total de 40 monuments ont été construits, la décennie suivante le nombre a été de 29. Pendant les années-cœur de la dictature de Salazar, on a très peu construit: entre 1941 et 1959 simplement 5 monuments ont vu le jour.

De noter qu’on n’a pas pu mettre de date sur la construction de 22 œuvres, dont 10 sur les 11 rien qu’à Moçambique.

Y-a-t-il une relation entre la construction de ces monuments dans les districts qui ont fourni le plus de soldats pour le CEP et le nombre d’ouvrages construites? Il y a sans nul doute une relation, quoique! Cela dépend aussi de la localisation des casernes d’où sont partis les soldats, de la dynamique des associations locales d’anciens combattants et de la localisation des villes, les districts côtiers entre Lisboa et Porto sont ceux qui ont plus d’ouvrages construits.

Il y a des villes qui ont voulu rendre hommage plutôt par un grand monument que par des bornes. À l’exemple des monuments d’Abrantes, Aveiro, Coimbra, Covilhã, Estremoz, Évora, Faro, Figueira da Foz, Guarda, Lamego, Lisboa (3), Loures, Oliveira de Azeméis, Portalegre, Porto, Régua, Santarém, São João da Madeira, Seia, Soure, Tondela, Vila Real e Viseu et des obélisque à Valença, Mira e Mértola.

De noter que dans le district où est située Mértola, Beja, l’obélisque est la seule œuvre d’art dédiée aux soldats portugais de la I Guerre mondiale.

 

Pour les amoureux de statistiques, nous indiquons ci-dessous, par districts du Portugal: le premier chiffre est le nombre de soldats et sergents recensés dans les archives militaires du CEP, suivi du nombre de bornes (pas les obélisques et monuments) commémoratifs par district:

Aveiro: 2.975 soldats / 12 bornes

Beja: 1.902 soldats / 0 bornes

Braga: 3.486 soldats / 5 bornes

Bragança: 2.059 soldats / 1 borne

Castelo Branco: 2.573 soldats / 3 bornes

Coimbra: 4.234 soldats / 11 bornes

Évora: 1.711 soldats / 6 bornes

Faro: 2.761 soldats / 2 bornes

Guarda: 2.823 soldats / 4 bornes

Leiria: 3.299 soldats / 7 bornes

Lisboa: 4.204 soldats / 10 bornes

Portalegre: 1.446 soldats / 2 bornes

Porto: 5.424 soldats / 6 bornes

Santarém: 4.149 soldats / 9 bornes

Setubal: 1.193 soldats / 3 bornes

Viana do Castelo: 2.651 soldats / 3 bornes

Viseu: 4.342 soldats / 3 bornes

Açores: 21 soldats / 2 bornes

Madeira: 48 soldats / 1 borne

 

À l’approche de la célébration des 102 ans de l’Armistice, citons quelques chiffres qui permettent de comprendre l’horreur de la I Guerre et son caractère mondial: pour l’ensemble des belligérants, plus de 18,6 millions de morts, d’invalides et de mutilés, dont 8 millions de civils. 73,3 millions d’hommes ont été mobilisés, 1,3 milliards d’obus ont été tirés pendant les 4 ans de guerre, 300 mille gueules cassées, dont 15 mille rien qu’en France, 70 pays belligérantes.

Il faut noter que, proportionnellement, la Serbie a été le pays qui a subi le plus au niveau humain: 130.000 morts et 135.000 blessés, les trois quarts de ses effectifs dans sa petite armée.

Les batailles emblématiques de Verdun et de la Somme, en 1916, feront respectivement 770.000 et 1.200.000 victimes – morts, blessés et disparus – des deux côtés. Mais c’est le début de la guerre qui sera le plus meurtrier: 27.000 soldats Français sont tués le 22 août 1914, journée la plus meurtrière de toute l’histoire de l’Armée française.

En France, terrain majeur du conflit, 3 millions d’hectares sont déclarés impropres à l’agriculture en raison de la présence dans le sol d’obus et de balles mais également de cadavres humains ou d’animaux.

La guerre de mouvement à l’est, les exodes, les famines, puis la guerre civile en Russie et les conflits régionaux de l’après-guerre pourraient avoir fait 5 à 10 millions de morts parmi les populations, selon les estimations de certains historiens.

Une guerre qui aura fait 6 millions de prisonniers, 10 millions de réfugiés dans toute l’Europe, dont 1,5 millions de Russes blancs fuyant le bolchevisme. La guerre a fait 3 millions de veuves et 6 millions d’orphelins.

Petite curiosité: 10 milliards de lettres et colis ont été échangés entre les combattants du front ouest et leurs familles. L’apogée de la carte postale fut précisément pendant la I Guerre.

Le coût de la guerre a représenté 3 à 4 fois le montant du PIB des pays européens qui sortent réunis par la guerre.

La participation portugaise à la I Guerre mondiale explique, en partie, l’arrivée de Salazar au pouvoir et l’instauration de la dictature qui va durer 48 ans.

En cette période perturbée pour le monde, pour la France, n’oublions pas tous ceux qui ont lutté pour notre liberté. Ayant une pensée pour eux en ce 11 novembre.

 

[pro_ad_display_adzone id=”37510″]