Pablo da Costa : l’Art (avec un grand A) de photographier la nature et les animaux

Une exposition du photographe animalier Pablo da Costa se tient à Sangatte, dans la Somme, au niveau de l’aire d’accueil Hubert Latham dans le cadre du Festival Photo des Deux Caps, jusqu’au 2 novembre (exposition en extérieur).

Pablo da Costa est un lusodescendant âgé de 22 ans, ses grand-parents paternels étant originaires de Joane dans la banlieue de Vila Nova de Famalicão, ils sont arrivés à Vignacourt, dans le Pas de Calais, dans les années 1970, le grand-père y travaillant dans l’industrie. C’est encore à Vignacourt, dans la région d’Amiens, que les Da Costa habitent. Pablo regrette de n’avoir plus de contacts depuis quelques années avec le Portugal.

Afin de mieux connaître Pablo da Costa, jeune plein de patience, passionné, talentueux de la photo, LusoJornal l’a interviewé.

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Quelles études avez-vous fait ?

Je suis actuellement en première année de Master BEE (Biodiversité, Écologie, Évolution) (Bac +4) à l’Université de Lille, mais j’ai fait mes deux premières années à l’IUT de Boulogne-sur-Mer et ma Licence 3 à Rennes.

Comment vous est venue l’idée d’orientation vers ces études ?

Depuis l’âge de 6 ans, je suis passionné par la nature en général et surtout l’ornithologie (l’étude des oiseaux), c’est ce qui m’a poussé à faire des études dans le domaine de l’Écologie (une science au cœur de l’actualité au vu des catastrophes climatiques).

Vous avez deux passions : la nature et la photo. Qui vous a inspiré à ce niveau ?

Ce sont les parents qui m’ont inculqué cet amour pour la nature, avec un papa qui aime la nature en général et une mère passionnée par les fleurs ! Tout a commencé à l’âge de 6 ans, lorsque j’ai pris le temps d’observer un Faisan de Colchide avec mon père, j’ai ensuite annoté sur des agendas, à chaque sortie dans la nature, ce que j’observais. Et peu à peu j’ai remplacé cet agenda par de photos, le principe reste le même : avoir une trace de ce que j’observe. Et aujourd’hui, je suis toujours autant passionné par cette belle nature qui nous entoure.

La photo, l’utilisation de l’appareil, vous l’avez appris en autodidacte ?

J’ai appris seul à identifier les oiseaux que j’observais et à utiliser mon appareil photo. Un photographe animalier que j’admire plus que tout et qui m’inspire, c’est Vincent Munier. Je l’admire par son respect au vivant qui nous entoure (c’est rarement le cas de nos jours) et bien évidemment par la beauté de ses clichés !

Le photographe brésilien Sebastião Salgado, vient de décéder. Le connaissez-vous par ses œuvres, que pouvez-vous dire sur lui ?

Sebastião Salgado était bien évidemment un grand photographe, c’est une bien triste nouvelle… je le connaissais bien évidemment.

Vous vous consacrez uniquement à la nature, ou vous êtes intéressé par d’autres aspects de la photo ?

Je me suis assez spécialisé sur l’ornithologie, mais grâce à mes études, j’apprends les insectes, les plantes… et c’est tout aussi intéressant ! Je ne fais que de la photo animalière, c’est vraiment ce qui m’anime, non pas par le fait de prendre des photos, mais en vivant des instants privilégiés avec la nature. Et j’essaye d’avoir une palette de styles photographiques (naturaliste – avec des portraits en gros plan des oiseaux – ou artistiques – une ambiance est mise en valeur, l’immensité du paysage prime sur l’oiseau… Je vous invite tous à prendre le temps de vous poser en pleine nature, d’observer et surtout d’écouter ce qui vous entoure ! Et vous verrez que la nature est magnifique !

Vous faites des photos plutôt dans des lieux précis ? Votre terrain de «chasse» photographique se situe où ?

J’aime autant faire des photos sur le littoral, en forêt, en milieu agricole ou tout simplement dans mon jardin. La nature est partout et elle est tout aussi belle, de l’oiseau commun à l’oiseau rare, il suffit de prendre le temps d’observer une Mésange bleue ou d’écouter le sublime chant du Merle noir, pourtant assez commun, mais magnifique !

Vous êtes en train de devenir spécialiste en ornithologie ?

J’aimerai me spécialiser dans l’ornithologie. Je pourrais travailler aussi bien en tant que Gestionnaire de Site Naturel que dans un bureau d’étude. L’année prochaine sera sûrement ma dernière année (Bac +5).

Sentez-vous un traitement différent de la richesse écologique entre la France et le Portugal ?

La chute de la biodiversité n’est pas seulement au Portugal ou en France, mais elle est globale, à l’échelle du monde entier, malheureusement… changement climatique, agriculture intensive, urbanisation, pollutions… et bien d’autres problématiques font que la biodiversité s’effondre à une vitesse folle… pourtant, elle est essentielle à ma vie, à la vôtre, à vos enfants, petits-enfants… on doit donc tous faire des efforts au quotidien pour inverser la tendance !

Vous avez déjà fait des expositions de photos ?

J’ai fait une exposition à Outreau (Pas-de-Calais), à St-Ouen (Somme) où j’ai réalisé des balades explicatives et je finissais ma balade sur l’exposition avec des oiseaux que l’on pouvait rencontrer dans le marais de St-Ouen. Et cette année, ma plus grande exposition, puisque je fais partie du Festival Photo des Deux Caps. Toujours dans le but de sensibiliser les gens à la nature qui nous entoure.

Envisagez-vous de publier un jour vos clichés photos en livre ?

J’adorerai pouvoir réaliser un livre, c’est un de mes objectifs ! Et pourquoi des petits reportages animaliers puisque j’aime également beaucoup les vidéos. J’espère pouvoir faire partie du Festival de l’Oiseau l’année prochaine.

Avez-vous déjà été primé ?

J’ai l’honneur d’avoir été primé lors du Concours international du Festival de l’Oiseau. Le jury a reçu 4.500 photos du monde entier et a sélectionné 150 photos pour faire partie d’une exposition au Crotoy durant le Festival. Parmi ces 150 photos, la grande gagnante et 5 autres photos primées selon des catégories (oiseaux en vol, oiseaux dans son environnement…) et ma photo a été primée comme «prix du public». Une grande fierté puisqu’elle met en valeur la faune locale avec une photo de Bergeronnette printanière (prise en photo dans mon village) et c’est une espèce en grande diminution (60% des effectifs ont disparu dans la région) à cause de l’agriculture intensive.

En fin d’année scolaire 2024-2025 vous vous en sortez avec une immense satisfaction. Pouvez-vous nous en parler ?

Je viens de faire mon stage avec Christophe Luczak, enseignant-chercheur à l’Université de Lille, très grand ornithologue avec qui j’ai pu étudier un oiseau : le Fulmar boréal, un stage qui est un succès puisque des conclusions intéressantes sont ressorties de cette étude et des découvertes ont même été faites ! Et j’ai l’honneur de faire mon premier article scientifique qui paraîtra dans le «Héron» (revue scientifique du Groupe Ornithologique et Naturaliste des Hauts-de-France) sur une autre espèce : la Pie grièche écorcheur. Une espèce que j’ai observé et photographié dans le Bas-boulonnais (c’est la première observation de nidification de cette espèce dans cette partie de la région). Un grand merci à Christophe Luczak pour cette magnifique opportunité !

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Pour admirer les photos et les vidéos de Pablo da Costa : rendez-vous sur son Facebook ou sur Instagram (Pablo.daco3).